Documentaire / République Démocratique du Congo, Belgique

L'EMPIRE DU SILENCE

Depuis vingt-cinq ans, la République Démocratique du Congo est déchirée par une guerre largement ignorée des médias et de la communauté internationale. Les victimes se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Les auteurs de ces crimes sont innombrables : des mouvements rebelles, mais aussi des armées, celles du Congo et des pays voisins… Tous semblent pris dans un vertige de tueries, pour le pouvoir, pour l’argent, pour s’accaparer les richesses du Congo en toute impunité, dans l’indifférence générale. Parcourant le Congo caméra au poing depuis trente ans, Thierry Michel a été témoin des combats, des souffrances mais aussi des espoirs du peuple congolais. Relayant le plaidoyer du Docteur Mukwege, prix Nobel de la paix, et dans la continuité de son précédent film « L’homme qui répare les femmes », il retrace les enchaînements de cette impitoyable violence qui ravage et ruine le Congo depuis un quart de siècle.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2021

Thierry MICHEL

1h50 – Couleur  –  Dolby Digital 5.1

16 Mars 2022

NOTE DU RÉALISATEUR

Depuis plus de 25 ans, je tiens une chronique cinématographique de l’histoire du Congo Zaïre et de tous les tumultes que ce pays a vécu depuis 1990. J’ai abordé, dans mes 11 films, la plupart des grandes thématiques de ce pays/continent : l’Histoire avec le film « Mobutu roi du Zaïre », la présence expatriée post coloniale avec « Les derniers colons », le pouvoir et les soubresauts de fin de dictature avec « Le cycle du serpent », la politique affairiste mêlant business, foot et médias avec le très berlusconien « L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi », la géographie avec « Congo River », l’économie au coeur de la mondialisation avec « Katanga Business », la justice avec « L’affaire Chebeya, un crime d’État », le viol comme arme de guerre avec « L’homme qui répare les femmes »…

 

C’est en réalisant ce dernier avec Colette Braeckman, à l’Est du Congo, sur le travail du docteur Mukwege, que j’ai pris conscience de l’ampleur de la tragédie vécue par ce pays depuis la fin du régime dictatorial du Président Mobutu qui avait imposé durant plus de trois décennies une paix civile, basée sur une répression sans faille et une corruption/prédation généralisée des richesses du pays.

 

Cette prise de conscience a été guidée par la lecture d’un rapport exceptionnel réalisé par les experts des Nations Unies, appelé « Mapping Report » qui répertorie 617 cas graves de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis entre 1994 et 2004. Sa conclusion est claire : Parmi ces crimes, de multiples massacres de même type que ceux de Srebrenica en ex- Yougoslavie, dont les criminels ont été jugés responsables et condamnés par un Tribunal Pénal International. Ces crimes perpétrés au Congo-Zaïre sont peu connus ou médiatisés et n’ont fait l’objet d’aucune suite judiciaire ni en RDC, ni devant une cour africaine ou une juridiction internationale.

 

Je ne pouvais pas terminer mon cycle de 11 films sur ce pays sans avoir réalisé ce documentaire qui donnera les clés de compréhension de la tragédie, toujours d’actualité, dans laquelle s’enfonce ce grand pays africain, l’un des plus riches du monde par ses ressources agricoles, forestières, énergétiques, et bien sûr par l’importance stratégique de ses réserves en minerais précieux indispensables à la prospérité des pays occidentaux et asiatiques et au développement de technologies de pointe.

 

Thierry Michel

EXTRAIT DU DISCOURS DE DENIS MUKWEGE (prix nobel de la paix 2018)

« Je m’appelle Denis Mukwege. Je viens d’un des pays les plus riches de la planète. Pourtant, le peuple de mon pays est parmi les plus pauvres du monde.
La réalité troublante est que l’abondance de nos ressources naturelles – or, coltan, cobalt et autres minerais stratégiques – alimentent la guerre, source de la violence extrême et de la pauvreté abjecte au Congo. Au moment même où je vous parle, un rapport est en train de moisir dans le tiroir d’un bureau à New York. Il a été rédigé à l’issue d’une enquête professionnelle et rigoureuse sur les crimes de guerre et les violations des droits humains perpétrés au Congo. Cette enquête nomme explicitement des victimes, des lieux, des dates mais élude les auteurs. Ce Rapport du Projet Mapping établi par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits Humains, décrit pas moins de 617 crimes de guerre et crimes contre l’humanité et peut-être même des crimes de génocide. Qu’attend le monde pour qu’il soit pris en compte ? Il n’y a pas de paix durable sans justice. Or, la justice ne se négocie pas.»

L'EMPIRE DU SILENCE PAR DENIS MUKWEGE

Mon chemin a croisé celui de Thierry Michel il y’a une dizaine d’années dans la foulée de la réalisation du film « L’homme qui répare les femmes ». Depuis, j’ai appris à admirer l’immense talent et le professionnalisme de ce cinéaste courageux qui, caméra à l’épaule, a consacré près de la moitié de sa vie à dépeindre les drames et les péripéties de la vie en RD Congo.

 

« L’Empire du silence », son dernier film, est dans la même veine que les précédents. Il nous plonge dans l’univers des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de masse commis en RD Congo depuis plus d’un quart de siècle dans le silence et l’indifférence à peine voilée des autorités congolaises et de la communauté internationale. Thierry Michel y élève la voix contre le récit révoltant des femmes victimes des violences sexuelles, contre les massacres des populations qui se perpétuent dans l’Est de la RD Congo dans une impunité quasi généralisée.

 

« L’Empire du Silence » n’est pas seulement une oeuvre bouleversante d’un expert de la région, il est également et surtout un cri d’indignation d’un grand humaniste pour dénoncer l’insoutenable injustice, l’impuissance, voire la complicité des institutions nationales et internationales dans la souffrance des enfants, des femmes et d’hommes du Congo.

 

Cette oeuvre richement documentée et émouvante nous interpelle tous dans notre responsabilité de nous indigner face à la barbarie et de protéger la population civile, nos semblables et surtout les plus vulnérables d’entre eux.

 

Thierry Michel y lègue aux générations actuelles et à venir, un pan de l’histoire tragique du Congo ainsi que des raisons de dénoncer l’impunité, de s’engager pour la justice et de bâtir la paix.

 

Merci mon cher Thierry.

 

Denis Mukwege

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Cinéaste, photographe et journaliste, des mines de charbon aux prisons, du Brésil et du Maghreb à l’Afrique noire, Thierry Michel dénonce les détresses et les révoltes du monde, mêlant parfois fiction et réalité. Né en 1952 à Charleroi en Belgique, dans une région industrielle surnommée « Le Pays Noir », Thierry Michel engage à 16 ans des études à l’Institut des Arts de Diffusion, à Bruxelles.

En 1976, il entre à la télévision belge où il réalise de nombreux reportages de par le monde. C’est ensuite le passage au cinéma. Il va alterner deux longs-métrages de fiction et de nombreux documentaires internationalement reconnus, primés et diffusés.

LES TÉMOINS

Dr. DENIS MUKWEGE témoin de massacres et de viols tout au long de ces années et Prix Nobel de la Paix 2018, qui poursuit son combat avec les institutions internationales pour mettre fin à l’impunité des grands criminels qui sont actuellement au pouvoir.

 

THÉRÈSE KULUNGU avocate au barreau de Kinshasa et du Sud Kivu. Elle a notamment défendu les survivantes de viols devant de tribunaux militaires.
Elle a rejoint la Fondation Panzi du Dr Mukwege et est promotrice de plusieurs associations féminines des droits de l’Homme. Elle milite à côté du Docteur Denis Mukwege, pour la justice soit rendue aux victimes de violences sexuelles des conflits armés en RDC.

 

DEOGRATIA NAMUJIMBO un journaliste congolais et témoin de première ligne, qui a accompagné les troupes rebelles pendant les massacres. Il a écrit le livre « On tue tout le monde et on recommence. »
Il vit en exil pour avoir dénoncé des crimes de guerre qu’il a vécus personnellement.

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LE MONDE

Ce film, dont le classicisme formel, la subjectivité discrète, l’humanisme blessé sont les meilleurs atouts, se déploie selon deux axes.

 

POSITIF

Par sa forme brute et directe, L’Empire du silence permet à Thierry Michel de signer un document véritablement assourdissant.

 

TÉLÉRAMA

Vibrant hommage au combat des Congolais pour la justice, plaidoyer contre le silence, le film, sublimé par la photogénie du pays, se veut pièce à conviction dans un procès à venir. Épousant le rêve de Denis Mukwege « de voir un jour, dans une salle d’audience, la vérité dite sur les crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide ».

 

PREMIÈRE

Un documentaire d’une puissance étourdissante à mettre devant tous les yeux.

 

LE JOURNAL DU DIMANCHE

Le réalisateur interroge témoin après témoin, son travail est tout aussi historique que journalistique.