Cher Olivier,
Voici le récapitulatif que tu m’as demandé des « évènements » depuis la projection de ton film le 21 novembre 2018. Le temps a passé bien vite et passe encore plus vite depuis que j’ai pris ma retraite définitive le 31 mars 2021…
J’ai lancé une pétition nationale par laquelle je demandais aux jeunes médecins généralistes d’effectuer leur première année professionnelle en territoires sous-médicalisés. Cette pétition a été commentée par le ministre de la santé de l’époque, Madame Buzyn, qui l’a qualifiée de solution simpliste.
Le 19 avril 2019, j’ai participé à un débat sur un plateau télé parisien « Tous pour la santé » concernant ma pétition avec comme contradicteurs notamment le président du syndicat des jeunes internes en médecine générale qui me disait en « off » que si l’obligation passait, il y aurait en plus des gilets jaunes, des blouses blanches dans la rue…
Je me suis associé en juin 2019 à une infirmière « Asalée » au cabinet, association très fructueuse pour ma patientèle et moi-même.
De mai 2020 à octobre 2021, j’ai été sollicité par France 2 pour les documentaires du 13h15 de Laurent Delahouse.
J’ai adressé un courrier le 22 aout 2020 au Premier ministre, monsieur Jean Castex, qui avait, lors de son discours de politique générale, prononcé 25 fois le mot territoire, ce que j’imaginais être le sésame permettant de faire sauter les verrous. Ma lettre est restée sans réponse.
En novembre 2020, j’ai créé une antenne de l’ACCDM (Association Citoyens Contre les Déserts Médicaux) dans laquelle de nombreux patients et élus locaux sont rentrés.
J’ai participé à de très nombreux débats publics, notamment par le biais de l’ACCDM, pour parler des déserts médicaux à Lure et à Vesoul à plusieurs reprises : dernière en date, le 10 juin autour de Xavier Bertrand, ancien ministre de la santé avec des sénateurs et candidats à la députation.
Mes actions ont été l’objet de plusieurs articles dans le Parisien, le Figaro, Ouest- France mais aussi dans des revues médicales, notamment Egora le 25 février 2021.
« Je m’insurge contre la liberté d’installation : le dernier cri d’un généraliste contraint de partir à la retraite sans successeur ». Cet article que j’avais beaucoup apprécié a provoqué un déversement de venin de la part de mes jeunes confrères.
Le 31 octobre 2021, j’ai fermé mon cabinet avec comme surprise d’être invité, en pleine consultation, à sortir pour une urgence : plus de 200 personnes étaient réunies pour m’applaudir et me remercier de les avoir accompagnées pendant près de 40 ans.
Je n’ai pu me résoudre à quitter définitivement une certaine catégorie de patientèle, ceux qui étaient isolés, en perte d’autonomie, ou ne disposant pas de moyen de transport. Aussi, ai-je continué à faire des visites à domicile tous les jours 5 jours sur 7 jusqu’au 31 mars 2021.
Nous avons, avec Françoise, décidé, courant février 2021, de léguer notre immeuble à la commune de Saulnot, immeuble représentant le fruit de mon travail de toute une vie, car nous ne pouvions nous résoudre à le vendre. Nous en séparer pour une autre destination que celle d’une maison médicale au bénéfice de nos concitoyens et des communes environnantes était impossible !
Dans le même temps, nous avons créé un collectif de 15 maires pour que chacun des représentants, avec son carnet d’adresses, puisse permettre de multiplier les chances de trouver un ou plusieurs successeurs.
À ce jour, un candidat potentiel de 73 ans, qui s’ennuie à la retraite, serait peut-être intéressé par l’offre plus qu’alléchante (mise à disposition de mon ancien cabinet tout équipé, loyer gratuit pendant un an, possibilité de bénéficier d’un logement T4 gratuit à l’étage). Toutefois, il désirerait qu’une secrétaire soit mise en place par la mairie. Il assurerait une permanence de deux jours par semaine mais ne semble pas être intéressé par les visites à domicile…
Comme tu peux le voir, jeunes ou moins jeunes, tous ont beaucoup d’exigences. Il manque, à Saulnot, la mer et la montagne, mais pas le soleil…
Pour nous deux, la retraite est une renaissance et nous manquons de temps. Nos journées sont denses et nous partageons nos activités entre beaucoup de golf, un peu de vélo électrique, de l’Ulm et un peu de jardinage pour moi.
Pas de déplacement prévu cet été. Notre cadre de vie nous suffit largement. Tout va merveilleusement bien ! Voici les news. Nous vous embrassons bien fort avec de douces bises au petit Gustave.
Amitiés, Patrick Laine