Fiction / Costa Rica, Qatar

DOMINGO ET LA BRUME

Dans les montagnes tropicales du Costa Rica, Domingo, qui a perdu sa femme, possède une terre convoitée par des entrepreneurs. Ils sont déterminés à y faire passer une nouvelle autoroute et rien ne semble pouvoir les arrêter. Multipliant les actes d’intimidation, ils délogent les habitants les uns après les autres. Mais Domingo résiste car cette terre referme un secret mystique.

Festival de Cannes – Un Certain Regard 2022

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2022

Ariel ESCALANTE MEZA

Ariel ESCALANTE MEZA

Carlos UREÑA, Sylvia SOSSA, Esteban BRENES SERRANO, Aris VINDAS

1h32 – Couleur – Dolby Digital 5.1

8 Février 2023

NOTE D'INTENTION DU RÉALISATEUR

Je vois « Domingo et la brume » comme un film néo-réaliste, peuplé de fantômes. C’est un film à la fois personnel et politique, douloureusement réaliste mais joyeusement imaginatif. La brume me fascine depuis mon enfance. Ce phénomène est tellement magique qu’il ne peut être que le fruit de la fiction. La brume est à elle seule un poème. L’idée d’appréhender la brume comme une métaphore du deuil, une émanation de l’amour perdu et de notre incapacité à lâcher prise me plaisait. Mais la brume est aussi un symbole d’espoir car elle représente le changement, la possibilité de s’affranchir du passé et de réparer nos erreurs.

Pourtant, la métaphore la plus puissante du film est clairement celle du territoire. Les visites de Marilla, à travers la brume, poussent Domingo à défendre ce qui lui appartient la nuit. Le film donne des raisons aux plus pauvres pour se battre pour la terre dont on les a dépossédés au nom du progrès et depuis des années.

En fin de compte, « Domingo et la brume » est un film sur la perte, la rédemption et la justice. C’est un cri de révolte et une prière pour le changement.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Quel a été la genèse du film ?

 

Le film s’ancre avant tout dans un territoire. J’avais l’habitude de venir pique-niquer le dimanche à Cascajal de Coronado, dans la périphérie de San José, la capitale du Costa Rica. Je suis immédiatement tombé amoureux de cet endroit, de ces magnifiques paysages, composés de montagnes denses, recouvertes d’une brume épaisse. C’est un endroit, vierge ou presque, qui ne dispose d’aucune infrastructure touristique. une communauté rurale et pauvre y vit.
Après m’y être rendu à plusieurs reprises, je me suis demandé pourquoi cette communauté, installée dans la forêt, était tant préservée. Et j’ai commencé à y voir la parfaite métaphore des inégalités dans mon pays : les citoyens les plus défavorisés sont inéluctablement chassés des villes. Ils sont contraints de se tailler un chemin dans la forêt avec une machette pour s’y établir et construire leurs maisons à partir d’une route poussiéreuse et sans aucun moyen.
Cette dure réalité, combinée à des éléments naturels et surnaturels, ont composé la trame de « Domingo et la brume ».

 

Existe-t-il des films de genre dans le cinéma costaricain ? Etait-ce un défi de faire un film fantastique dans ce paysage cinématographique en pleine émergence ?

 

J’ose affirmer que si le cinéma costaricain connaît un élan créatif, c’est parce que la plupart des films sont faits actuellement par des réalisateurs de moins de quarante ans. Mus par leur passion et leur envie de dire des choses importantes, ces types sont suffisamment fous pour se jeter à l’eau.
Dans ce contexte, certains films s’engouffrent dans la brèche et bousculent les conventions du récit pour s’attacher à des thèmes et à des personnages atypiques, un peu fantastiques.
Sans appartenir au cinéma de genre, dans le sens traditionnel du terme, je pense que « Domingo et la brume » est le premier film costaricain aussi frontalement fantastique.
Bien sûr, il n’était pas question de tenter de concurrencer les films hollywoodiens à coups d’effets spéciaux phénoménaux, garder mon identité et rester en adéquation avec ma réalité de réalisateur costaricain était essentiel. Je me sens proche de Apichatpong Weerasethakul qui s’inspire des séries B en mélangent le réalisme au fantastique.
Finalement, avec son ambiance lo-fi et les sensations erratiques qui l’infusent, j’associe ce film à un vinyle du Velvet Underground des années 1960.

 

Quelles sont les influences et sources d’inspiration qui ont nourrit l’esthétique du film ?

 

Dernièrement, j’ai surtout cherché des sources d’inspiration en dehors du cinéma. Cet exercice m’a ouvert l’esprit.
Par exemple, la musique m’aide énormément. J’ai beaucoup écouté Coil et Einstürzende Neubauten lorsque j’ai commencé à écrire. Je crois que la liberté et la recherche qui s’en dégagent ont été un grand tournant dans mon processus créatif.
La manière dont ces musiciens parviennent à créer une musique aussi belle qu’étrange en lui apportant tant de profondeur et de lumière; tout évoquant des sujets graves, a été une révélation pour moi. J’ai passé beaucoup de nuits aussi à écouter Charles Mingus et plus particulièrement l’album « The Black Saint and the Sinner Lady ». Et mon dieu, la manière dont il a conçu ce disque, en alternant des moments étranges et joyeux m’a ébloui. Cet album m’a obligé à me dépasser et à ne pas me satisfaire des scènes et des atmosphères du film, tant qu’elles n’étaient pas assez énigmatiques.
Il est possible que vous ne l’ayez pas remarqué dans le film mais le travail de Jean-Michel Basquiat m’a énormément inspiré. Principalement pour la rage qu’il arrive à mettre dans ses toiles, pleines de chaos et du sentiment que le monde est en feu. J’avais une envie incontrôlable de tout brûler. Et au final, Domingo l’a fait pour moi.

 

Considérez-vous avoir réalisé un film politique ?

 

Totalement, Je crois que l’art devrait toujours être politique. Tout le reste l’est. Je suis diplômé en Sciences Politiques et je viens d’un milieu familial très politisé. Mon père et moi avons l’habitude de nous asseoir et de discuter pendant des heures de l’état du monde. Nous nous énervons très souvent!
Je pense que mon pays n’est pas prêt à accepter la violence matérielle, mais aussi sociale, économique et politique. Et pour dire la vérité, cela me met en colère. Parce que ce n’est pas en montrant la face la plus séduisante d’un pays qu’ion évolue. cela nous ramène au contraire à des temps obscurs. Je voudrais que le Costa Rica soit un pays inclusif et égalitaire. Si mon film y contribue, je serais l’homme le plus heureux du monde.

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Scénariste, réalisateur et monteur de films né au Costa Rica en 1984, il est diplômé en sciences politiques de l’Universidad de Costa Rica et en cinéma de l’Escuela Internacional de Cine y Television (EICTV) à Cuba et de l’Université Concordia à Montréal, au Canda. « The Sound of Things », son premier film, a remporté le prix Kommersant Weekend au Festival de Moscou en 2016, et a été présenté dans plus de 30 festivals internationaux. Il a monté plus de dix longs métrages, comme « Ceniza Negra », « Agosto » et « Red Princesses ». Il a également monté le court métrage « Les minutes. Les heures ». Il a reçu le prix national des arts du ministère de la culture du Costa Rica en 2017, pour la réalisation de « The Sound of Things ».

CE QU'EN PENSE LA PRESSE

TRANSFUGE

Incarnant la condition paysanne confrontée à l’industrie, « Domingo et la brume » propose un cinéma climatique, où la forêt tropicale génère images et histoires, comme autant de résistances au désastre contemporain.

 

ECRAN LARGE

Quelque part entre le thriller agricole, le drame fantastique et le western énervé, Domingo et la brume étonne, intrigue et passionne. Parfois un peu poseur, le film reste assez fin et tenu pour emporter son spectateur dans un voyage étrange et touchant.

 

L’OBS

Présenté à Un certain regard, ce film nous plonge dans une fiction engagée où s’entremêlent réalisme social, poésie fantastique, étrangeté surréaliste et western nihiliste, dans une mise en scène qui subjugue et sublime le propos politique de l’auteur. Une pépite.

 

aVoir-aLIRE.com

Un deuxième film du cinéaste Ariel Escalante Meza, qui déroule dans un conte mystique et fascinant la destruction annoncée des forêts du Costa Rica et, à travers elles, du monde entier.

 

CAHIERS DU CINÉMA

« Le minimalisme finement ouvragé, la plastique de la fumée et la richesse de l’ambiance sonore et musicale orchestrent une lente rhapsodie, scandée par la brume elle-même, à qui Escalante Meza n’hésite pas à prêter voix au détour des séquences. Sans toujours discerner où on l’emmène, le spectateur peut alors, comme Domingo, se laisser absorber. »

 

CRITIKAT.COM

Authentiquement fantastique dans son souci de ne jamais trancher, le récit envisage ses pistes narratives comme autant de mondes possibles ; à chacun correspond un certain mode de cohabitation horizontale entre les êtres et les choses.

 

CULTUROPOING.COM

La teneur politique du film, simple et implacable, croise rapidement le surnaturel […] La belle étrangeté du film tient à cette hybridation des genres, cette greffe réussie et atypique entre le surnaturel et le réalisme.

 

LES INROCKUPTIBLES

Une lente dérive vers le mysticisme qui parvient à capter toute la violence d’un monde en train de basculer.

LISTE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

Domingo : Carlos UREÑA
Sylvia : Sylvia SOSSA
Yendrick : Esteban BRENES SERRANO
Paco : Aris VINDAS

 

Scénario, Réalisation : Ariel ESCALANTE MEZA
Image : Nicolas WONG DIAZ
Montage : Lorenzo MORA SALAZAR
Direction artistique : Celeste POLIMENI
Musique originale : Alberto TORRES
Conception sonore : Marco SALVERRIA HERNANDEZ
Mixage : Mauricio LOPEZ
Producteurs : Felipe ZUÑIGA SANCHEZ, Nicolas WONG DIAZ, Gabriela FONSECA VILLALOBOS, Julio HERNANDEZ CORDON, Ariel ESCALANTE MEZA
Une production : INCENDIO CINE
En co-production avec DOHA FILM INSTITUTE CENTRO COSTARRICENSE DE PRODUCCION CINEMATOGRAFICA
En association avec LA MITAD DEL CONTINENTE, BICHA CINE, FILMS BOUTIQUE
Ventes internationales : FILMS BOUTIQUE
Distribution France : EPICENTRE FILMS

HORAIRES DU 22 AU 28 MARS

Jeudi, Dimanche, Lundi : 18h15