Avec « O Fim do Mundo », j’ai voulu raconter les dernières heures du quartier de Reboleira à travers les yeux de la génération que j’ai vu grandir et prendre possession des rues ces dernières années.
La génération de Spira (18 ans), Chandi (17 ans), Giovani (19 ans) et Iara (16 ans). Génération des premiers-nés de la favela tout en étant celle des réseaux sociaux. Génération d’un quartier entier appelé à disparaître à grand coup de pelleteuses et décisions politiques.
Chacun de ces jeunes protagonistes entretient une relation singulière à cette future « cité disparue ».
Il y a Iara, jeune mère-adolescente qui n’aspire qu’à un ailleurs sans avoir la moindre idée de comment l’atteindre. Il y a Chandi, fils adoré de sa maman. Jouisseur, économe de ses mouvements, et suiveur devant l’éternel. Il y Giovani, jeune dealeur sauvage et à l’objectif clair : prendre possession de « la cité » !
Il y a enfin et surtout Spira, qui revient au quartier après plusieurs années passées dans un internat, véritable prison pour mineurs. Il incarne le destin d’une génération de fils d’immigrés que le Portugal n’a pas su intégrer dans son récit national.
Spira absorbe la violence d’un passé qui disparaît, d’un présent qui semble figé et d’un futur qui se refuse à lui. Il y répond par la révolte.
En observant ce corps, devenu étranger en son pays, naviguer entre les guerres de gang, l’adolescence et ses amours volées, et la fin prochaine du quartier, c’est le portait d’une jeunesse abîmée mais aussi une fresque sociale que j’ai cherché à tisser.
Tisser comme pour gagner du temps, tisser pour tromper une mort annoncée.