Loading...

DEUX VIES POUR L'ALGÉRIE

Documentaire / France

En 1994, à plus de soixante-dix ans, Gilberte et William Sportisse, menacés par le FIS, arrivent d’Algérie. De confession juive, lui de langue maternelle arabe, ils forment un couple de combat, commencé pour l’indépendance de l’Algérie, toujours d’une foi inébranlable en l’humain. Ils aiment raconter la participation des Juifs algériens à la seconde guerre mondiale et à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Ils nous livrent des informations inédites sur les luttes publiques et clandestines du Parti Communiste Algérien avant et après l’indépendance, et sur la répression des militants qui, comme William et Gilberte Sportisse, ont été torturés et emprisonnés après l’accession au pouvoir du colonel Boumédiène

Année

2024

RÉALISATION

Jean ASSELMEYER et Sandrine-Malika CHARLEMAGNE

SCENARIO

Jean ASSELMEYER et Sandrine-Malika CHARLEMAGNE

AVEC

-

FICHE TECHNIQUE

1h10 - Couleur - Dolby Digital 5.1

DATE DE SORTIE

15 Janvier 2025

HORAIRES DU 12 AU 18 FÉVRIER 2025

MER. 12 : 16h40

NOTE D'INTENTION

Un couple de juifs algériens, pro-indépendance et communistes, nous livre un témoignage inédit sur 70 années de vies exceptionnelles. À travers les témoignages de nos protagonistes, enrichis par les apports de deux historiens, Alain Ruscio et Pierre-Jean Le Foll-Luciani, auteur d’une thèse de doctorat sur les Juifs et l’Algérie, nous revisiterons l’histoire.

La manière dont la France a essayé de casser l’harmonie qui existait entre les communautés, en leur accordant, par le décret Crémieux en 1870, la citoyenneté française tout en la refusant aux populations arabo-berbères, sera abordée. Nous explorerons également les événements du début de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’ont été créées des unités juives de l’armée française, sans armes, obligées de revêtir un uniforme bien spécifique et effectuant des missions non combattantes.

Parallèlement à cela, l’administration n’empêchera pas la prolifération d’un antisémitisme politique, tolérant un parti et une presse du même nom. Ces réalités complexes ont été vécues par William et Gilberte Sportisse, qui sont le cœur et l’âme de ce film. Leurs rires, leur détermination, la force de leurs propos et leur énergie inépuisable et communicative en sont le fil rouge.

Ils ont traversé 70 années de l’histoire de l’Algérie et, malgré la prison, la torture, les défaites, les trahisons et l’exil, ils ont gardé une foi inébranlable en l’humain. À leurs côtés, témoignent aussi des amis proches : Abdelkader Guerroudj, dirigeant du bras armé du Parti communiste algérien (PCA), condamné à mort en 1957 ; Zoheir Bessa, directeur du journal Alger Républicain ; et Sadek Hadjerès, dirigeant du Parti communiste algérien.

Un film en hommage à ce couple dont le parcours reste exemplaire.

CONTEXTE

À l’origine, il y a la rencontre de deux regards, ceux des deux réalisateurs qui travaillaient ensemble sur un autre projet qui n’a pu être finalisé : Jean Asselmeyer et Sandrine Malika Charlemagne. Jean Asselmeyer, qui avait réalisé d’autres films sur l’histoire de l’Algérie depuis 2003, souhaitait traiter de l’histoire du Parti communiste algérien (PCA), un sujet qui n’avait pas été abordé de manière significative dans des documentaires.

Par ailleurs, il était à la recherche d’une idée pour un film consacré aux Juifs algériens, en particulier ceux présents depuis plusieurs siècles, bien avant les Juifs pieds-noirs, cette autre catégorie de Juifs qui s’étaient installés après 1830 avec l’avènement de la colonisation française. En 2013, Jean Asselmeyer avait croisé William Sportisse à la fête de l’Humanité et lui avait proposé d’animer un débat à l’occasion de la projection de l’un de ses films, Ils ont rejoint le front pour libérer l’Algérie, au Cinéma La Clef à Paris.

William n’avait pas vu le film auparavant, mais au cours de la discussion qui avait suivi la projection, ses propos avaient convaincu le réalisateur que ce personnage pouvait incarner ces deux thèmes : l’histoire du PCA et celle des Juifs algériens.

De son côté, Sandrine Malika Charlemagne a remarqué le charisme de Gilberte, son côté spontané et très humain, et a réussi à la convaincre de participer au documentaire. C’est ainsi que le film s’est enrichi d’une nouvelle dimension, celle d’un couple uni dans des combats communs jusqu’aux limites de leurs forces, donnant naissance au titre Deux vies pour l’Algérie….

À partir de ce moment, et de la rencontre de ces deux regards, le film s’est ainsi construit.

WILLIAM SPORTISSE

Il naît en 1923 à Constantine. Il est le sixième et dernier enfant d’un couple de juifs autochtones nés dans les années 1880. Ses deux parents naissent citoyens français en vertu du décret Crémieux de 1870 et élèvent leurs enfants dans la religion. Sa mère, illettrée et ne s’exprimant qu’en arabe, décède du typhus alors qu’il a 13 ans. Son père, commerçant devenu comptable, s’exprime aussi bien en arabe qu’en français, de même que les six enfants Sportisse.

William est influencé très jeune par l’engagement de son frère aîné, Lucien, né en 1905 et dirigeant du Parti communiste algérien, révoqué de son métier d’instituteur en 1934, emprisonné arbitrairement en 1935 à Oran et assassiné par des miliciens français en tant que résistant à Lyon en 1944. Son second frère, Bernard, né en 1917, est également militant et responsable communiste, emprisonné à Alger sous le régime de Vichy.

L’engagement de William au PCA commence dans la clandestinité, en 1940. Au même moment, il est victime des mesures antijuives : déchu de la citoyenneté française en 1940 et exclu du lycée en 1941 du fait des décrets de Vichy, puis discriminé comme juif au sein de l’armée d’Afrique en 1943 malgré le débarquement allié en Afrique du Nord. Après sa participation à la libération de la France au sein de l’armée en 1945, il devient dirigeant légal de la Jeunesse communiste puis de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne à Constantine et Alger (1945-1948).

Secrétaire régional du PCA à Constantine et Alger (1948-1953), il se marie et devient père de jumeaux en 1953. De 1953 à 1955, il dirige dans la clandestinité depuis Budapest l’émission arabophone « La voix de l’indépendance de la paix », diffusée dans les trois pays du Maghreb. Alors que l’insurrection algérienne a démarré en novembre 1954, l’émission cesse à la fin 1955 en raison des pressions du gouvernement français sur la Hongrie.

De retour en Algérie à la fin 1955, il entre en clandestinité totale afin de diriger le PCA clandestin à Constantine, et ce jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. Il coordonne les réseaux communistes qui diffusent la propagande du PCA tout en soutenant matériellement le Front de libération nationale (FLN) et l’Armée de libération nationale (ALN). Sorti de la clandestinité à l’indépendance en 1962, il rejoint Alger où il devient l’un des responsables du quotidien Alger Républicain, tout en militant dans la structure clandestine du PCA, interdit par les autorités algériennes fin 1962.

Il obtient la nationalité algérienne en 1964. Après le coup d’État de juin 1965, il rejoint l’Organisation de la résistance populaire (ORP), organisation clandestine constituée pour contester le coup d’État. Arrêté en septembre 1965, il est torturé et emprisonné sans jugement jusqu’en 1968.

En 1967, toujours détenu alors que le président Boumédiène vient de réaffirmer sa solidarité avec la lutte du peuple palestinien, William lui adresse un courrier se déclarant d’accord avec les positions pro-palestiniennes du président. Assigné à résidence à Tiaret de 1968 à 1974, il y participe sous couverture aux activités du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), héritier du PCA.

Libéré de son assignation à résidence, il est employé par plusieurs entreprises nationales algériennes de 1974 à 1988, date à laquelle il prend sa retraite à Alger avec sa seconde épouse, Gilberte Chemouilli. Tous deux quittent l’Algérie en 1994, se sentant menacés. Ils s’installent à Villejuif.

GILBERTE SPORTISSE (née CHEMOUILLI)

Née en 1917 à Alger, elle est la seconde enfant d’une famille qui en comptera trois. Sa mère, au foyer, est originaire de France métropolitaine. Son père, commerçant, est issu d’une famille juive autochtone. Cette « mésalliance » religieuse marginalise le couple et ses enfants au sein de la famille Chemouilli.

Alors qu’elle travaille comme dactylo, son engagement communiste commence dans l’élan du Front populaire, dans le quartier de Bab el Oued où elle réside. Lorsque le Parti communiste algérien (PCA) est interdit en septembre 1939, elle continue à militer dans la clandestinité. Elle est arrêtée en mai 1940, avant la défaite française et l’avènement du régime de Vichy, pour avoir participé à la conception du journal du PCA clandestin, La Lutte sociale. Torturée sur ordre d’André Achiary, détenue à la prison militaire d’Alger, elle est condamnée à deux ans de prison en novembre 1940 par un tribunal militaire du régime de Vichy.

Mariée et mère d’une fille en 1942, elle se sépare de son premier mari à la fin de la Seconde Guerre mondiale et se remarie à Bouali Taleb, plombier « musulman » et dirigeant de la Jeunesse communiste (JC) puis du PCA, ancien détenu d’un camp du Sud algérien. Un tel mariage « mixte » est extrêmement rare dans la société coloniale algérienne. À la fin 1943, elle est dirigeante de la JC et de l’Union des jeunes filles d’Algérie.

Après la guerre, elle devient permanente du PCA (dactylo du Comité central) et est une militante très active de terrain dans une cellule de son quartier, Bab el Oued. Gilberte poursuit son militantisme dans la semi-clandestinité, jusqu’à son expulsion d’Algérie en novembre 1956. Employée quelques mois aux Lettres françaises à Paris, elle rejoint la délégation extérieure du PCA à Prague, où elle demeure entre 1957 et 1962.

De retour en Algérie à l’indépendance, elle entre comme dactylo à la rédaction d’Alger Républicain et poursuit son militantisme semi-clandestin au sein du PCA, interdit par les autorités algériennes en novembre 1962. Elle obtient la nationalité algérienne en 1964.

Après le coup d’État de juin 1965, elle rejoint l’Organisation de la résistance populaire (ORP), organisation clandestine constituée pour contester le coup d’État. Arrêtée en septembre 1965, elle est torturée et emprisonnée sans jugement jusqu’en novembre 1966. Libérée de prison, elle travaille à Alger jusqu’à sa retraite dans les années 1980, auprès de son troisième mari William Sportisse, et milite au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), héritier du PCA.

En 1994, menacés par les islamistes, ils s’installent à Villejuif. Elle décédera en 2022 à l’âge de 103 ans. William a fêté ses 101 ans le 10 décembre 2024. Après leur arrivée en France, Gilberte et William ont continué à militer au sein du parti algérien pour la démocratie et le socialisme, PADS, sur des bases proches de celles du PCA, résolument internationalistes.

FICHE TECHNIQUE

FRANCE / ALGÉRIE • 2024
Durée : 70 min
Couleur • Version française
Format de projection : DCP / Son 5.1

Réalisation :
Jean Asselmeyer et Sandrine Malika Charlemagne

Écrit par :
Jean Asselmeyer et Sandrine Malika Charlemagne

Musique :
Kamel Baibout et Yanis Boudris

Image :
Octavio Espirito Santo, Mathurin Peschet, Mehdi Sekkal, Sandrine Malika Charlemagne

Post-production :
Synapses

Montage :
Khadicha Bariha et Frédéric Vidal

Étalonnage :
Erwan Dean

Mixage :
Édouard Pons

Coproduction :
Picture Box (Alger)

Production :
Pascal Verroust, Marie-Laurence Attias et Mustapha Kerrpouche

Conseillers historiques :
Pierre-Jean Le Fol-Luciani et Alain Ruscio

Soutien :

  • Conseil départemental du Val-de-Marne
  • Fondation Gabriel Péri
  • Association Josette et Maurice Audin

Participation :

  • Festival International du Cinéma d’Alger
  • Moïra Vautier
  • Les Mutins de Pangée

Distribution :
Les Films des Deux Rives