« Les Mystères de Barcelone » est un thriller d’époque inspiré de faits réels, qui se sont déroulés à Barcelone en 1912. Cela raconte la naissance d’un monstre dont le but n’est que de cacher les véritables monstres.
Formellement, c’est une histoire de mystère et de terreur avec une mise en scène onirique et gothique qui se rapproche du monde des contes de fées classiques.
Le quartier El Raval, et tout ce qu’il a représenté dans notre imaginaire collectif, est l’un des protagonistes incontestables du film. Nous avons évité la réplique exacte pour se concentrer sur l’atmosphère de l’époque, dans un environnement urbain et industriel.
Ce choix permet certains jeux scénographiques qui présentent le quartier comme un environnement labyrinthique dans lequel le monde du travail, du loisir, du commerce et du foyer, s’alternent dans un jeu constant de transformations.
Ces rues passent d’un marché bondé à l’Avenue du Parallèle, plus grotesque : d’une maison close à un entrepôt ou encore, d’une modeste entreprise de textile à une cantine populaire peu recommandable.
Le film se déplace également entre la surface et un sous-sol infernal, une dualité qui illustre l’esthétique industrielle de l’époque ; une sorte de Moloch qui dévore ses travailleurs comme s’ils étaient eux-mêmes, du carburant.
Ainsi, le film fait la distinction entre deux grands mondes très différents dans le Barcelone du début du 20e siècle : celui des riches, en surface et apparent, qui s’inspirent de références picturales (Ramón Casas, Francesc Masriera ou Rusiñol), et de lieux emblématiques (le Gran Teatre del Liceu) ; et celui, plus populaire, à travers la maison close.
Dans cet espace, le vice, le luxe et l’excentricité sont réunis en même temps, révélant un imaginaire plus exagéré, des couleurs plus intenses et saturées, des environnements plus chargés… similaire à la peinture expressionniste germanique. Dans ce monde souterrain, le lien entre le monde des riches et celui des pauvres, est celui d’Enriqueta Marti, le coupable idéale.
Lluís Danés