Documentaire / Suisse

KOMBINAT

Ville industrielle au coeur de la Russie, Magnitogorsk vit à l’ombre des cheminées rouillées de son immense Kombinat.
Lena, jeune mère, fille de métallurgistes, enseigne la salsa, une des nombreuses activités organisées par le Kombinat. Sasha y trouve un moyen d’oublier la pression quotidienne de l’usine. Son frère Guenia, et sa femme, ont, eux, décidé de quitter la ville et sa pollution permanente, cause du retard mental de leur fille.

Art Doc Fest 2020
Visions du réel 2020
56eme Solothurn festival
39e Festival international Jean-Rouch

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2020

Gabriel TEJEDOR

1h25 – Couleur  –  Dolby Digital 5.1

2 Mars 2022

NOTE DU RÉALISATEUR

Au cours des vingt dernières années, j’ai régulièrement voyagé en Russie ou dans les anciennes républiques soviétiques. Il y a quinze ans, je me suis rendu à Magnitogorsk, intrigué par la description qu’en faisait mon guide : « Une ville industrielle qui pourrait être un décor du film Mad Max ». J’y ai passé quelques jours et les souvenirs de ce premier séjour me restent en mémoire : une ville de fumée et de rouille où l’homme n’a pas sa place. Je me souviens m’être demandé : Comment les gens font pour vivre dans cet environnement incroyablement hostile ? De quoi rêvent les enfants ? Est-ce que les ouvriers en veulent au Kombinat ? Et à Poutine ?

 

J’ai toujours été intéressé par les conditions de vie des groupes sociaux dans un environnement menaçant. Après avoir appréhendé cela lors d’études de sociologie, il m’a semblé logique de poursuivre dans mon travail documentaire. En 2014, j’ai réalisé « La Trace », un film tourné dans la Kolyma, une région aux conditions climatiques apocalyptiques où Staline a déporté près d’un million de citoyens soviétiques pour les forcer à extraire l’or des rivières. À l’époque, j’étais déjà sidéré de croiser d’anciens détenus qui avaient décidé de rester dans leur ancienne colonie pénitentiaire après avoir purgé leur peine, car ils s’y sentaient comme chez eux.

 

Je me suis ensuite intéressé à la vie sous un régime autoritaire, avec mon film « Rue Mayskaya » (2017) qui se déroule en Biélorussie, un pays qui n’a pas été épargné par l’histoire. La Seconde Guerre mondiale l’a privé d’un quart de sa population, le nuage radioactif de Tchernobyl l’a pollué plus que tout autre pays et l’autocrate Alexandre Loukachenko le dirige depuis 27 ans. Le film parle des Biélorusses et de leurs rêves ; il tente de comprendre ce qui pousse les adolescents à se lever le matin, les artistes à être créatifs et les travailleurs à faire leur tâche consciencieusement.

 

J’espère que ces trois films montrent de manière profondément positive l’incroyable énergie dont l’être humain peut faire preuve lorsqu’il s’agit de voir le verre à moitié plein, de rire, de tomber amoureux et d’espérer le meilleur, quel que soit le contexte. Dans « Kombinat », je tente de montrer une fois de plus la capacité de l’être humain à endurer les épreuves : à s’adapter à un environnement hostile (pollution, bruit, compétitivité, options professionnelles extrêmement limitées…) à un pouvoir politique intraitable, à des règles arbitraires (la corruption est monnaie courante en Russie). Tout cela dans un pays qui se replie rapidement sur lui-même. Je veux aussi mettre en lumière les solutions et les stratégies d’évasion symbolisées ici par la pratique de la danse.

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Né en 1978 en Suisse, Gabriel Tejedor travaille comme réalisateur et journaliste. Après des études en sociologie, il s’intéresse principalement aux transitions sociales et aux utopies en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques. Son travail se focalise sur les liens entre les habitants et leur histoire ainsi que sur leur rapport à l’autorité. Gabriel a réalisé « La Trace » en 2014, sur les habitants de la région de Kolyma, puis « Rue Mayskaya » (2017) sur les dilemmes d’un citoyen biélorusse de 18 ans qui vote pour la première fois. Ce dernier a reçu une mention spéciale au festival Visions du réel et a été projeté à l’IDFA ainsi que dans de nombreux festivals.

LISTE TECHNIQUE

Réalisé par : Gabriel TEJEDOR
Image : Camille COTTAGNOUD
Montage : Christine HOFFET
Mixage son : Adrien KESSLER
Musique originale : Julien PAINOT
Étalonnage : Franck RAVEL
Production : Xavier DERIGO – IDIP Films – Suisse

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LES FICHES DU CINÉMA

Une plongée sociologique effrayante et passionnante.

 

TÉLÉRAMA

Ce faisant, Kombinat accomplit ce qui relève de la vocation même d’un certain type de documentaire : nous donner l’occasion d’éprouver en quoi l’autre, d’où qu’il soit, partage avec soi certaines préoccupations et certaines espérances.

 

LA CROIX

Relégués dans ce cul-de-sac toxique, les Russes, que le cinéaste filme avec empathie, creusent eux-mêmes, faute de perspectives, leur propre malheur. Qui pourrait les en tirer ? Alors, il reste la danse, cette parenthèse de grâce, qui fait tout oublier, le temps de ce plaisir partagé…

 

LE MONDE

Cette intrigue inattendue n’est pas la seule collision qui fait le sel du film et dessine la réalité de la Magnitogorsk moderne.

 

LE NOUVEL OBSERVATEUR

Gabriel Tejedor s’intéresse à l’ex-empire soviétique et montre la capacité d’adaptation des Russes. Mais ce qui domine, c’est ce tableau magnifique d’une ville dégradée, calcinée par le feu des hauts-fourneaux et ravagée par des hivers terribles (-40° !). Si l’enfer existe, il est là.

 

PREMIÈRE

En se concentrant sur ses protagonistes, Gabriel Tejedor parvient toutefois à saisir une humanité voire une vitalité possible. C’est un soleil qui perce à l’horizon, un pique-nique dans une datcha, un cours de danse où chacun oublie ses inhibitions…