Documentaire Musical / France, Belgique, Etats-Unis

LE DIVORCE DE MES MARRANTS

Romy a 23 ans. Elle n’a pas vu son père depuis le divorce de ses parents, il y a 10 ans. Depuis, elle vit une relation fusionnelle avec sa mère avec qui elle a un projet de comédie musicale. Mais en pleine crise existentielle, elle décide de se rendre chez son père, bipolaire, à Bruxelles, et de mener l’enquête sur la raison du divorce de ses parents. Cette exploration du passé va faire exploser les non-dits. Une aventure libératrice qui va mêler Shoah, secrets de famille, chansons pop et désir farouche de vie !

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2021

Romy TRAJMAN, Anaïs STRAUMANN-LÉVY

1h23 – Couleur – Dolby Digital 5.1

22 Juin 2022

ENTRETIEN AVEC ROMY TRAJMAN

Quel est ton parcours ? D’où vient « Le Divorce de mes Marrants » ?

 

A 14 ans, j’ai chanté dans un clip vidéo, qui a buzzé inopinément sur internet (« Moi j’te dis LOL » – 2009). C’est une chanson que ma mère avait écrite, assez pop. Ce succès internet a un peu fait basculer ma destinée (rires). J’étais la petite intello littéraire au fond de la classe. J’ai ensuite quitté l’école pour intégrer une troupe de théâtre, tout en passant mon bac, par correspondance.

Comme l’écriture a toujours été mon moteur, j’ai candidaté à 19 ans, à l’Ecole de la Cité de Luc Besson à Paris, et ai été acceptée. C’était si fou et fulgurant. C’est une école qui apprend à être polyvalents. Pendant mes études, j’ai écrit et réalisé une série internet, Les Lolies, qui abordait déjà la thématique de la famille monoparentale.

J’ai aussi réalisé un court-métrage, Bonne Fête Maman, qui traitait de la précarité des femmes monoparentales. « Le Divorce de mes Marrants », aborde cette thématique familiale, de façon plus brute, intense, comme une clôture de cycle.

 

Le film est intimement personnel. Comment t’es-tu sentie durant le tournage ? Y -a-t-il eu des moments où tu as voulu abandonner ?

 

C’est un film que j’avais besoin de faire. Une nécessité. Je pense que tout jeune adulte qui comprend qu’il y a des flous, des non-dits, une certaine violence dans sa famille, a besoin de se confronter à son histoire. Mon médium étant le cinéma – et sûrement la caméra me protégeant – le film s’est imposé. Comme une obsession. Quand j’ai commencé le film, à 21 ans, j’étais très jeune mais assez têtue même si je ne savais pas vraiment où j’allais (rires). Peu à peu, ma famille s’est aussi ouverte et a compris ma démarche. Et les secrets ont jaillit durant le tournage, alors oui, cela a été parfois douloureux. Il y a des moments où j’ai cru que je ne parviendrai pas aller au bout, je me sentais ensevelie. Mais à chaque fois, une petite voix me relevait, comme si j’étais destinée à le finir. Je crois à ces choses-là, un peu surnaturelles, comme l’idée être « appelés par quelque chose ». Et Anaïs, mon amie et co-réalisatrice– qui venait du documentaire -, a été un soutien de choix, elle était une épaule solide. Nous sommes passés par des tunnels et soudain, il y a eu un lâcher-prise.

 

Comment ce film a influencé tes rapports avec ta famille ?

 

Le film a apaisé nos relations, j’ai aujourd’hui moins de colère et d’incompréhension à l’égard de mon histoire familiale. Je comprends « mieux » mes parents, à travers leurs failles, leurs blessures. Ils ont des parcours de vie intenses (empreints par la Shoah, la maladie mentale et l’inceste). je crois qu’ils se sont rencontrées par leurs failles et leur soif de liberté. Ce sont des artistes courageux, qui se distinguent de leur famille et ont voulu se réinventer. Leur histoire d’amour s’est bâtie là-dessus. Depuis la fin du film, je ressens, entre eux, plus de quiétude, chacun ayant vu et compris les blessures de l’autre, cela les a adoucis. Et moi, je suis plus légère. Je n’ai plus le devoir de réparer ma famille à tout prix, d’être « une béquille ». C’est comme si je pouvais désormais m’aventurer vers d’autres chemins.

 

Quelle était le moment le plus dur durant le tournage ? Pourquoi ?

 

Incontestablement le moment où ma grand-mère parle d’inceste et accuse ma mère de fabuler. Je suis une fille, une femme. Je comprends l’écart de génération, ma grand-mère fait partie d’une éducation patriarcale où l’on protège son mari, les apparences, où le vernis social a une grande importance mais cela m’a complètement transpercée. J’étais ahurie, je me disais « comment est-ce possible ? », « Où allons-nous ? », « où va le film ? ». Je me sentais flancher. Dans mon ventre, je ressentais la douleur, celle de ma mère, et la mienne. J’ai aussi compris pourquoi, jeune, j’avais eu des blocages dans ma vie intime, avec les garçons. Je crois à la mémoire transgénérationnelle qui se transmet.

Le moment où mon père est en phase maniaque a été aussi très intense, et généralement, toutes les rencontres avec mon père. Je ressentais sa douleur, celle de sa maladie (la bipolarité). C’est un être d’une sensibilité désarmante, et à la fois, dans ses phases maniaques, il peut être violent, hors de contrôle. Ce film tourne autour de sa dualité, et nos retrouvailles ; que faire de cette maladie ? Mon rapport à mon père, puis, par extrapolation, aux hommes, au monde. Comment construire sans réparer ?

 

Comment as-tu fait pour réaliser un film avec si peu de moyens ?

 

Beaucoup d’énergie, de la pugnacité, un besoin viscéral et de la créativité, beaucoup ! (rires) Les contraintes, c’est stimulant. Comme je n’avais rien à perdre et que c’est mon 1er film, j’ai tout donné, au culot. J’ai créé ma boîte (Panach Company) puis Kwassa Films, une socitété de production belge a découvert le projet, lors de l’atelier «Cinéma et musique» du Festival 1er Plans d’Angers et a rejoint le film en coproduction. Entre temps, c’est fou, ils ont été nominés aux Oscars pour «L’homme qui a vendu sa peau » ! Alors que je finissais le montage sur mon ordi portable entre ma chambre et un studio de post-prod bruxellois qui a accepté de nous dépanner, Victor Shapiro, un producteur américain indépendant que j’avais croisé à Los Angeles, a vu quelques images et a dit « go » ! Il a apporté le coup de pouce final. Le film a aussi reçu un soutien de la Sacem pour la musique. De cette expérience (écriture – tournage – montage – production – musique) je ressors plus forte, plus patiente et plus précise avec mes désirs de cinéma. Porter un film en quasi autoproduction, je crois que c’est vraiment une super expérience pour apprécier le reste. Tout ce qui arrive ensuite est un cadeau !

 

Pourquoi un documentaire musical pour traiter de ce sujet si intime ?

 

Pendant le tournage, je fredonnais des mélodies, des mots, comme pour m’échapper du réel. J’ai compris après que ces textes disaient ce que je ne parvenais pas à exprimer durant l’enquête, où je devais tenir, tendue. Ces chansons dévoilent une part de légèreté, d’irrationalité. Ensuite, en 2018, le projet a été sélectionné dans un worskshop « Musique et cinéma » présidé par Rebecca Zlotowski. On lui a montré un extrait du film sur lequel j’avais placé une chanson (« Mon père »). Elle a dit « Qui a fait la musique ? Mais il faut continuer, il faut en faire d’autres ! ». Ca m’a donné confiance. Formellement, briser une forme traditionnelle, tracer une nouvelle voie, était stimulant. Entre le drame et le pop. Surprendre. Ces chansons offrent de l’oxygène à l’enquête, elles allègent et nous évadent. Comme mes fredonnement étaient une façon de m’évader sur le tournage.

 

Quelles sont tes aspirations pour le futur ?

 

Je souhaite continuer à écrire. J’ai de la tendresse et une certaine passion pour les personnages inadaptés, qui se battent pour quelque chose ou contre leurs fantômes, qui doivent braver des tunnels avant d’atteindre la lumière. J’écris deux scénarios en ce moment en continuant aussi la musique. La B.O va sortir d’ailleurs avec deux nouvelles chansons ! Je reçois aussi des propositions en tant que comédienne, c’est drôle ! Mais surtout, je m’attelle à mon deuxième film.

LES PERSONNAGES DU FILM

ROMY TRAJMAN : Réalisatrice

Aînée de la famille. Sort d’une école de cinéma et n’a pas vu le temps filer entre “se sentir enfant” et “être considérée comme une adulte”. Ne parvient pas à s’extraire de la posture d’enfant du conflit et s’interroge sur les rôles de chacun dans sa famille : Comment construire quand qu’on s’est habitué à “réparer”.

 

PAUL TRAJMAN : Père de Romy, Peintre et bipolaire

Paul est artiste-peintre dans la mouvance Cobra. Il souffre de maniaco-dépression depuis ses 18 ans. Il vit à Bruxelles avec son père Jakob et son frère David, dans une maison habitée par des hommes, celle de son enfance. Son style pictural abstrait se compose de jetés d’encre de chine en mouvements lâchés, bruts. Depuis le divorce, Paul ne peint plus beaucoup et assiste son frère, David, handicapé mental. Ses activités dépendent de son état émotionnel.

 

MARIELLE SADE : Mère de Romy, Musicienne & entrepreneuse

Hyperactive en mouvement perpétuel (plus de 20 déménagement en 20 ans !), Marielle est une nomade créative. Après un parcours de journaliste, elle s’est lancée dans l’entreprenariat artistique (musicienne, auteur, productrice). Son thème de prédilection est la famille monoparentale. Actuellement à Los Angeles, Marielle développe un spectacle musical sur la relation “mère-fille” auquel Romy participe.

 

DENISE COHEN : Grand-mère de Romy et mère de Marielle
Denise est une femme active et apprêtée. D’origine juive turque, elle grandit au Congo Belge pour fuir la guerre et se convertit au catholicisme. Son retour en Europe est brutal. Elle devient dactylographe pour une firme américaine dans le nucléaire. Son rapport à sa fille est conflictuel.

 

ANAÏS STRAUMANN-LÉVY : Amie de Romy, co-réalisatrice
Ses parents ont divorcé quand elle avait 13 ans. Anaïs passe son adolescence dans une grande proximité avec sa mère, psychanalyste, et son frère au sein d’une famille monoparentale. Elle est le personnage hors-champs du film.

 

GARY TRAJMAN : Frère de Romy
Gary, 20 ans, a très vite quitté le foyer monoparental “mère-fille” pour voler de ses propres ailes. Il étudie le cinéma à Los Angeles. Également affecté par le divorce de ses parents, il est d’un tempérament plus tempéré que Romy et parvient souvent à l’apaiser.

 

JAKOB TRAJMAN : Grand-Père de Romy et père de Paul
Jakob est né en Pologne. En 1940, il est fait prisonnier en tant que juif, dans un camp de travail en Allemagne. Il y passe quatre ans. De son passé, Romy sait peu de choses, Jakob ne parle pas, ni aux autres, ni en famille. Son quotidien auprès de ses deux fils : faire la vaisselle, vérifier les ampoules, repasser le linge, donner à manger au chat. Des gestes répétés qui rythment la journée.

UN DOCUMENTAIRE MUSICAL

L’originalité du film réside dans cette ligne expérimentale qui lie documentaire et chansons.

Les chansons originales, écrites et interprétées par Romy, sont « clippées » tout au long du film et ponctuent la narration. Elles sont un accès à l’imaginaire et reflètent ce passage de l’enfance à l’âge adulte (ou « âge femme »), affirmant une forme personnelle jusqu’au bout.

Alexandre de la Baume (du groupe « Film Noir ») co-compose et produit les titres.

L’univers visuel des chansons est pop et poétique. Les réalisatrices ont eu l’opportunité de faire les Ateliers « Musique et Cinéma » du Festival Premier Plans d’Angers, présidés par Rebecca Zlotowski.

À PROPOS DES RÉALISATRICES

ROMY TRAJMAN

 

RÉALISATRICE ET CHANTEUSE – 26 ans
Née à Bruxelles, Romy grandit en France et navigue entre cinéma et musique.
À 14 ans, elle chante dans le clip ‘Moi j’te dis Lol‘, qui buzz sur internet (1 m. de vues) puis écrit le court-métrage ‘Lol & les Lolies‘, primé au Festival Ptit Clap 2012, présidé par Arnaud Tsamère.
Elle est alors repérée par le groupe Telfrance, qui signe son projet de série. Romy entre ensuite au conservatoire de Levallois, en comédie musicale, avant d’intégrer l’École de Cinéma de Luc Besson en scénario.
A 19 ans, elle réalise la web série ‘Les Lolies‘, autour d’un duo « mère-fille » monoparental. La série reçoit un joli écho presse et est distribuée par RTL Girls. Romy joue, réalise et collabore à des scénarios (Ruben Amar, Audrey Diwan, Micha Wald etc…).
A 22 ans, elle réalise son 1er film ‘Le divorce de mes Marrants‘ et y compose la musique originale, avec Alexandre De La Baume.

 

ANAIS STRAUMANN LEVY

 

CO-RÉALISATRICE – 35 ANS
Passionnée par la photographie et la vidéo, Anaïs intègre l’école des Beaux-Arts d’Avignon et en sort avec un Diplôme National d’Arts Plastiques. Elle poursuit à la Sorbonne avec un master de philosophie et un mémoire sur Walter Benjamin ; le langage et l’histoire.
En 2013, elle est assistante à la réalisation sur “Bad Girl” d’Arnaud Khayadjanian (2014) et “La Fin” de François Nolla et Hugo Hubert (2015) sélectionné dans de nombreux festivals, jusqu’à Los Angeles. Intéressée par le cadre et le montage, elle progresse en autodidacte sur le terrain. Parallèlement, elle entre aux “Films d’Ici” en septembre 2014 pour deux stages consécutifs à la distribution et à la production.
En 2017, elle mène à bout « La Fable du Coq », un long-métrage réalisé par Avenarius d’Ardronville en tant qu’assistante de réalisation, cadreuse et monteuse. Elle rencontre Romy sur le tournage de son court-métrage : “Bonne Fête Maman”. Leur complicité leur inspire ce 1er film ; une quête identitaire sur fond de divorce.

PODCASTS AUTOUR DU FILM
LISTE TECHNIQUE

Réalisatrices : Romy TRAJMAN, Anaïs STRAUMANN-LÉVY
DOP : Anaïs STRAUMANN-LÉVY
DOP (musical parts) : Margaux BELLYNCK et François NOLLA
Montage : Romy TRAJMAN, Anaïs STRAUMANN-LÉVY et Marielle SADE
Musique Originale : Romy TRAJMAN et Alexandre DE LA BAUME
Sound Design : Paul LÉVY et Johnny WLOUVEL
Ingénieur du son : Valentin GUILLAUME
Costumes (parties musicales) : Papilles & Papillons
Producteurs : Romy TRAJMAN (Panach Company), Victor SHAPIRO (Sunset Junction), Annabella NEZRI (Kwassa Films) et David STEINER (Parallell Cinema)
Pays de production : FRANCE – BELGIQUE- USA
Soutenu par la SACEM, le FWB, la Spedidam et les Ateliers « Musique & Cinema  » du Festival Premiers Plans d’Angers
PRODUCTEURS
PANACH COMPANY
Romy Trajman
KWASSSA FILMS
Kwassa Films a pour vocation de valoriser les projets innovants, créatifs et accessibles à une large audience. Elle désire ainsi contribuer à l’émergence de jeunes talents belges sur la scène internationale. Cette année, Kwassa a co-produit « Jumbo » de Zoé Wittock (Sundance 2020), « Si le vent tombe » de Nora Martirosyan (Festival de Cannes 2020) et « L’homme qui a vendu sa peau» de Kaouther Ben Hania (Oscars 2020).
Annabella Nezri
annabella@kwassa.be
SUNSET JUNCTION
Victor Shapiro produit des films et documentaires, avec un goût pour l’audace et la force du propos. Il est producteur de Fishing without Nets » (Sundance 2014 – Prix du Jury) «Méditerranea» de Jonas Carpignano (Cannes 2015, Semaine de la Critique), «Bullet Head» de Paul Solet (Antonio Banderas, John Malkovich et Adrian Brody, 2018) et plus récemment, «IO» de Jonathan Helpert (2019) et «Tread» de Paul Solet (2020), diffusés sur Netflix.
Victor Shapiro
victor@sunsetjunction.co

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LES FICHES DU CINÉMA

Ludique et hilarant, Le Divorce de mes marrants invente une forme originale – et musicale – de documentaire, pour résoudre une quête existentielle, celle d’une jeune femme artiste-comédienne qui ne comprend pas pourquoi ses parents se sont séparés.

 

LE MONDE

Autant dire qu’il y a, dans ce film oxymorique qu’elle réalise avec Anaïs Straumann-Lévy, du très lourd et du très léger.

 

TÉLÉRAMA

Contrebalancé par des séquences chantées, l’amateurisme de la réalisation, gênant au début, devient peu à peu un atout propice à une créativité de bouts de ficelle. Et ce drôle d’objet à la fantaisie non formatée finit par charmer.