Documentaire / Canada

L'OCÉAN VU DU COEUR

Longtemps, l’Océan nous a paru inaltérable e et inépuisable, mais l’impact de nos actions sur sa biodiversité et sa température est alarmant.

Dans L’Océan vu du coeur, suite de La Terre vue du coeur, Hubert Reeves, entouré de scientifiques, d’explorateurs passionnés, nous propose de redécouvrir ce qui le menace et surtout, sa capacité de régénération phénoménale. Un hymne au Vivant, dans ce qu’il a de  plus riche, de plus précieux et nécessaire à préserver si l’on veut survivre, parmi d’autres espèces, sur notre planète bleue.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2023

Iolande CADRIN-ROSSIGNOL et Marie-Dominique MICHAUD

Iolande CADRIN-ROSSIGNOL

Hubert REEVES, Frédéric LENOIR, Gilles BOEUF, Christian SARDET, Claire NOUVIAN…

1h36 – Couleur – Dolby Digital 5.1

13 Septembre 2023

ENTRETIEN AVEC LES RÉALISATRICES

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce documentaire, qui est la suite du film « La Terre vue du cœur » (2018) réalisé par Iolande Cadrin-Rossignol et mettant en vedette l’astrophysicien et militant écologiste Hubert Reeves ?

 

Marie-Dominique Michaud : L’idée est née à la sortie du documentaire « La Terre vue du cœur » à Paris. J’y ai rencontre deux amis proches de Hubert Reeves, Jean-Luc Wibaux et Veronique Ataly, dont le projet de documentaire en lien avec le déploiement d’un immense rāhui (interdiction collective et sacrée de la récolte d’une ressource pour la restaurer) en Polynésie française a avorté, puisque le gouvernement français avait refusé de donner son aval au projet. Ce fut l’élément déclencheur : pourquoi refuser cette possibilité de protéger l’Océan et sa biodiversité? Qui décide de ce qui se passe dans cet immense écosystème ? Je me suis alors intéressée à la haute mer et au fait qu’elle ne soit absolument pas réglementée, alors que son importance est vitale pour tout le vivant. Assez rapidement, l’idée de traiter de ces enjeux dans le cadre de la ligne éditoriale développée pour la réalisation de « La Terre vue cœur » s’est imposée. Tout comme son titre : « L’Océan vu du cœur ». Avec l’intuition que le rahui pouvait devenir une puissante métaphore et guider nos réflexions et actions collectives à prioriser dans un contexte de bouleversements climatiques et d’effondrement de la biodiversité, à l’échelle mondiale.

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Il est à noter que quand nous avons entrepris la recherche pour

documenter ce projet, en 2018, la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) n’avait pas encore été proclamée. Nous ne pourrions pas tomber plus a point que durant ce moment.

 

Ce film est-il complémentaire à « La Terre vue du cœur » ?

 

Marie-Dominique Michaud : Absolument, nous avons tenu à conserver la ligne éditoriale de « La Terre vue du cœur », c’est-à-dire que nous présentons à nouveau une pluralité de sujets (les coraux, les baleines, les requins, la pollution plastique, l’aquaculture, etc.) et des points de vue d’experts qui ont une crédibilité hors de tout doute lorsqu’ils se prononcent sur ces sujets.  Nous avons aussi creusé certaines thématiques du premier documentaire, comme le droit de l’environnement et l’économie circulaire du vivant. Ainsi, tous les spectateurs peuvent se faire une idée globale de l’état des lieux. Ils seront, par la suite, mieux outillés pour comprendre les nouvelles environnementales dans les médias et possiblement agir concrètement dans un domaine d’activité qui leur est accessible et qui les inspire.

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Avec « L’Océan vu du cœur », nous avons cherché à reconnecter les choses pour bien expliquer l’interdépendance du vivant. Par exemple, avec ses  excréments, la baleine fertilise le phytoplancton qui produit plus de 50 % de l’oxygène de l’air que nous respirons grâce a la photosynthèse. Et ce phytoplancton capture du carbone bien sur. Nous voulions ainsi établir un lien clair entre la biodiversité, déjà abordée dans « La Terre vue du cœur », et les changements climatiques, mais dont il était peu question dans les rapports du Giec, à ce moment-la.

 

Combien de temps avez-vous mis pour réaliser ce documentaire ?

 

Marie-Dominique Michaud : Le développement du projet a débuté en 2018, nous avons obtenu des aides significatives nous permettant de faire une recherche importante, avec nos collègues Veronique Ataly et Jean-Luc Wibaux. Au moment ou nous avons débuté le développement, l’Océan et ses enjeux écologiques n’avaient pas encore suscité l’attention des grands médias. Nous nous sommes rapidement rendus compte que la communauté des défenseurs de l’Océan était, somme toute, petite. Petite en termes de nombre d’individus, mais incroyablement efficace en termes d’actions porteuses, dont la publication en 2019 par le GIEC d’un rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique. Grâce au succès initial de « La Terre vue du cœur », de la confiance venant des participations confirmées d’Hubert Reeves, de Fréderic Lenoir, Lyne Morissette et de Mario Cyr, nous avons pu faire alors des approches, dont plusieurs rencontres avec une vingtaine de personnes expertes et de renommée internationale. Ce parcours, à la fois en développement et en production, nous a permis d’offrir un panorama très actuel de l’état des lieux.

 

Comment s’est faite la réalisation à quatre mains ?

 

Marie-Dominique Michaud : Iolande et moi, nous nous sommes rencontrées professionnellement dans le cadre du projet multiplateforme « Du Bing Bang au vivant » (2010) mettant en vedette Hubert Reeves. J’ai produit le volet multimédia de ce film incroyable, la deuxième œuvre de Iolande avec Hubert. Elle souhaitait développer dans un troisième opus, un aspect de la pensée de Hubert qu’elle n’avait pu qu’effleurer dans les films précédents : son engagement écologique, dont j’ai immédiatement vu et partage l’intérêt. Depuis « La Terre vue du cœur », nous sommes complémentaires au niveau professionnel, car nous sommes notamment issues de deux générations différentes.

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Nous devons beaucoup l’une à l’autre. Pour « L’Océan vu du cœur », je me suis consacrée à l’approfondissement de la recherche et de la scénarisation. Nous avons travaillé de concert sur les tournages au Québec, en France, en Ontario et à Vancouver et Marie-Dominique a assuré les tournages en Polynésie et en Colombie. Souvent, nous n’avions pas besoin de nous parler pour nous comprendre.

 

Dans la mesure du possible, le documentaire a-t-il été filmé de manière écoresponsable ?

 

Marie-Dominique Michaud : Nous l’avons tourné pendant la pandémie, ce qui n’a pas facilité la gestion du plastique à usage unique, notamment. Néanmoins, nous avons travaillé en équipe réduite. En Polynésie française, par exemple, nous avons collaboré avec un preneur de son local pour éviter de devoir réserver une place d’avion et un véhicule supplémentaire. Plus quotidiennement, nous avons trimballé notre propre bouteille d’eau, mangé des repas végétariens ou vegan, etc. À la toute fin de l’aventure, nous avons contrebalancé notre empreinte carbone via le programme d’un organisme de confiance.

 

Vous avez collaboré avec plusieurs scientifiques et militants de renommée internationale, comme Mario Cyr, Lyne Morissette, Gilles Boeuf, Valérie Cabanes et Tamatoa Bambridge. Comment avez-vous sélectionné vos experts ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Nous avions déjà en tête le sociologue et écologiste français Fréderic Lenoir. C’est le fruit d’une longue collaboration : cet ami d’Hubert Reeves avait déjà participé à mon premier film avec ce dernier – ‘Conteur d’étoiles’ – puis dans « La Terre vue du cœur ». En plus d’être très humble, il est un vulgarisateur né. La contribution d’Hubert s’est avérée incontournable et magique À titre d’exemple, tant Hubert que Fréderic ont suggéré que nous rencontrions Gilles Boeuf. Et c’est grâce a l’implication de Véronique Ataly et Jean-Luc Wibaux que nous avons connu l’œuvre de Sandra Bessudo etc. Ensuite, le choix des autres experts s’est fait naturellement puisque la communauté scientifique marine est comme une petite famille.

 

Marie-Dominique Michaud : Les intervenants ont été choisis pour plusieurs raisons : leur grande crédibilité, leur talent de communicateur, leur expertise en des domaines d’activités complémentaires, et enfin, pour leur engagement sur le terrain. Nous avons pu compter sur une participation généreuse de plusieurs personnes, qui, hélas, n’apparaissent pas toutes dans le résultat final. Celui-ci a été dicte par certains paramètres, dont le plus important était, à nos yeux, de tresser un fil narratif inspirant, qui permette que les histoires s’entrelacent, pour créer un objet cinématographique percutant. Les choix étaient néanmoins déchirants parce que certains experts étaient qualifiés dans plusieurs domaines. Ainsi, la biologiste Lyne Morissette, pouvait tout aussi bien nous parler de la pollution plastique que des mammifères marins. Au montage, nous avons sélectionné les propos qui nous permettaient de créer des histoires complètes. Nous demeurons cependant très reconnaissantes envers toutes les personnes interviewées et nous avons l’espoir de valoriser leur participation via d’autres formats de diffusion. Notamment, avec un site internet : « Vu du coeur ».

 

Aux yeux de plusieurs, les peuples autochtones sont les gardiens de la Terre. Était-il essentiel pour vous d’aller à leur rencontre en Arctique comme au Québec ?

 

Marie-Dominique Michaud : Oui, car les Autochtones, depuis des millénaires, entretiennent la conviction que chaque être vivant, des coraux aux baleines, a des dons et, par conséquent, un rôle à jouer dans la grande chorégraphie du vivant. Avec ce documentaire, nous voulions inviter les spectateurs à être plus attentifs à ces dons et aux manières dont nous pouvons collectivement les soutenir, plutôt que de continuer de croire que l’humain est l’être qui domine ‘la création’. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons mis de l’avant les illustrations de l’artiste d’origine Attikamek, Eruoma Awashish dans notre documentaire. En toute transparence, nous ne sommes pas allés en Arctique dans le cadre de la production du film. C’est à Montréal que nous avons filmé Siila Watt-Cloutier, activiste inuite renommée. Et ce sont les images incroyables tournées dans d’autres contextes par notre directeur photo et son acolyte : Noe Sardet et Sharif Mirshak, qui illustrent la grandeur et la beauté de l’Arctique alors que Siila nous interpelle a son sujet..

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Siila Watt-Cloutier, est une militante inuite* engagée dans la défense des droits ancestraux et des changements climatiques dans l’Arctique. Elle illustre parfaitement le lien étroit entre les êtres humains, les divers pays et leurs polluants. Elle s’est engagée dans l’action parce qu’au cours des années 80, les scientifiques avaient démontré qu’en utilisant l’insecticide DDT pour protéger leurs enfants de la malaria, les mères africaines contaminaient le lait des femmes du Grand Nord. Les dérives de ce pesticide s’étaient alors retrouvés par voie atmosphérique dans la chair des mammifères marins que consommaient les femmes Inuits. Ce premier combat de Siila et de son groupe a été couronné par la signature d’un traite international abolissant l’utilisation du DDT.

 

Le film est également riche en images diverses sous marines, terrestres, scientifiques, des hommes et de leurs impacts ? Comment avez-vous travaillé pour réunir autant de sources ?

 

Marie-Dominique Michaud : Un pourcentage important des images sont originales. Elles ont été réalisées grâce à une bonne préparation, mais surtout grâce au savoir-faire de l’équipe de tournage. Nous formions une petite équipe de 2 a 7 personnes selon la destination. Notre directeur photo, Noe Sardet et son équipe camera, Sharif Mirshak et Valentin Proulx, sont tous des aventuriers et manipulent aussi bien le drone que la camera sous-marine et/ou terrestre. Nous avons pu aussi compter sur plusieurs images originales de collaborateurs précieux, dont Sandra Bessudo, Yves Lefevre, Sea Shepherd, Cyril Chauquet etc. Nous sommes très fières de la qualité des images dans le film ! Et reconnaissantes pour le talent de ses artisans, tous et toutes amoureux de la nature et de sa beauté.

 

Comment avez vous pensé le travail d’animation ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Les magnifiques animations sont l’œuvre de notre directrice artistique, Eruoma Awashish et de son collègue animateur Etienne Deslieres. Eruoma a une double identité, soit Atikamekw par son père et québécoise par sa mère. Nous avons souhaité que la pensée circulaire autochtone imprègne le film. Les animations sont également des ponctuations qui permettent d’intégrer doucement des concepts plus complexes, en déployant brièvement sous nos yeux l’interconnectivité présente partout dans la nature.

 

Était-il primordial pour vous d’aborder les océans sous différents aspects, autant juridique, politique, sociologique, scientifique que spirituel ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Il s’agissait de faire saisir l’Océan dans sa globalité. Peu de personnes en connaissent tous les aspects. De l’Océan gelé de l’Arctique aux eaux chaudes de la Polynésie, du golfe du Saint-Laurent aux Caraïbes, tout spectateur peut y trouver son compte, selon son champ d’intérêt. S’il ne s’intéresse pas à l’intelligence émotionnelle des poissons, il peut s’initier à d’autres sujets, comme les aires marines protégées, les fonds marins, ou les lois en droit de l’environnement. Marie-Dominique Michaud : Tout comme pour « La Terre vue du cœur », nous avons souhaité offrir un état des lieux qui soit à la fois vaste et éloquent, non moralisateur et qui soit une inspiration à agir collectivement. Non seulement plusieurs sciences océanographiques y sont invoquées, mais nous avons inclus aussi la philosophie, le droit international, l’éthologie et l’économie car tous ces aspects contribuent à asseoir une vision d’ensemble riche et inspirante.

 

Pensez-vous que ce film puisse avoir un impact sur les décisions politiques environnementales dans le futur ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Nous pensons qu’il a ce potentiel. Ce film s’adresse à un vaste public. Il démontre l’importance de prendre la parole et d’agir collectivement. Arriver ainsi à rejoindre les acteurs politiques est une ambition incontournable.

 

Marie-Dominique Michaud : Le film est d’ailleurs distribué par des partenaires qui ont à cœur de créer des rencontres structurantes. Tant Maison 4:3 (Canada) que Les Alchimistes (France) préparent un parcours de diffusion qui implique des rencontres et débats en présence de différents acteurs de changements. Parmi ceux-ci, nous reconnaissons et nous comptons sur le plus vaste mouvement social qui existe à l’échelle planétaire. Il comprend les innombrables associations œuvrant dans la préservation de la nature, engagées à lutter contre les changements climatiques, à stopper l’effondrement de la biodiversité en misant sur la capacité phénoménale de celle-ci à se régénérer. Il ne faut pas oublier les individus : de simples citoyens qui cherchent à être informés de façon crédible et souhaitent agir de façon efficiente. Ce film se veut un lieu commun, un tremplin pour encourager les initiatives citoyennes existantes et peut-être en inspirer de nouvelles..

 

À la caméra, le sociologue et écologiste français Frédéric Lenoir parle de l’importance d’être dans l’action, de transformer les choses. Votre documentaire peut-il être perçu comme une oeuvre militante qui dépasse sa mission d’éducation et de sensibilisation ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Absolument, car nous sommes des militantes assumées. Avec ce documentaire, nous voulions éveiller les consciences en allant directement sur le terrain, avec des personnes passionnées et en exposant des cas de figure concrets. Mais plutôt que d’adopter une attitude moralisatrice ou alarmiste par rapport à l’avenir de notre planète, nous avons choisi de présenter des pistes de solutions, tels les corridors de coraux greffes en Colombie et le rāhui en Polynésie française. Nous voulions ainsi éviter de tomber dans des concepts abstraits, des données scientifiques trop complexes, ou encore nous voulions éviter de stimuler inutilement de l’écoanxiete en exposant un problème sans ses solutions.

 

Le budget de production était beaucoup plus conséquent pour ce tournage que celui du film « La terre vue du cœur ». Le succès de ce dernier est dû notamment à la réalisation de Iolande qui privilégie la vérité d’un visage à l’écran alors qu’il s’anime en transmettant son savoir, son espoir. Je l’ai souvent entendue citer: « le visage humain est le plus beau des paysages ». Pour « L’Océan vu du cœur », nous avons choisi de prioriser la continuité de cette signature tout en y intégrant, grâce aux moyens devenus disponibles, de nombreuses prises de vues en action de nos personnages. Ainsi que des séquences filmées en contre-plongées ou encore au ralenti, de façon à les magnifier. Ces personnes prennent d’immenses batailles sur leurs épaules. Ils nous émeuvent profondément. Nous avons souhaité mettre en avant leur engagement indéfectible, contagieux.

 

Votre documentaire montre que l’océan est une machine ayant la capacité de se régénérer très rapidement si la volonté des citoyens est au rendez-vous. Avez-vous confiance en l’avenir ?

 

Marie-Dominique Michaud : Il le faut ! Nous avons chaque jour des preuves que les plus jeunes connaissent bien les enjeux et agissent en conséquence. Ils font partie intégrante de toute solution. Nous nous devons de les inclure automatiquement dans toute discussion importante et de leur reconnaitre ainsi un pouvoir décisionnel. L’exemple des rāhuis de Teahupoo et de Tautira en Polynésie française en sont des exemples notables. Grâce à ces initiatives de la population locale soutenue par les enfants, le nombre de kilos de poissons commerciaux est passé de 60-70 à 400-450 par 1 000 mètres carres. Au-delà des enjeux de sécurité alimentaire pour les populations humaines, les rāhuis révèlent l’intelligence inhérente aux écosystemes naturels aquatiques qui se régénèrent rapidement grâce à la contribution de chaque espèce qui en font partie. Ils offrent ainsi une grande leçon de la force de l’interdépendance des espèces dans le royaume du vivant. Dont nous sommes.

 

Parlez-nous du livre éponyme… :

 

Iolande Cadrin Rossignol : Le livre de « L’Océan vu du cœur », un beau livre édité par les Editions du Seuil, nous présente plus en profondeur le parcours et la pensée de l’une ou de l’autre des protagonistes du film. Abondamment illustré, cet ouvrage complète et élargit la compréhension de leurs propos et suscite l’envie de protéger ce milieu ou vivent des êtres d’une sensibilité et d’une intelligence absolument méconnues, comme le décrit avec force détails l’éthologue Jonathan Balcombe ; Lyne Morissette nous émerveille par sa science et ses expériences uniques avec les baleines ; la jeune Atikamekw Uapukun Mestokosho nous raconte comment elle en est arrivée à se lancer à la reconnaissance de la personnalité juridique d’une rivière par son film ; Sandra Bessudo nous révèle ses découvertes des multiples splendeurs sous-marines du petit rocher de Malpelo ; Tamatoa Bambdrige et ses proches nous éclairent sur le renouveau de la culture polynésienne et la tradition du Rāhui… Il faudrait les nommer toutes et tous, ces « héros de l’océan », engagé.es à trouver des solutions aux menaces auxquelles ce milieu marin est confronté. Une notion forte se dégage du livre, tout comme dans le film : l’Océan a une énorme capacité de se régénérer rapidement, libre à nous de l’aider à le faire et de surmonter grâce à lui la terrible crise de la diversité biologique et du changement climatique qui nous hante.

 

Avez-vous d’autres projets à venir ?

 

Iolande Cadrin-Rossignol : Nous sommes actuellement en développement d’une série documentaire qui s’inscrit dans la continuité de ce film. Les protagonistes sont de véritables héros et nous souhaitons leur consacrer, un personnage à la fois, 52 minutes chacun pour les suivre dans leur univers, dans l’action.

À PROPOS DES RÉALISATRICES

Iolande CADRIN-ROSSIGNOL
Scénariste, Co-réalisatrice

 

Iolande Cadrin-Rossignol a œuvré à plusieurs titres dans le milieu cinématographique québécois. Après des études avancées en théâtre et en musique, elle œuvre en radio et en télévision. Elle se consacre ensuite à la scénarisation, la production et la réalisation d’un bon nombre d’œuvres cinématographiques, qui ont toujours atteint le grand public. Dans l’intervalle, elle devient productrice à l’Office National du Film, directrice de la production extérieure à Radio-Canada, et directrice par interim de la Cinémathèque québécoise durant près de quatre ans. Depuis 1999, ses œuvres les plus importantes, centrées autour de l’astrophysicien Hubert Reeves, ont révélé son aptitude à créer des contenus scientifiques captivants avec « Conteur d’étoiles », puis « Du Big Bang au Vivant ». Avec « La Terre vue du cœur » – avec Hubert Reeves, elle a pu manifester ouvertement son propre engagement écologique, qui avait été, du reste, à l’origine de sa première incursion en cinéma (1973). Dans un même élan, dans « L’Océan vu du cœur », co-réalisé avec Marie- Dominique Michaud, elle propose une vision encore plus vaste de la situation de la biodiversité et du climat sur la planète. À la demande des Editions du Seuil, elle a approfondi les fils conducteurs de ces documentaires dans deux « beaux livres » : « La Terre vue du cœur » (2019) et « L’Océan vu du cœur » (2023).

 

Marie-Dominique MICHAUD
Productrice, Co-réalisatrice

 

Passionnée par le contenu et la création, Marie- Dominique possède plus de 15 ans d’expérience dans la gestion d’équipes multidisciplinaires dans les secteurs des nouveaux medias, de la télévision et du cinéma, principalement à titre de productrice. Notamment avec en nouvelles écritures avec « Les Enfants de La Bolduc » (plusieurs fois primes au Québec et à l’international), « In the Mouth » et « Loov.ca », en télévision avec 3 saisons de la série « Toi & Moi » diffusée à Radio Canada et au cinéma avec les longs métrages de fictions « Le Torrent » de Simon Lavoie et « Gurov & Anna » de Rafael Ouellet et le documentaire « La Terre vue du cœur » de Iolande Cadrin Rossignol avec qui elle a cosignée le scenario. Avec « L’Océan vu du coeu »r, elle signe une première coréalisation. Son amour du vivant et sa passion pour le comprendre et transmettre un savoir crédible et inspirant à son sujet sont au cœur de son engagement professionnel. La série de 6 épisodes de fiction « Les Affluents » présentement en production, dont elle est l’instigatrice et la productrice au contenu en témoigne. Elle partage le concept original avec la réalisatrice Sophie Deraspe et la productrice Marie-Eve Pelletier (PIXCOM). Tout comme la série documentaire à venir de 4 X 52 minutes inspirée du long métrage « L’Océan vu du cœur », qui suivra les héros de la protection de l’Océan (découverts dans le cadre de la réalisation du film « L’Océan vu du cœur ») dans leurs actions, leurs découvertes, révélant le legs qu’ils offrent à nous tous.

PRÉSENTATION DES INTERVENANTS

Hubert Reeves

 

L’astrophysicien Hubert Reeves est un scientifique accompli, spécialiste de la nucléosynthèse stellaire et primordiale, a qui l’on doit des travaux importants sur l’origine des éléments légers. Il est aussi le vulgarisateur scientifique le plus célèbre de toute la francophonie. Humaniste et écologiste engage, il a mis sa notoriété au service d’une cause : laisser aux générations futures une planète habitable. Les heures sont comptées, dit-il, et les découvertes scientifiques qui font de nous les « enfants du cosmos » nous rendent responsables de la survie de l’humanité sur cette terre. Militant de longue date et premier président de l’Association francaise Humanité et Biodiversité, il a été nommé en 2016 Président d’honneur de la nouvelle Agence française de la biodiversité.

 

Frédéric Lenoir

 

Né en 1962, il est philosophe et sociologue, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages (essais, romans, contes, encyclopédies), traduits dans une vingtaine de langues et vendus à sept millions d’exemplaires dans le monde, Il écrit aussi pour le théâtre, la télévision et la bande dessinée. Ecologiste de longue date, il publie notamment « Mal de Terre », « La guérison du monde », puis « Lettre aux animaux » et enfin, en 2020, « D’un monde à l’autre », une sorte de manifeste dans lequel il déclare que nous vivons un moment décisif pour l’avenir de l’humanité. Il a également cofondé l’association « Environnement sans frontieres » aux cotés de l’astrophysicien Hubert Reeves et milite pour la reconnaissance des animaux comme des êtres sensibles. Pour lui, la philosophie devrait commencer au berceau, ou presque.

 

Claire Nouvian

 

Militante écologiste, présidente-fondatrice de l’Association BLOOM. Ancienne journaliste et réalisatrice de documentaires, elle fut nommée « Ange gardien de la planète » par le magazine Géo pour son engagement dans la protection des milieux aquatiques méconnus et vulnérables. Claire joue un rôle important, en France et dans le monde, dans les consultations politiques concernant la Pêche et l’environnement marin. Son action vigoureuse a permis d’interdire la pêche de chalutage en territoire français, ce qui lui vaut en 2018 un prix Goldman pour l’environnement, qui est l’équivalent d’un prix Nobel dans le domaine. Son action sur l’interdiction de la pêche électrique est toujours en cours, et son action dans l’interdiction de la pêche au chalutage inspire les citoyens à se mobiliser concrètement pour stopper les actions mortifères des armateurs industriels. Après un bref passage en politique, cette ardente militante a décidé de garder sa liberté de parole et surtout d’action en maintenant le financement des activités de Bloom totalement indépendant. Claire Nouvian est une fine stratège, et elle croit en la capacité de mobilisation citoyenne, laquelle ne peut que se fédérer à partir du partage d’informations concrètes, documentées, indépendantes et crédibles.

 

Tamatoa Bambridge

 

Professeur et directeur de recherche au CNRS. Anthropologue au Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (Criobe). À Moorea, ses travaux portent sur le pluralisme juridique en matière foncière, les savoirs traditionnels relatifs à la biodiversité et la gouvernance contemporaine des aires marines en Océanie. Il a dirigé plusieurs programmes de recherche à l’échelle internationale, européenne et nationale, en particulier en Polynésie française et en Nouvelle- Calédonie. Dans ses nombreux ouvrages, il s’intéresse à la question de la « tragédie des biens communs ». En réponse, il aborde la possibilité de leur régénération, par des pratiques traditionnelles, telles que le Rahui Nui. Son action sur le terrain est éloquente à plusieurs niveaux. Tamatoa s’entoure également d’experts sans diplômes reconnus par les institutions académiques mais honores dans la culture traditionnelle polynésienne; nommes « Taroa ». En mettant à profit son titre au sein du CRIOBE pour valider les connaissances impressionnantes et tout à fait juste au regard de la science formelle, de ces « Taroa » il redonne le pouvoir aux communautés pour prendre en charge leur destinés alors que la menace de la montée des eaux et des autres effets lies aux changements climatiques se font ressentir concrètement. Il est un vibrant communicateur qui honore la sagesse de l’expérience, de la transmission de connaissances, et du rôle joue par les croyances spirituelles animistes ancestrales partagées, comme autant de vecteurs d’actions collectives cohérentes.

 

Sandra Bessudo

 

Biologiste et écologiste franco-colombienne, Sandra Bessudo est nommée ministre de l’environnement de la Colombie en 2010 et agit ensuite comme haute conseillère de l’Environnement auprès du président. Elle représente d’ailleurs la Colombie à la COP 21 (2015). Plongeuse passionnée des son adolescence, elle découvre en 1989 Malpelo, une petite ile volcanique de 1,5 km2 située a 490 km à l’ouest de la cote de Buenaventura dans l’Océan Pacifique de Colombie. Ses parois plongent à plus de 4 000 mètres de profondeur, abritant nombre d’espèces et d’énormes rassemblements de requins, chasses sans relâche par des pêcheurs pour leurs ailerons, très prisés en Asie. Elle en tombe passionnément amoureuse et grâce à sa détermination, Malpelo est devenue une aire marine protégée en 1995 alors qu’elle crée la Fondation éponyme. Depuis 2006, l’ile est classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Ses derniers travaux visent à étendre les aires de protection afin d’y inclure les parcours des requins marteaux femelles qui semblent mettre bas aux iles Galapagos. Sandra œuvre à divers projets de régénération et de protection des écosystèmes marins dans son pays. Ayant à coeur d’y inclure la force citoyenne par l’éducation et l’implication des communautés. Il faut la voir, sourire éclatant, intransigeante et toujours en action, défendre la mer et ses habitants.

 

Daniel Pauly

 

Daniel Pauly est le scientifique spécialiste des pêcheries le plus cité au monde et fait partie des cinquante lanceurs d’alerte les plus importants sur la planète. Chevalier de la Légion d’honneur et codétenteur du prix Tyler 2023 – l’équivalent du Nobel de l’écologie – il a passé la majeure partie de sa vie à documenter et révéler le déclin exponentiel de la biomasse dans l’océan et le rôle mortifère des armateurs industriels dans cet alarmant constat. Son indignation et son humanisme plongent leurs racines dans une histoire personnelle bouleversante, qui lui a donné le courage et le désir de lutter sans relâche contre les lobbies de la politique et des institutions universitaires et de travailler au profit des pays en développement. Il le fait notamment en dénonçant l’exploitation des populations vulnérables par le système colonialiste prédominant. Le destin des habitants de l’Océan et le notre est indissociables et Daniel Pauly le démontre avec une éloquence qui touche au génie.

 

Valérie Cabanes

 

Juriste internationaliste, spécialisée dans les Droits de l’Homme et le Droit humanitaire, Valérie Cabanes est impliquée dans la défense des droits des peuples autochtones et la reconnaissance des droits de la Nature et, à ce titre, conseille l’initiative des Nations Unies  » Harmony with Nature », l’ONG Stop Ecocide International et fait partie du comité directeur de la Global Alliance for the Rights of Nature. Elle a cofondé en France l’ONG Notre affaire a Tous qui oeuvre en faveur d’une justice climatique et est à l’origine de l’Affaire du siècle, ainsi que le programme Wild Legal, école des droits de la Nature. En 2013, elle a lancé une initiative citoyenne européenne sur le crime d’écocide en France, puis en 2014 un mouvement citoyen mondial nomme End Ecocide on Earth qui plaide pour l’inscription dans le droit pénal international du crime d’écocide. En 2020, elle a intégré le panel d’experts internationaux

charges par la Fondation Stop Ecocide de rédiger une définition juridique de l’écocide. Elle a publié  » Un nouveau Droit pour la Terre, pour en finir avec l’écocide  » (Seuil, 2016 – Points, 2021) et  » Homo Natura, en harmonie avec le vivant  » (Buchet/Chastel, 2017). Sa démarche rigoureuse permet de lier le juridique à la science. Se faisant elle met en lumière l’urgence de soumettre la loi juridique, instaurée par les humains, à celle de la nature qui dicte de facto notre capacité à continuer d’exister en tant qu’espèce vivante. Son approche intègre à la fois la nécessité de donner des droits à la nature et celle de légiférer avec force pour punir les actes contrevenants à ce droit à la Nature. Valérie nous rappelle que nous devons nous investir dans notre contribution au vivant. Pas seulement pour les humains, mais pour toutes les espèces.

 

Lyne Morissette

 

Docteure en zoologie, spécialiste des mammifères marins et écologiste reconnue, elle a grandi sur les rives du Saint-Laurent ou elle a développé une fascination pour l’océan. Son initiative de récupération des déchets en bord de mer : Mission 100 tonnes, a remporté le prix Demain le Québec de la Fondation Suzuki et a été reconnue au sommet G7 des océans comme une des 200 initiatives les plus inspirantes au monde pour protéger les océans. Elle a crée l’Ecole de la mer à Sainte-Luce, qui a pour but d’éduquer les jeunes à partir du monde maritime. Elle s’illustre régulièrement par ses efforts de vulgarisation auprès du grand public. Ses dernières recherches sur les fèces des baleines, et leurs rôles essentiels dans la fertilisation du plancton et donc dans l’apport d’oxygène à la planète, suivies de ses représentations au FMI, ont permis d’attribuer une valeur monétaire aux services rendus par les cétacés, chiffres à plusieurs millions de dollars par cétacé. Le FMI a invité tous les leaders de la planète à tout mettre en œuvre pour augmenter la population de cétacés, ce faisant, ils ont insisté sur le fait qu’aucune technologie humaine ne saurait remplacer leur contribution réelle à la sauvegarde d’une planète habitable pour tous.

 

Mario Cyr

 

Directeur photo, explorateur des fonds marins. Reconnu à travers le monde pour ses images à couper le souffle, il a collaboré à plus de 150 documentaires produits par Discovery Channel, National Geographic, IMAX, la BBC et Disney. Il a plus de 500 conférences-spectacles à son actif. Ses aventures incroyables captivent de vastes auditoires ici, en Europe et même d’Asie, ou ses photos se retrouvent dans de grandes expositions et en couvertures de magazines. Considéré comme l’expert mondial de la plongée sous les glaces, Mario Cyr est également un Madelinot engagé dans sa communauté. Il est un témoin de première ligne d’un avenir qui semble vouloir faire des Madelinots de futurs réfugiés climatiques. Sa contribution à « L’Océan vu du cœur » est multiple. Nous lui devons non seulement des images magnifiques dont celle de la baleine et son baleineau, prises en République Dominicaine, mais également sa verve et sa passion pour la protection du vivant, pour maintenir les conditions essentielles pour assurer une terre habitable pour ses petits-enfants.

 

Jonathan Balcombe

 

Biologiste, il est titulaire d’un doctorat en éthologie. Il étudie le comportement des animaux. Il est l’auteur de quatre livres de vulgarisation scientifique sur la vie intérieure des animaux, notamment « Pleasurable Kingdom », et « What a Fish Knows », un best-seller du New York Times. Il a publié plus de 60 articles scientifiques et chapitres d’ouvrages sur le comportement et la protection des animaux. Directeur des études sur la sensibilité des animaux à l’Institut des sciences et des politiques de l’Humane Society, Jonathan travaille en tant qu’auteur indépendant. Conférencier populaire, Jonathan a donné des conférences sur six continents. Son empathie curieuse l’a menée vers des découvertes incroyables, dont l’étonnante vie des insectes, menant à la publication de son plus récent livre (2020) « Super fly » dont la préface est signée par nulle autre que Jane Goodall. Il possède une façon unique de nous laisser percevoir la vie riche et sensible des espèces vivantes non-humaines et d’en êtres touchés durablement.

 

Sheila Watt-Cloutier

 

En 2002, elle devient présidente de la Conférence circumpolaire inuite, poste qu’elle occupe jusqu’en 2006. C’est en constatant l’influence de la pollution et du réchauffement climatique sur le mode de vie traditionnel des Inuits qu’elle s’engage dans la lutte écologique. En 2005, elle dépose avec 62 autres Inuits une plainte à la Commission interaméricaine des droits de la personne. Dans ce rapport de 167 pages, ils proclament que les changements climatiques génèrent des préjudices tragiques à leur peuple, ce que Sheila réaffirme dans son livre « The right to be cold ». En octobre 2015, elle reçoit le Prix Nobel alternatif (Right Livelihood Award) pour son travail de protection des Inuits de l’Arctique, et notamment leur droit à conserver ce qui constitue leurs moyens de subsistance et leur culture, gravement menacés par le changement climatique.

 

Gilles Bœuf

 

Gilles Boeuf est Professeur émérite à Sorbonne Université et professeur consultant à AgroParisTech. Il a présidé 7 ans le Museum National d’Histoire Naturelle à Paris, entre 2009 et 2015. Il a été professeur invité au Collège de France pour l’année universitaire 2013-2014, sur la Chaire  » Développement durable, énergies, environnement et sociétés « . Il a été deux ans conseiller scientifique au Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer. Gilles Boeuf est océanographe, spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité. Il est aujourd’hui président du CEEBIOS, centre d’étude et d’expertise sur le biomimétisme. Il a reçu en 2013 la Grande Médaille Albert 1er de Monaco pour l’ensemble de sa carrière, dédiée aux mers et à l’Océan. Son charisme est spectaculaire, tout autant que sa capacité à communiquer avec vivacité des informations a priori arides et hors de portée pour une majorité de personnes.

 

Chloé Dubois

 

Chloé Dubois est la présidente et membre fondatrice de la Fondation Ocean Legacy, un programme intégratif qui vise à créer des solutions pragmatiques qui stimulent la circularité des ressources et l’économie circulaire du plastique retrouvé dans les environnements aquatiques naturels. Elle a travaillé dans le secteur du développement communautaire et à but non lucratif au cours des 15 dernières années. Depuis qu’elle a cofondée Ocean Legacy en 2013, elle a organisé plus de 30 expéditions de nettoyage approfondi dans 4 pays et a fait participer des centaines de milliers de personnes à des actions directes de nettoyage, d’éducation et de recyclage. Elle est titulaire d’un diplôme de premier cycle avec mention en gestion de l’environnement et des ressources et d’un diplôme en évaluation environnementale stratégique de l’université de Waterloo, au Canada. Elle est également titulaire d’une maîtrise en études internationales avec des intérêts dans le développement économique international à l’Université Simon Fraser, Colombie-Britannique. Elle contribue par ses travaux à la recherche critique sur le changement climatique, à la recherche sur les microplastiques et à l’analyse de la qualité de l’eau et du sol. Généreuse dans le partage de son parcours, elle réussit à communiquer l’importance de se donner l’espace, de trouver des alliés, afin de transcender l’éco anxiété qui séparent les individus au profit de solutions collectives porteuses.

 

Christian Sardet

 

Biologiste et artiste, il a commencé ses recherches sur les cellules à Berkeley (Université de Californie) après sa formation d’ingénieur biochimiste INSA Lyon (1967). De retour en France, il poursuit ses recherches au Centre de Génétique Moléculaire (CNRS Gif sur Yvette) puis rejoint la Station Marine de Villefranche sur Mer (IMEV) ou, en 1983, il fonde et dirige un laboratoire de recherche sur les cellules et embryons (CNRS et Sorbonne Université). Ses travaux de recherche sont reconnus par plusieurs prix dont le Grand prix des Sciences Marines de l’Académie des Sciences. Le prix Européen de la communication (EMBO) lui est attribué pour ses contributions à la diffusion des connaissances sur les cellules et embryons. En 2009 Christian Sardet participe à la création de l’expédition Tara Oceans, une étude globale du plancton qui se poursuit. Il popularise les organismes du plancton à travers le projet art et sciences « Chroniques du plancton ». Il publie en 2013 le livre  » Plancton – aux origines du vivant (Ulmer)  » . Son interprétation du monde invisible via ses dessins aussi beaux que rigoureux offre une poésie unique qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ceux qui le compose.

 

Hinano Murphy

 

Au cours de sa vie professionnelle, Hinano a été professeure des écoles, conseillère pédagogique, conceptrice-présentatrice d’émissions scolaires bilingues de 1976 à 2005, avant d’occuper les fonctions de conseillère technique auprès du ministre de l’Education jusqu’en décembre 2007, puis celles de directrice-adjointe de la station de recherche GUMP (Université de Berkeley) située à Moorea, île où elle vit depuis son enfance. Elle préside depuis sa création l’association culturelle Te Pu Ati Ti’a afin de sauvegarder la langue tahitienne et le patrimoine culturel polynésien. Il y a 6 ans, elle réussit à convaincre le groupe Walt Disney de faire une version en tahitien de son film d’animation Moana. A l’instar de Tamatoa, Hinano réhabilite les compétences essentielles des ”Taroa” dans la réflexion et dans les actions collectives à poser face aux défis immenses générés par la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité. Comme elle le dit si bien : quand on connait notre territoire, que nous écoutons les pêcheurs, les navigateurs, nous sommes informés des moindres changements et nous pouvons alors réagir. Et le peuple Polynésien, comme tous les peuples insulaires, sont les premiers au front et ont un rôle à jouer pour nous interpeller à agir ensemble.

 

Laetitia  Hédouin

 

Laetitia Hedouin, scientifique passionnée spécialiste du corail, ne pouvait pas choisir de vivre et d’effectuer ses travaux dans un lieu plus favorable que le Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (CRIOBE/CNRS) à Mo’orea. Concentré sur les récifs coralliens de demain, le CRIOBE s’implique aussi dans leur préservation à l’échelle mondiale. Au printemps 2019, en tant que cheffe d’une expédition soutenue par l’UNESCO, Laetitia Hedouin a découvert au large des cotes tahitiennes une vaste zone de récifs « vierges » totalement ignorée jusqu’alors. Pour mieux capter la rare lumière du soleil à de telles profondeurs, les coraux s’étalent sous forme de très larges pétales de roses. Ils demeurent profondément cachés sous l’eau et ne sont pas touchés par le changement climatique. Cette découverte a surpris tous les experts dans ce domaine. Auparavant, Laetitia Hedouin avait aussi planté dans le Pacifique une impressionnante forêt corallienne, car ces précieux récifs sont menacés de disparaître à très court terme. Il faut trouver de nouvelles solutions, ce qu’elle s’emploie à faire. Cette exploratrice née, nous raconte l’histoire fascinante de la vie sexuée des coraux. Et ce faisant, elle transforme complètement notre perception de ces êtres essentiels à notre propre survie.

 

Uapukun Mestokosho

 

Uapukun Mestokosho est Innue et demeure à Ekuanitshit. Militante et cinéaste, elle œuvre pour la protection du Nitassinan (le territoire ancestral). Elle est maintenant ambassadrice à Puamun Meshkenu,  » chemin des mille rêves  » en Innu-aimun. Elle croit que le bien-être vient du territoire, alors prendre soin du territoire, c’est prendre soin de soi. Elle rêve d’un monde en harmonie, entre les peuples, et avec la Terre-Mère, car selon elle, il est grand temps de se rassembler pour se décoloniser. Son travail a largement contribué à faire reconnaître la rivière Magpie comme sujet de droit, en défendant ce droit sur des tribunes reconnues telles les Nations Unies. Son amour pour sa nièce est le moteur de son engagement. Et l’exemple de l’œuvre militante et littéraire de sa mère son inspiration. Elle, qui préférerait simplement habiter son territoire selon les traditions ancestrales, sort avec détermination de sa zone de confort pour que sa nièce puisse explorer ce même territoire, protégée et lumineuse sur le dos d’un Caribou. Pour que cela se puisse, c’est la contribution de chacun qui est nécessaire.

 

Charles Ariitetoa Rochette dit Patrick

 

Charles Ariitetoa Rochette, dit Patrick, est agriculteur, pêcheur et ambassadeur de la culture à Teahupoo. Soucieux de l’avenir des traditions ancestrales, il a publié un ensemble de récits destiné aux enfants. Depuis dix ans, il gère et anime le rahui et continue à en faire la promotion dans son district et dans toutes les autres communes qui en font la demande. Tamatoa Bambridge, ami et allié, a su faire reconnaître le savoir plus que impressionnant de Patrick, en le documentant et en le confrontant aux données scientifiques reconnues. Il le considère comme un érudit dans la transmission orale alors que Patrick peut raconter des histoires sur la culture de son pays qui remontent jusqu’au XIII siècle ! Il maitrise également le savoir des plantes qui, variées et abondantes, composent la flore de la Polynésie française: leurs usages thérapeutiques selon leurs évolutions au rythme des saisons, de la racine jusqu’aux fleurs. Ce savoir qu’il partage avec d’autres “Taroa” est validé par les chimistes qui ont confirmé que 99% des principes actifs des plantes testées, destinées à l’utilisation des gens pour soigner leur congénères étaient efficaces…

 

Éric Pedupede

 

Militaire retraité, Eric Pedupede, vigilant gardien du rahui de Tautira, est un ardent promoteur des valeurs des anciens. C’est avec une verve savoureuse qu’il raconte qu’un « vrai » Polynésien respecte fidèlement les interdits et n’entre nulle part sans demander la permission de le faire, non seulement aux êtres humains, mais également aux arbres, aux plantes, à l’ensemble de ce qui compose un territoire. Parce que la beauté de la vie impose la responsabilité de la préserver , il en est un défenseur inépuisable.. Grand-père, ancien militaire, pêcheur et citoyen inspirant, il indique le chemin.

CE QU'EN DIT LA PRESSE

aVoir-aLire.com

Un très beau documentaire qui déjoue les attentes. S’il évoque une urgence écologique, le film refuse la forme du cri d’appel. Il n’en est que plus convaincant.

 

LES FICHES DU CINÉMA

Du Québec à la Colombie en passant par la France et les régions australes, un tour d’horizon pédagogique, édifiant, vif, jamais stigmatisant, sur l’état dramatique de nos océans et les solutions possibles pour peu qu’on agisse en citoyens plutôt qu’en consommateurs.

LISTE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

Réalisé par : Iolande Cadrin-Rossignol et Marie-Dominique Michaud
Avec : Hubert Reeves, Frédéric Lenoir, Gilles Bœuf, Christian Sardet, Claire Nouvian, Valérie Cabanes, Mario Cyr, Lyne Morissette, Jonathan Balcombe, Sandra Bessudo, Daniel Pauly, Chloé Dubois, Siila Watt-Cloutier, Uapukun Mestokosho, Tomatoa Bambridge, Éric Pedupede, Hinano Murphy, Patrick Rochette, Laetitia Hédouin
Scénario : Iolande Cadrin-Rossignol
Co-concepteurs du film : Jean-Luc Wibaux et Véronique Ataly
Produit par : Jane Losa Films, Marie-Dominique Michaud, Chantale Pagé, Hippolyte de Chanlaire
Chef opérateur : Noé Sardet
Montage image : Pierre Tremblay
Conception sonore & musique originale : Fabienne Lucet

HORAIRES DU 27 SEPTEMBRE AU 3 OCTOBRE

Mercredi, Vendredi : 16h20
Dimanche : 12h45
Mardi : 18h10