Documentaire / Norvege

LA SYMPHONIE DES ARBRES

Gaspar Borchardt, luthier à Crémone, est depuis des années habité par l’idée de fabriquer un violon d’exception. Pour réaliser un instrument capable de rivaliser avec un Stradivarius, il se met en quête du bois le plus parfait, un érable multicentenaire devenu presque introuvable. Pour trouver la perle rare, Gaspar se rend dans les forêts d’Europe centrale, dans des zones encore couvertes de mines antipersonnel, guidé par des personnages aussi intrigants qu’inquiétants. Mais s’il y parvient, il pourra offrir à Janine Jansen, célèbre violoniste néerlandaise, l’instrument le plus parfait de sa carrière de luthier.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2020

Hans Lukas HANSEN

Hans Lukas HANSEN, Christian LYSVÅG

Gaspar BORCHARDT, Sibylle FEHR-BORCHARDT, Janine JANSEN, Bojan TOMIC

1h24 – Couleur  – 1.66 – Dolby Digital 5.1

15 Décembre 2021

NOTE D'INTENTION DU RÉALISATEUR

Pour moi, « La Symphonie des arbres » est un véritable conte de fées, une histoire d’artisanat, de rêves et de musique, un film sur l’urgence de créer.

J’ai voulu réaliser un documentaire d’aventure avec une histoire composée d’énigmes, de magie, de suspense, de rebondissements et de révélations d’anciens secrets.

La « Symphonie des arbres » est un documentaire pour lequel j’ai souhaité utiliser les ressorts de la fiction. Il n’y pas d’acteurs mais des personnages bien dessinés, avec des intrigues, une écriture et une mise en scène, au service d’une vraie chasse aux trésors contemporaine.

Hans Lukas Hansen

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Comment avez-vous rencontré Gaspar ? Comment avez-vous réussi à suivre ce périple du début à la fin ?

J’ai rencontré Gaspar il y a six ans. Un journaliste que je connaissais travaillait sur un article sur les objets les plus chers créés par des hommes – comme des montres ou des bijoux. Il se trouve que les plus chers sont de vieux violons, fabriqués il y a plusieurs siècles. On lui avait indiqué un luthier de Cremone (en Italie), le berceau du violon. Comme ses collègues, Gaspar avait étudié les mystères et les énigmes qui entourent les anciens maîtres Stradivari et Guarneri. Leurs violons se vendent à plus de 10 ou 12 millions d’euros, et les artistes les plus renommés préfèrent jouer sur ces instruments. Comment se fait-il que personne n’ait réussi à fabriquer des violons aussi bons et précieux en 300 ans ?

Cela faisait déjà plusieurs années que Gaspar s’efforçait de résoudre une des plus grandes énigmes, à savoir trouver le meilleur bois. Plus spécifiquement l’érable moiré bosniaque dont sont issus les violons de Stradivari. Beaucoup pensent que c’est sans doute le plus grand secret. Et beaucoup disent que ce type de bois est introuvable aujourd’hui. Gaspar nous a dit alors qu’il avait travaillé sur une carte au trésor, et contacté des sources susceptibles de le guider vers un ou plusieurs arbres ayant subsisté. Sans en parler à personne. Nous avons donc décidé de le suivre avec la caméra.

La phase de production en tant que telle fut déjà une épopée, avec beaucoup de recherches, pour établir un bon contact et une relation de confiance avec les différents intervenants. C’est compliqué de travailler depuis la Norvège quand on veut suivre un luthier qui vit en Italie et qui traque du bois en ex-Yougoslavie.

Nous avons travaillé six ans sur ce film – sans savoir si nous allions parvenir au résultat rêvé. À vrai dire, Gaspar avait peu de chances de réussir. Mais à mon sens, le plus excitant était la chasse en elle-même. Et aussi l’histoire d’un homme avec la majeure partie de sa vie derrière lui, qui désormais se bat pour réaliser le rêve d’une existence et pour fabriquer son chef d’oeuvre. Je pense que les gens peuvent s’identifier à ça. Moi par exemple, j’espère que mon meilleur film reste à faire.

 

La frontière entre documentaire et fiction est parfois très mince. Certaines scènes ont sans doute été dirigées ou retournées. Il y a plusieurs intrigues et de nombreux personnages. On a parfois l’impression d’être dans un film dramatique. Comment arrivez-vous à définir les limites entre fiction et documentaire ?

Nous avons planifié le tournage autant que possible, et tous les événements et situations du film sont véridiques, et tous les intervenants sont réels. Il n’y a pas eu de manipulation de notre part, nous avons juste essayé de garder le contrôle autant que possible. Nous voulions réussir à produire ce film avec un niveau d’exigence très élevé sur la qualité de la photographie et le son.

Il a fallu reconstituer certaines conversations téléphoniques que nous avions ratées, mais on s’était arrangé avec les participants pour être présents à chaque échange, et enregistrer ou filmer chaque fois que c’était possible. Et c’est ce que nous avons fait.

Je comprends bien que certains vont appréhender cette histoire comme un territoire entre fiction et documentaire. Pour moi c’est un vrai conte de fée du réel. Pour beaucoup de gens, les contes de fée ne sont qu’imagination et fiction. Oui, il est question de chasse au trésor, d’arbres qu’on dit magiques, d’énigmes et de mystères, de héros et de bandits, d’une nature somptueuse et d’obstacles menaçants – et d’un homme qui cherche son trésor à l’autre bout de l’arc-en-ciel. Mais c’est une histoire vraie.

 

La quête musicale de Gaspar prend des allures de thriller. Comment avez-vous abordé les scènes avec l’intermédiaire, le dealer de bois et la forêt minée ?

Avec ses recherches et l’aide de connaissances, Gaspar a pris contact avec plusieurs personnes au Montenegro et en Bosnie. Nous avons donc décidé d’aller en Bosnie avant lui, pour voir si c’était intéressant en termes de casting et d’image. Nous avons bien accroché avec l’intermédiaire Bojan, et nous avons compris qu’il serait une pièce maîtresse de la quête de Gaspar, pour trouver l’arbre de sa vie. Bojan a joué aussi un rôle important d’interprète, pour Gaspar et pour nous. Son approche directe orientée vers des solutions a donné le ton pour Gaspar et nous a ouvert des portes pour rencontrer d’autres personnages du documentaire, comme le luthier Mirko, et le dealer de bois Marko avec son arbre au milieu des mines dans la forêt montagneuse. Sans compter Samir, l’imprévisible dealer de bois qui fait un business louche en périphérie de Sarajejo. Toutes ces scènes n’ont été filmées qu’une fois au moment où elles se déroulaient. Nous nous sommes donc préparés à gérer différents scénarios.

 

Les métiers de l’artisanat sont très cinématographiques. On peut citer par exemple « Le sabotier du Val De Loire » de Jacques Demy. On pourrait regarder Gaspar travailler le bois d’érable sans se lasser. Mais qu’en est-il du son ? Comment avez-vous enregistré et mixé le son des meilleurs violons joués par les meilleur.e.s violonistes ? C’est après tout le but ultime de vos protagonistes.

Nous avons attaché beaucoup d’importance à l’image et au son du film. Dans cet environnement mêlant les meilleurs musiciens, une musique puissante, une nature imposante et de belles valeurs, nous avons mis d’entrée de jeu la barre très haut sur la photographie et le son. Sur tous les voyages impliquant des tournages, nous avions avec nous Adrian Strumse, un ingénieur du son, lui-même violoniste, ayant l’expérience des concerts. Là aussi, la préparation revêtait une importance particulière et Adrian a fait un travail formidable pour créer une harmonie entre plusieurs artistes et différents lieux. Avec autant d’ambition que nous. La musique du film a également été enregistrée en studio avec l’Orchestre Philharmonique d’Oslo.

 

Comment est l’ambiance entre luthiers ? Le documentaire démarre avec une compétition pour le meilleur violon dans la ville du Stradivarius. Est-ce que la compétition fait rage entre grands maîtres et stars montantes ?

Le concours de violon à Cremone était très intéressant.

Ça m’a donné un bon aperçu de ces gens qui dédient leur vie aux violons. C’était essentiel de mieux les connaître et d’approcher cet univers. Comprendre comment ils travaillent, quelle est leur logique, et pour que le film les traite avec respect et précision de l’intérieur – pas seulement avec un regard extérieur. Mais oui, le concours de violon est très dur et les luthiers sont dans la compétition. Il a lieu tous les trois ans seulement, avec des luthiers et des violons du monde entier.

 

Qu’est-il advenu du violon ?

En janvier 2020, Gaspar s’est rendu à Garmisch-Partenkirchen pour rencontrer Janine (Jansen) à l’hôtel Schloss Elmau (Bavière) où elle donnait des concerts. Comme vous pouvez le voir dans le film, c’est à ce moment qu’il lui a remis le violon, quatre ans après leur rencontre. Janine a joué avec ce violon pendant le concert et Gaspar était extrêmement fier. Après le concert, Gaspar avait prévu de ramener le violon à Cremone pour faire quelques ajustements après avoir vu Janine jouer avec sur scène. C’est commun chez les luthiers d’ajuster le nouvel instrument au style du violoniste élu.

Quatre semaines après leur entrevue à Garmish, le coronavirus a commencé à dévaster l’Italie – en particulier en Lombardie. Le reste appartient à l’histoire désormais.

Maintenant – un an et demi plus tard, les Italiens (et Gaspar) ont presque retrouvé un quotidien normal. Et en ce moment-même le violon est conservé précieusement dans un coffre dans l’atelier de Gaspar. Janine a attrapé le coronavirus et a été malade. Elle a enfin pu inviter Gaspar en novembre pour une nouvelle rencontre. Il pourra lui ramener le violon, et un second violon fabriqué à partir du même bois. Au total il a de quoi fabriquer environ six violons avec ce bois d’érable moiré.

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Hans Lukas Hansen est un réalisateur de films documentaires vivant à Oslo en Norvège.

 

Il grandit à Kristiansand mais déménage à Volda à l’âge de 24 ans pour faire ses études au sein de l’Ecole de Films Documentaires.

 

Une fois diplômé, il fait ses débuts en 2006 avec le film primé « Med Flagget På Brystet ». Depuis, il a réalisé et produit de nombreux films et de nombreuses séries documentaires, et a reçu un nombre conséquent de prix pour son travail.

 

« La Symphonie des arbres » est son premier long métrage documentaire sortant au cinéma.

À PROPOS DE JANINE JANSEN

Janine Jansen est l’une des violonistes les plus réputées de la scène classique actuelle, tant dans le répertoire avec orchestre que dans celui de musique de chambre. Elle fait partie des meilleurs interprètes de sa génération et est sollicitée par de prestigieux orchestres dans le monde entier.

 

Née à Soest aux Pays-Bas en 1978 dans une famille de musiciens. Son père et ses frères sont musiciens alors que sa mère est chanteuse lyrique. Janine Jansen commence l’étude du violon à l’âge de 6 ans, et compte notamment Philippe Hirschhorn et Boris Belkin parmi ses professeurs. Elle se produit pour la première fois en concert en 1997, avec le Concertgebouw d’Amsterdam, puis se fait remarquer en tant que soliste lors de son interprétation du « Concerto pour violon » de Brahms avec le National Youth Orchestra of Scotland, en 2001.

 

La carrière de Janine Jansen se trouve véritablement lancée lorsqu’elle obtient une haute distinction nationale de la part du Ministère de la Culture néerlandais, en 2003. Elle a l’honneur d’ouvrir le festival des BBC Proms en 2005.
Janine Jansen acquiert rapidement une grande popularité auprès du public et des chefs ; chaque année, elle effectue des tournées internationales et reçoit des invitations d’orchestres réputés, comme l’Orchestre philharmonique de Berlin (2006) ou l’Orchestre philharmonique de Los Angeles (2008). Elle a obtenu plusieurs distinctions, dont le « Royal Philharmonic Society Instrumentalist Award » en 2009.

 

Janine Jansen a enregistré beaucoup de musique de chambre, notamment chez Naxos avec le Spectrum Concerts Berlin ; elle a également sorti des disques comportant des concertos (Mendelssohn, Bruch, Beethoven, Britten), et des pièces pour violon seul (Bach). Ses enregistrements ont été chaudement salués par la critique.

 

Elle a joué sur le violon « Barrere » fabriqué par Antonio Stradivari en 1727, prêté par la Stradivari Society de Chicago et sur le « Baron Deurbroucq », également oeuvre de Stradivari la même année, propriété de la Beare’s International Violin Society.

QUELQUES MOTS SUR LE FILM PAR BILAL ALNEMR

Né en Syrie en 1996, Bilal Alnemr a un an quand son père, maçon, lui offre un violon. Ce n’est qu’un jouet, mais le petit garçon se prend tellement au jeu que son père finit par lui acheter un véritable instrument. En 2010, époustouflés par ses dons, des musiciens français lui proposent de quitter le Conservatoire de Damas pour venir travailler avec eux, au Conservatoire d’Aix-en-Provence. Bilal n’a alors que 14 ans. Il ne retournera pas dans son pays.

 

Aujourd’hui, à vingt-cinq ans, il partage sa vie entre le Conservatoire national supérieur de musique de Paris et Berlin, où il étudie à la prestigieuse académie Barenboïm-Saïd. Il se produit régulièrement comme soliste dans de grands évènements musicaux internationaux, notamment au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence dirigé par Renaud Capuçon.

 

Bilal Alnemr joue sur un violon moderne fabriqué par un luthier français, Nicolas Bonet, celui qu’on voit dans le film remporter en 2018 le grand Prix du concours international de lutherie de Crémone.

 

En tant que violoniste, j’ai été touché par cette histoire qui raconte le chemin d’un luthier passionné par son métier.

 

J’étais tout petit quand j’ai commencé à jouer du violon. A cette époque, j’étais émerveillé par la beauté, l’amplitude et l’incroyable diversité des sons que j’arrivais à sortir de ce petit instrument, alors que je n’avais aucune autre curiosité à son sujet.

 

Peu m’importait qui l’avait fabriqué, avec quels matériaux, selon quelles techniques etc. Dans mon ignorance un peu vaniteuse d’enfant, je croyais que j’étais le seul « maître » de sa sonorité. Et puis évidemment, au fil du temps et de mon apprentissage, j’ai fini par comprendre qu’un violoniste dépend beaucoup, pour ne pas dire plus, de son instrument. Et je me suis donc, enfin, intéressé au métier de luthier. C’est un des métiers pour lequel, aujourd’hui, j’ai une immense admiration, pas tant pour le savoir-faire, le doigté, l’oreille et l’intuition qu’il exige, mais parce qu’il est un de ceux qui implique le plus d’humilité et d’abnégation. Les luthiers fabriquent de merveilleux instruments mais ils n’en restent jamais les propriétaires. Ils les abandonnent à des instrumentistes qui, eux se chargent d’en révéler la beauté sonore. Parmi le grand public, combien de personnes aujourd’hui sont-elles capables de citer des noms de luthiers ?

 

« La Symphonie des Arbres » est un hommage à ces artistes de l’ombre, dont aucun musicien, même le plus obscur, ne peut se passer.

 

Ce que j’ai trouvé intéressant dans le film, c’est, d’abord, qu’il dresse le portrait d’un luthier de Crémone. Ce n’est pas un détail. Choisir de suivre un luthier qui exerce dans la ville où, au XVII° siècle est né cet artisanat, d’emblée, cela place le film dans une vérité, l’installe dans une émotion. Ensuite l’angle choisi par le réalisateur pour faire découvrir ce luthier est singulier. Il ne va pas le montrer en train de travailler dans le secret de son atelier, mais il va l’accompagner dans son voyage à la recherche de l’épicéa multi-centenaire dans lequel il fabriquera son violon. On le sait peu, mais la fabrication d’un violon commence par le choix de l’arbre dans lequel on va le tailler. C’est à la façon dont son tronc « sonne » lorsqu’on le frappe qu’on peut savoir si oui ou non, un arbre a les qualités pour devenir un bois de violon.

 

Le film raconte cette quête-là, qui relève, pour le luthier, d’une véritable chasse aux trésors car les érables multicentenaires ne sont pas légions en Europe. Le suivre dans ses pérégrinations fait découvrir des régions et des jolies forêts. Même si la perfection d’un violon ne dépend pas que de la seule qualité du bois, c’est touchant de voir avec quelle pugnacité, ce luthier recherche ce bois parfait. Le trouvera-t-il ? Le film tient du conte.

 

La présence de la violoniste Janine Jansen est une chose formidable. Pour donner un sens à sa recherche et trouver la force d’aller au bout de son rêve, ce luthier a décidé d’offrir son violon, encore hypothétique, à une violoniste. Il a choisi Janine Jansen qui est parmi les plus grandes du monde.

 

Ce film raconte la passion pour le métier de luthier, et l’abnégation qu’il demande, puisqu’à la fin, le violon – réussi – du luthier lui échappera, comme tous les violons échappent à leur créateur pour aller vivre et revivre sans fin sous les doigts des instrumentistes successifs qui les posséderont.

 

Le hasard fait que ce film cite le nom du lauréat 2018, du premier prix du concours des luthiers de Crémone. Il s’agit de Nicolas Bonet. Je me suis senti personnellement concerné car il se trouve que je joue et me produis depuis deux ans sur un violon de Nicolas.

QUELQUES MOTS SUR LE FILM PAR RALPH DUMONTIEL

Né à Paris en 1979 dans une famille de musiciens, Ralph Dumonteil fait ses études de luthier à l’Ecole Internationale de Crémone dont il sort, cinq ans plus tard, en 2002, avec le titre de Maitre-luthier.

 

En 2005, cet ancien violoniste amateur qui continue à jouer à ses heures perdues, entre à la lutherie Pierre Jaffré. Devenu directeur artistique de cet atelier situé rue de Rome à Paris, il propose son expertise dans les instruments du quatuor à cordes : violon, alto, violoncelle et contrebasse, anciens comme neufs.

 

Avant tout, je voudrais exprimer mon plaisir qu’un cinéaste ait eu envie de réaliser, pour le cinéma, un film sur le métier de luthier, sujet souvent réservé au petit écran et qu’on diffuse à des heures d’audiences limitées, dans des émissions consacrées, aux documentaires.

 

Bien que « La Symphonie des arbres » appartienne à cette catégorie de film, il est très original du fait qu’il ne cherche pas à tout montrer du métier de luthier. Il ne satisfera donc peut-être pas la curiosité des gens qui voudraient savoir en quoi consiste exactement ce métier, mais en revanche, il comblera sûrement les amateurs de films d’aventures. Car c’est bien dans une aventure qu’il nous entraine. Celle d’un homme qui, pour concrétiser son rêve de fabriquer un violon capable de rivaliser avec un Stradivarius ou un Guarnerius, ne va reculer devant rien. Ni de mettre son équilibre mental en jeu, ni de prendre des risques physiques, ni éventuellement de mettre à mal les finances de son atelier.

 

En fait, « La Symphonie des arbres » est une histoire qui, toute vraie soit-elle, relève d’une sorte de quête du Graal, une histoire initiatique et hypnotique.

 

Si je l’ai reçue et comprise comme telle, c’est qu’étant moi-même luthier, je sais bien que la quête de Gaspard Borchardt – réaliser un violon neuf qui sonne comme un ancien – relève de l’utopie, car, pour s’exprimer dans sa plénitude, un violon, aussi réussi soit-il, a toujours besoin d’être joué pendant des dizaines d’années.

 

Mais en même temps, et paradoxalement, c’est précisément parce que cette histoire relève de l’utopie que je l’ai trouvé belle et touchante. Elle a quelque chose de désespéré, de « donquichottesque ». Elle m’a d’autant plus émue qu’elle est celle d’un luthier que j’ai souvent croisé à Crémone lorsque j’y faisais mes études. Entre parenthèses, coup de chapeau à Hans Lukas Hansen qui a su si bien filmer cette ville si belle, si typique et si chargée d’histoire.

 

Les gens qui ignorent de quoi et comment est fait un violon seront peut-être surpris par l’obsession de Gaspard Borchardt de trouver un érable multicentenaire mais c’est qu’en fait, le métier de luthier commence là, dans l’art de savoir trouver cet arbre, si rare et convoité, à partir duquel on se lance dans la fabrication de violons.

 

Ce que je trouve beau aussi dans ce film, c’est lorsque Gaspard va se trouver devant cet arbre tant rêvé, qu’il va « caler » devant, refuser qu’on le coupe, comme si soudain, face à la réalité, il prenait conscience que même avec cet arbre magnifique, il ne parviendra pas à fabriquer ce violon dont il rêve. Cette décision, qui témoigne d’une grande humilité de sa part et de son profond respect pour la nature, m’a profondément touché. Elle dit tout ou presque de l’aspect frustrant de notre métier, qui est de fabriquer des instruments admirables, en sachant qu’on devra laisser à d’autres- les musiciens- la joie de leur donner vie. En ce sens, « La Symphonie des arbres » pourrait tenir aussi du drame romantique.

 

Je voudrais ajouter que la présence de Janine Jansen qui joue sur un Stradivarius illumine le film. Elle est là pour rappeler vers quelle perfection tendent les luthiers.

LISTE ARTISTIQUE ET LISTE TECHNIQUE

Liste Artistique

Gaspar BORCHARDT
Sibylle FEHR-BORCHARDT
Janine JANSEN
Bojan TOMIC

Liste Technique

Réalisateur : Hans Lukas HANSEN
Scénariste et co-producteur : Christian LYSVÅG
Directeur de la photographie : Karl Erik BRØNDBO
Monteur : Christoffer HEIE
Ingénieur du son : Adrian SOUYRIS STRUMSE
Productrice : Benedikte DANIELSENELSEN
Producteurs associés : Eirin O.HØGETVEIT, Linn THORKILDSEN
Co-producteurs BALDR FILM : Katja DRAAIJER, Frank HOEVE
Compositrices musique originale : GINGE et Lise SØRENSEN VOLDSDAL
Ventes Internationales : RESERVOIR DOCS
Distribution France : URBAN DISTRIBUTION

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LE FIGARO

Le Norvégien Hans Lukas Hansen filme à la manière d’un polar. En virtuose de l’écriture, il lui aura fallu quatre ans de préparation, de repérages et de « castings » avant de faire tourner sa caméra. On comprend pourquoi.

 

LE NOUVEL OBSERVATEUR

Dans des bois pleins de mines, dans des zones dangereuses, Borchardt frappe les arbres pour écouter la résonance, comme un pivert. Un véritable conte de fées, où les arbres chantent.

 

TÉLÉRAMA

Jusqu’aux décors naturels, forêts légendaires peuplées d’arbres majestueux, tout nous ramène à l’univers du conte. Mais, cette aventure et le destin fantastique de Gaspar Borchardt offrent surtout une leçon de patience, de respect de la nature et de persévérance.

 

LE JOURNAL DU DIMANCHE

On veut bien le croire et se laisse embarquer au côté du candide artisan dans un voyage aussi musical que romanesque, entre l’harmonie des salles de concert, particulièrement bien rendue, et les forêts minées où trafiquent les dealers de bois.