Il naît en 1923 à Constantine. Il est le sixième et dernier enfant d’un couple de juifs autochtones nés dans les années 1880. Ses deux parents naissent citoyens français en vertu du décret Crémieux de 1870 et élèvent leurs enfants dans la religion. Sa mère, illettrée et ne s’exprimant qu’en arabe, décède du typhus alors qu’il a 13 ans. Son père, commerçant devenu comptable, s’exprime aussi bien en arabe qu’en français, de même que les six enfants Sportisse.
William est influencé très jeune par l’engagement de son frère aîné, Lucien, né en 1905 et dirigeant du Parti communiste algérien, révoqué de son métier d’instituteur en 1934, emprisonné arbitrairement en 1935 à Oran et assassiné par des miliciens français en tant que résistant à Lyon en 1944. Son second frère, Bernard, né en 1917, est également militant et responsable communiste, emprisonné à Alger sous le régime de Vichy.
L’engagement de William au PCA commence dans la clandestinité, en 1940. Au même moment, il est victime des mesures antijuives : déchu de la citoyenneté française en 1940 et exclu du lycée en 1941 du fait des décrets de Vichy, puis discriminé comme juif au sein de l’armée d’Afrique en 1943 malgré le débarquement allié en Afrique du Nord. Après sa participation à la libération de la France au sein de l’armée en 1945, il devient dirigeant légal de la Jeunesse communiste puis de l’Union de la jeunesse démocratique algérienne à Constantine et Alger (1945-1948).
Secrétaire régional du PCA à Constantine et Alger (1948-1953), il se marie et devient père de jumeaux en 1953. De 1953 à 1955, il dirige dans la clandestinité depuis Budapest l’émission arabophone « La voix de l’indépendance de la paix », diffusée dans les trois pays du Maghreb. Alors que l’insurrection algérienne a démarré en novembre 1954, l’émission cesse à la fin 1955 en raison des pressions du gouvernement français sur la Hongrie.
De retour en Algérie à la fin 1955, il entre en clandestinité totale afin de diriger le PCA clandestin à Constantine, et ce jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. Il coordonne les réseaux communistes qui diffusent la propagande du PCA tout en soutenant matériellement le Front de libération nationale (FLN) et l’Armée de libération nationale (ALN). Sorti de la clandestinité à l’indépendance en 1962, il rejoint Alger où il devient l’un des responsables du quotidien Alger Républicain, tout en militant dans la structure clandestine du PCA, interdit par les autorités algériennes fin 1962.
Il obtient la nationalité algérienne en 1964. Après le coup d’État de juin 1965, il rejoint l’Organisation de la résistance populaire (ORP), organisation clandestine constituée pour contester le coup d’État. Arrêté en septembre 1965, il est torturé et emprisonné sans jugement jusqu’en 1968.
En 1967, toujours détenu alors que le président Boumédiène vient de réaffirmer sa solidarité avec la lutte du peuple palestinien, William lui adresse un courrier se déclarant d’accord avec les positions pro-palestiniennes du président. Assigné à résidence à Tiaret de 1968 à 1974, il y participe sous couverture aux activités du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), héritier du PCA.
Libéré de son assignation à résidence, il est employé par plusieurs entreprises nationales algériennes de 1974 à 1988, date à laquelle il prend sa retraite à Alger avec sa seconde épouse, Gilberte Chemouilli. Tous deux quittent l’Algérie en 1994, se sentant menacés. Ils s’installent à Villejuif.