Quelles sont les origines de « Pulse » ?
Le documentaire « Never Again » que j’ai réalisé sur la rappeuse finlandaise Mercedes Bentso m’a certainement donné beaucoup d’inspiration. Mercedes Bentso, l’une de mes amies les plus proches aujourd’hui, utilise le rap comme moyen d’exprimer les émotions les plus sombres : les peurs, les désirs et les fantasmes les plus interdits. Tout comme Elina, la protagoniste de « Pulse ». C’est important pour moi de raconter des histoires sur des personnes homosexuelles. Cela fait partie de mon expression personnelle et répond à mon besoin de voir des femmes s’aimer à l’écran. Mais le fait que l’histoire soit sombre n’a rien à voir avec le fait d’être homosexuel. Il peut s’agir de n’importe quel type d’amour qui est gâché par la possessivité. En tant que cinéaste, je me sens attirée par les histoires qui présentent une ambiguïté morale. Je veux comprendre pourquoi nous faisons des choses qui nous blessent et qui blessent les autres.
Le film est un thriller psychologique, une histoire sur le passage à l’âge adulte et un drame qui se déroule dans trois pays…
J’adore les histoires de passage à l’âge adulte. Quand vous êtes jeune, un été, une amitié ou un amour peuvent bouleverser votre vie. L’on voit un sens plus profond à tout, vous apprenez la vie, vous vivez une expérience pour la première fois et ce souvenir vous accompagne pour toujours. Cela vous façonne en tant que personne. Je pense que c’est quelque chose que je voulais revivre en faisant ce film et pour moi, c’est vraiment le cœur de l’histoire.
Je voulais raconter l’histoire dans un style différent, presque à la manière du film Scarface – une approche plus grande que nature qui est normalement consacrée aux hommes adultes et à leur honneur. Ce n’est pas parce qu’il y a des jeunes femmes dans le film qu’il faut se contenter d’être doux et subtil…
Pourquoi avez-vous décidé d’avoir un récit multilingue?
Le fait que le film soit principalement en français était évident dès le début. L’histoire que je voulais raconter se déroulait en France et les personnages venaient de France et de Finlande. Réaliser un film dans une langue différente de ma langue maternelle était un véritable défi. Heureusement, nous avions une équipe formidable pour y parvenir.
Le casting du rôle d’Elina a été difficile, non seulement à cause de la langue, mais aussi en raison des compétences en rap et de la présence sur scène que le personnage devait avoir. La Finlande est un très petit pays, il est donc peu probable de trouver une personne de ce genre – à l’âge approprié, avec les bons attributs – c’est un vivier très limité. Mais nous avons eu beaucoup de chance.
Elsi Sloan ne parlait pas vraiment français lorsqu’iel est venu.e à l’audition. Pendant le casting, nous lui avons demandé de présenter une partie de la chanson principale du film, qui est en français.
Comme Elsi est musicien.ne, iel a une excellente capacité à apprendre les sons. Elsi a pu rapper la chanson juste à l’oreille à partir de la cassette que nous lui avons envoyé. Et iel l’a fait avec une telle aisance et un tel charisme que nous étions émerveillés. J’étais sûr qu’iel pourrait apprendre la langue avant le début du tournage.
Qu’en est-il de l’autre actrice, Carmen Kassovitz, fille du réalisateur et acteur français Mathieu Kassovitz ?
Carmen a une longue expérience de la danse et du ballet. Elle est originaire de la Martinique, où sa mère Julie Mauduech est comédienne et possède une école de théâtre. Carmen a déménagé à Paris il y a quelques années et travaille maintenant dans des films et à la télévision (elle joue dans Stalk, une série jeunesse française renommée).
Quel genre de préparation avez-vous fait avec les deux jeunes interprètes ?
Nous avons beaucoup répété avec Elsi et Carmen. Je pense que nous avons eu un mois de répétitions ensemble. Nous avons parcouru le scénario, avons beaucoup parlé des personnages, nous avons répété des scènes, avec parfois un peu d’improvisation. J’ai également testé la liste des plans pendant ce temps. Grâce à cette période de répétitions, les acteur.ice.s ont vraiment appris à connaître leurs personnages et, surtout, à se connaître entre elleux. Elsi et Carmen sont devenues des ami.e.s proches et il y avait un lien très naturel entre iels, que l’on voit dans le film. Iels se soutenaient et s’entraidaient.
Quel est votre prochain projet ?
Il s’agit d’un scénario de long métrage sur un couple qui essaie de trouver un foyer et de construire sa vie ensemble à partir de rien. Les deux femmes sont des toxicomanes en voie de guérison qui ont trouvé soutien et amour auprès de l’autre. Lorsqu’Aamu, le personnage principal, tombe amoureuse d’une autre femme, elle ne se contente pas d’entamer une liaison secrète, elle est également ramenée à ses anciennes mauvaises habitudes. Je suis actuellement en train d’écrire la première version de ce livre, qui est donc encore en cours d’élaboration.