Documentaire / Australie

MY NAME IS GULPILIL

Arraché au bush australien alors qu’il n’était qu’un jeune garçon, David Gulpilil va devenir la première icône aborigène sur grand écran. Partagé entre les traditions de son peuple et les excès hollywoodiens, l’acteur et danseur aux multiples talents nous raconte le voyage extraordinaire qu’a été sa vie.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2021

Molly REYNOLDS

David GULPILIL, Mary HOOD, Mary DHAPALANY, Evonne MUNUYNGU, Peter DJIGIRR

1h45 – Couleur –  Dolby Digital 5.1

31 Août 2022

CONTEXTE

En 2017, l’acteur David Gulpilil apprend qu’il a un cancer du poumon et qu’il lui reste 6 mois à vivre. Mais défiant tous les pronostics, Gulpilil marque ses 50 ans de carrière au cinéma en foulant le tapis rouge pour la première mondiale de « My Name is Gulpilil » au Festival d’Adélaïde en mars 2021.

 

Gulpilil est une figure emblématique du cinéma australien. Il est le seul acteur à avoir joué dans les deux films australiens les plus rentables de tous les temps, « Crocodile Dundee » (1986) et « Australia » (2008). David Gulpilil est connu à travers le monde pour ses performances inoubliables – depuis le rôle qui l’a révélé dans « Walkabout » (1971) en passant par des films tels que « Storm Boy » (1976), « Mad Dog Morgan » (1976), « The Last Wave » (1977), « The Tracker » (2002), « Rabbit Proof Fence » (2002), « The Proposition » (2005) et son rôle récompensé par le prix du meilleur acteur à Cannes dans « Charlie’s Country » (2013).

 

Ayant porté à l’écran tant d’histoires légendaires, Gulpilil, en phase terminale de sa maladie, partage généreusement son histoire avec nous dans « My Name is Gulpilil ». L’acteur, danseur, chanteur et peintre nous emporte avec audace vers le voyage extraordinaire qu’a été sa vie.

 

David Gulpilil est décédé en novembre 2021.

NOTE D'INTENTION DE LA RÉALISATRICE

Il faut une certaine force de caractère pour travailler avec David. Malgré tout son charisme, sa grandeur et son talent, il pouvait être imprévisible, difficile et frustrant. Mais il reste inégalable ; Gulpilil fut le premier de son peuple à apparaître à l’écran en tant qu’acteur, et à être véritablement considéré comme tel.

 

La culture de David, ses prouesses de chasseur, de peintre, de chanteur et de danseur lui ont donné une personnalité unique à l’écran. Mais avec l’érosion des cultures autochtones, des personnalités comme celles de Gulpilil n’existeront plus jamais.

 

Quand je me suis lancée dans ce film, je ne savais pas où il nous emmènerait. En y repensant, la réponse réside dans trois choix. Le premier, c’est qu’il s’agirait de l’histoire de David sur sa vie. Le deuxième, c’est qu’il parlerait directement à la caméra. Et le troisième est que personne ne parlerait pour lui, ni à propos de lui. Nous allions tenter de recréer son monde.

 

Pour ceux qui ne le connaissent pas, David pouvait avoir l’air d’un conteur désordonné, très enclin aux sophismes. Mais derrière ces apparentes divagations, il organisait ses pensées et les tissaient dans des narrations en accord avec sa compréhension du monde. La fin de ses histoires, qui pouvait prendre une heure ou plus, aboutissait habituellement à une synthèse poétique et parfaite.

 

J’avais particulièrement à coeur de préserver la sensibilité de David dans ce film, ainsi que les étranges connections qu’il a formé dans sa vie. Après tout, qui d’autre peut prétendre avoir fumé son premier joint avec Bob Marley ?

 

Si je devais résumer la vie de David en un seul mot, ce serait « surréelle ». La nature de ses expériences, ses rencontres et autres escapades le sont certainement. Plus d’une fois, David a dîné avec la Reine d’Angleterre et plus d’une fois il s’est retrouvé en prison. En gardant ce sens du « surréel » à l’esprit, on peut entrer dans le monde du réalisme magique. Les images que nous avons filmées par la suite ont vraiment permis au film de jouer sur ce point.

 

A mon sens, la partie la plus inattendue de cette aventure a été l’amour et l’affection qui ont éclos entre David et moi. Collaborer avec lui fut un véritable plaisir. Oui, il a eu ses mauvais jours mais ils étaient sporadiques. N’étant plus toxicomane ni alcoolique, David s’est comporté en vrai professionnel, dévoué à son métier, et déterminé à rétablir sa réputation afin de prouver une fois pour toutes qu’il était le meilleur.

L'HISTOIRE DE LA PRODUCTION

En 2017, quand David a su qu’il avait un cancer du poumon, il a tenu désespérément à continuer à travailler. C’est à ce moment-là que Rolf de Heer et moi avons eu l’idée de faire un documentaire. Pour David, il était question de réaliser son dernier film, le chef-d’oeuvre qui s’achèverait sur ses cérémonies funèbres et son esprit retournant à sa source. Amanda Duthie, alors au Festival du film d’Adélaïde, fut la première à reconnaître qu’un tel film se devait d’exister. C’était, après tout, ce que David méritait. Nous le lui devions tous.

 

Alors même que le financement commençait à se mettre en place, nous avons commencé à filmer. Trente jours de tournage avaient été budgétés et nous les avons rapidement bouclés. Nous avions toutes les images qu’il nous fallait. A ce stade, nous étions prêts pour la prochaine étape, lorsque le corps de David retournerait à son pays pour la cérémonie.

 

Mais, égal à lui-même, David défia son destin. 2017 laissa sa place à 2018, et bien qu’il ait souvent semblé à l’article de la mort, rien ne l’arrêtait. Il m’appelait régulièrement : « Molly, Molly, ma petite, quand est-ce qu’on tourne ? » Nous avons continué à tourner. 2018 puis 2019. Et nous continuions toujours. Cela donnait à David un objectif sur lequel se concentrer et nous offrait le luxe d’élaborer des plans de plus en plus fantastiques, et d’accumuler des images remarquables.

 

Nous sommes arrivés en 2020 avec environ 60 jours de tournage à notre actif. Rolf le producteur m’a dit : « Ça suffit Molly, si nous ne terminons pas ce film, il va nous ruiner. » Alors, avec l’accord de David, nous avons fini de tourner et avons complété le film. L’acteur principal était donc présent pour sa première projection, et non pas six pieds sous terre comme c’était prévu. La première du film eu lieu au Festival du Film d’Adélaïde, en présence de 1 500 personnes, le 12 mars. David était absolument ravi.

UNE COLLABORATION QUI DURE DEPUIS VINGT ANS

David Gulpilil peut être considéré comme l’acteur autochtone australien le plus emblématique de l’histoire du cinéma australien, avec une carrière cinématographique légendaire qui s’étend sur plus de 50 ans.

 

Mais son premier rôle principal dans un long-métrage n’est venu que 30 ans après ses débuts dans « Walkabout » (1971) de Nicholas Roeg.

 

C’est avec « The Tracker » (2002) de Rolf de Heer que la carrière de David se lance pour de bon. « The Tracker » a fait sa première au Festival du film de Venise, en compétition officielle.

 

Un lien fraternel s’est forgé entre Gulpilil et de Heer, qui ont collaboré sur de nombreux projets au cours des 20 années suivantes.

 

Gulpilil avait de longue date le souhait de faire un film sur son pays et son peuple. Leur prochaine collaboration donna lieu au film « Ten Canoes » (Dix canoës, 150 lances et 3 épouses) en 2006 – le premier long-métrage australien entièrement tourné en langue autochtone australienne.

 

Avec une histoire se déroulant à une époque mythique, mille ans avant l’arrivée des européens, le film a constitué un tournant décisif dans l’histoire du cinéma australien. « Ten Canoes » a remporté le Prix du Jury à Cannes et a réalisé presque 4 millions de dollars au box-office australien.

 

Scénariste, réalisatrice et productrice de documentaires, Molly Reynolds est devenue partie intégrante de cette collaboration en poursuivant des projets parallèles avec Gulpilil et de Heer.

 

Avec Tania Nehme, Reynolds réalise le making-off de « Ten Canoes, The Balanda and the Bark Canoes » (2006). Elle développe également le site web innovant 12canoes.com.au ainsi que le long-métrage documentaire « Twelve Canoes » (2008).

 

Autre figure centrale de cette collaboration, Peter Djigirr, qui a participé aux projets des « Canoes » en tant que consultant culturel, ainsi qu’en tant qu’acteur et co-réalisateur de « Ten Canoes ».

 

En 2011, Gulpilil était à la croisée des chemins, après avoir été en prison. Il collabore à nouveau avec de Heer pour écrire l’histoire d’un homme pris entre deux cultures. « Charlie’s Country » (2013) est réalisé par de Heer avec Gulpilil dans le rôle principal. Le film est sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard où Gulpilil reçoit le prix du Meilleur Acteur.

 

Peter Djigirr, acteur et producteur de « Charlie’s Country », accepta le prix de Gulpilil en son nom.

 

« Charlie’s Country » devint le premier de trois projets « Country », suivi des documentaires « Still Our Country » (2014) et « Another Country » (2015), tous deux réalisés par Reynolds et produits en partie par Peter Djigirr.

 

« Another Country », basé sur un scenario de de Heer, Gulpilil et Reynolds, et narré par Gulpilil, raconte l’histoire d’un « autre pays » dont les coutumes ont été interrompues par l’arrivée d’une nouvelle culture. Le film témoigne du chaos causé par la surimpression d’une culture sur une autre et les conflits qui en résultent dans tous les domaines de la vie.

 

Tous les projets mentionnés ci-dessus impliquent les communautés aborigènes, les Premiers Habitants, les aînés et dirigeants communautaires des terres où les films ont été tournées et d’où les histoires viennent, afin de s’assurer de leur authenticité.

 

Pour de Heer et Reynolds, leur relation avec Gulpilil et Djigirr va bien au-delà d’une collaboration et leur a apporté des liens profonds avec la communauté Yolngu.

 

Alors que Gulpilil apprenait la nouvelle d’un cancer en phase terminale et entrait dans une période de profonde réflexion, c’est à de Heer et à Reynolds qu’il a fait confiance pour raconter son histoire, donnant naissance à un dernier film.

BIOGRAPHIES

MOLLY REYNOLDES
Réalisatrice

 

Basée en Tasmanie, Molly Reynolds démarre sa carrière cinématographique en tant qu’assistante de montage avant de réaliser des films pour différents médias.

 

Parmi les projets importants de sa carrière, on compte le documentaire « Twelve Canoes » (2008) qui est projeté dans de grands festivals (Telluride, IDFA) et a reçu de nombreux prix. Celui-ci est prolongé par un site web innovant, primé et reconnu dans le monde entier, qui invite à poser un regard singulier sur l’art et la culture du peuple autochtone.

 

On peut également citer parmi ses réalisations la création de l’oeuvre en Réalité Virtuelle innovante « The Waiting Room » (Musée de l’Art de Samstag, Adelaïde – Australie) ; La production, scénarisation et réalisation de « Still Our Country », un autre projet combinant site web et documentaire, en parallèle au film « Charlie’s Country » ; le troisième volet de la saga « Country », le documentaire « Another Country » ; et plus récemment, un docufiction inspiré par l’épidémie Covid-19, intitulé « Sho- Paapaa » (Festival du film d’Adélaïde 2020).

 

ROLF DE HEER
Producteur

 

Basé en Tasmanie, Rolf de Heer réalise des longs-métrages depuis plus de trente ans. Ses films ont souvent quelque chose à dire sur la condition humaine et ont la particularité de ne jamais se ressembler.

 

Parmi les quatorze long-métrages qu’il a réalisés (et co-réalisé pour l’un d’entre eux), on peut notamment citer « Dingo » avec Colin Friels et Miles Davis ; « Bad Boy Bubby », primé à Venise et toujours culte 27 ans après sa sortie ; « The Quiet Room et Dance Me To My Song », tous deux sélectionnés en compétition officielle à Cannes ; « The Tracker », première collaboration entre de Heer et David Gulpilil qui sera en compétition officielle à Venise ; « Ten Canoes », qui obtient le Prix du Jury Un Certain Regard ; le documentaire « Twelve Canoes ; The King Is Dead ! » et « Charlie’s Country », sélectionné à Un Certain Regard et qui valut à David Gulpilil le Prix du meilleur acteur à Cannes.

 

Rolf de Heer a également produit ou coproduit quinze long-métrages de fiction et quatre long-métrages documentaires.

 

PETER DJIGIRR
Producteur

 

Peter Djigirr vient de la tribu Djimba dans le marais d’Arafura près de Raminginingin, au nord de la Terre d’Arnhem.

 

Il s’est fait connaître avec le film « Ten Canoes » (2006), en tant que conseiller culturel et dans le rôle de l’un des dix canotiers, pour finalement devenir le co-réalisateur du film avec Rolf de Heer.

 

Il a également joué un rôle dans « Crocodile Dreaming » (2007) de Darlene Johnston, et a collaboré sur les aspects culturels du film « Twelve Canoes » de Molly Reynolds, et les autres projets « Canoes ».

 

En 2013, Djigirr co-produit « Charlie’s Country » de Rolf de Heer. Il joue également le second rôle principal. En parallèle, il est également le co-producteur et conseiller culturel des documentaires « Still Our Country » et « Another Country » de Molly Reynolds.

 

DAVID GULPILIL

 

David Gulpilil vient de la tribu Mandhalphuy dans le marais d’Arafura près de Raminginingin, au nord de la Terre d’Arnhem.

 

Quand à l’âge de 16 ans, David Gulpilil illumine l’écran dans « Walkabout » de Nicholas Roeg, il fait bien plus que jouer un rôle. Sa prestation est si forte et imprégnée d’un nouveau type de jeu naturaliste qu’elle a redéfini les perceptions d’« aboriginalité », particulièrement en ce qui concerne le jeu d’acteur à l’écran.

 

David est devenu l’acteur aborigène incontournable de sa génération, ouvrant la voie à la création de rôles et d’histoires écrits pour les aborigènes au moment même où l’industrie cinématographique australienne était en plein renouveau. Ses prestations charismatiques et inoubliables dans des films tels que « Storm Boy », « The Last Wave » et « Crocodile Dundee » ont aidé à intégrer l’« aboriginalité » dans le cinéma populaire.

 

Dans son travail ultérieur, dont « Rabbit-Proof Fence », « The Tracker », « Australia » et « Satellite Boy », David Gulpilil a continué à renforcer l’estime de soi de sa communauté.

 

Il a remporté de nombreuses récompenses durant sa carrière, dont celui de Meilleur Acteur dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes en 2014 pour sa prestation dans « Charlie’s Country » de Rolf de Heer. Co-scénariste avec Rolf de Heer de « Charlie’s Country », il n’avait pas encore produit de film. Avec « My Name is Gulpilil », il a pu ajouter le titre de producteur à la longue liste des accomplissements réalisés au cours de sa vie.

 

David Gulipil est décédé le 29 novembre 2021.

LISTE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

Liste artistique

 

David Gulpilil
Mary Hood
Mary Dhapalany
Evonne Munuyngu
Peter Djigirr

 

Liste technique

 

Réalisé par : Molly Reynolds
Produit par : Rolf de Heer, Peter Djigirr, David Gulpilil, Molly Reynolds
Image : Maxx Corkindale, Miles Rowland
Montage : Tania M. Nehme
Musique et Design Sonore : Tom Heuzenroeder
Une Production : Vertigo Productions
Avec le soutien de : Screen Australia, South Australian Film Corporation, Australian Broadcasting Corporation
En association avec : Le Festival du film d’Adelaide
Ventes Internationales : Visit Films
Distribué par : Nour Films

CE QU'EN DIT LA PRESSE

L’HUMANITÉ

Un fascinant aperçu de la complexité de ce personnage polymorphe, capable du pire comme du meilleur, à la fois vieux sage aborigène et diablotin occidentalisé.

 

LES FICHES DU CINÉMA

Malgré quelques longueurs, le film de Molly Reynolds parvient à saisir l’esprit de l’homme derrière les personnages, et lui rend un hommage sincère et touchant.

 

LIBÉRATION

Le film s’avère donc, formatage anglo-saxon mis à part, précieux voire intéressant en ce qu’il enregistre une page de l’histoire du cinéma, à un endroit où celle-ci communique avec l’histoire de l’humanité, de sa diversité menacée, de son uniformisation par la force.

 

aVOIR-aLIRE.com

La trajectoire fascinante d’un homme qui, au gré de ses envies, a pioché le pire et le meilleur de sa culture d’origine et de sa culture d’adoption pour se bâtir une vie à sa mesure.

 

CAHIERS DU CINÉMA

Exercice aux accents herzogiens de reconquête de soi et de défi à la mort, My Name Is Gulpilil redouble le récit d’un pur fantôme de cinéma d’un autre, bien plus puissant : celui d’une existence tout entière et d’un homme dont la vie, comme les films, n’ont cessé de puiser à la source de ce sang « sans mélange » et de ce « temps des rêves » aborigène qui firent la gloire – et peut-être aussi la déchéance – de Gulpilil.

 

LE JOURNAL DU DIMANCHE

En résulte un documentaire en forme d’autoportrait dans lequel il se raconte et revient sur son incroyable parcours, du bush à Hollywood. Classique dans sa forme, il vaut pour la personnalité attachante de son sujet.