Fiction / Algérie

RÊVE

Koukou, un jeune de 20 ans, vit dans un village en haute montagne de Kabylie. Au village, Koukou dérange par son look et son comportement original. Mal vu par le comité des sages du village et par son père, ils décident de l’interner dans un asile psychiatrique. Son frère Mahmoud, enseignant de philosophie dans un lycée à Béjaïa, apprend la nouvelle. Il est révolté par la décision du comité. Pendant son séjour au village, Mahmoud mène un combat quotidien pour convaincre son père et les sages du village de l’innocence de son frère. Mais face à la morale et l’ordre établi, Mahmoud ne peut rien faire. Désespéré, il fait fuir son frère du village.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2021

Omar BELKACEMI

Omar BELKACEMI

Mohamed LEFKIR, Kouceila MUSTAPHA, Latifa AISSAT…

1h37 – Couleur – Dolby Digital 5.1

3 Mai 2023

À PROPOS DU FILM

« Rêve » a été présenté en avant-première mondiale lors de la quarante-troisième édition du Festival CINEMED de Montpellier en 2021. Il a alors remporté le Prix Films des deux rives remis par un jury d’exploitant.es et destiné à aider la distribution du long-métrage méditerranéen en France. Il a depuis été projeté dans de nombreux festivals tels que le Festival international du Film Oriental à Genève, le Festival du Film Arabe à Fameck, le Festival International du Cinéma à Alger, le Maghreb Film Festival à Amsterdam…

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Comment expliquer la relation entre les deux frères ?

 

La relation entre les deux frères est d’abord une question d’amour fraternel et de complicité. Mahmoud est quelqu’un d’éveillé et conscient des enjeux sociétaux. Il sait bien que son frère Koukou dérange par son originalité, le problème se trouve dans les mentalités archaïques de la société représentées par le comité des « sages » du village. Celui-ci n’est pas seulement solidaire avec Koukou mais avec toutes les femmes et marginaux du village.

 

Les femmes assument une grande part du combat pour la vie mais semblent exclues de la démocratie villageoise. Est-ce un choix délibéré du réalisateur de montrer ce déséquilibre ?

 

Dans les villages et les foyers, la femme est reléguée au second plan. Dans certains cas, elle est complètement exclue. Ce n’est pas seulement dans nos villages mais dans toutes les sociétés conservatrices. La femme chargée d’amas de bois et le mari qui, lui, est libre, c’est l’image de ma mère et de mon père qui m’a choqué pendant mon enfance. Cela m’a révolté, ce qui est encore le cas aujourd’hui.

 

Quelques plans de paysage sont d’une grande beauté. Pourquoi une telle importance aux paysages ?

 

Les paysages sont fortement présents car il m’ est difficile de dissocier ce décor de tous ces humains qui composent cet univers qui est le mien. Si ces paysages sont beaux, c’est une réalité que je ne peux pas cacher.

 

Le départ des frères est-il le signe d’un échec ou d’une volonté de reconstruire ailleurs ?

 

Je ne vois pas la fuite de Mahmoud avec Koukou comme un échec mais plutôt une solution. Koukou est menacé en permanence et il doit y avoir une issue à ce danger. La vision philosophique et poétique de Mahmoud, lui semble déjà comme une victoire.

 

Peut-on dire que votre film interroge les traditions berbères au XXIème siècle ?

 

Ce n’est pas une interrogation mais une réalité que nous ne pouvons occulter longtemps. Cette culture millénaire est restée trop longtemps opprimée, méprisée, réprimée et ce depuis des siècles mais continue d’exister. Je ne peux m’exprimer que par ma langue maternelle.

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Omar Belkacemi est né en 1970 à Béjaïa en Algérie. II est d’abord comédien au Théâtre Régional de Béjaia (TRB) et fait ensuite ses études à l’Institut Maghrébin de Cinéma à Tunis. Après avoir été stagiaire sur de nombreux films dont notamment « Le Patient anglais » et « Le Tigre et la neige », il devient assistant réalisateur auprès de Belkacem Hadjaj et Tarik Teguia. En 2015, il réalise « La Vague », son premier court-métrage diffusé dans plus de 70 pays à travers le monde et réalise son premier long-métrage « Rêve » (Argu) en 2021.

CE QU'EN DIT LA PRESSE

CAHIERS DU CINÉMA

[…] si son abattement n’apparaît jamais illégitime, Omar Belkacemi suggère que l’esprit de son personnage s’allégera peut-être en un instant lorsqu’il aura retrouvé l’amour, cette « force magique et invisible comme un rêve ».

 

LES FICHES DU CINÉMA

Sur un rythme mesuré et des images au cadrage signifiant, un roboratif appel à la singularité.

 

L’OBS

Magnifiques paysages de montagne, respiration ample et ouverture d’esprit : le film, parfois, pèche par des dialogues théâtraux (l’auteur a été comédien à Béjaïa) et par une symbolique appuyée. Mais le message passe, avec force : la tradition est un carcan, qu’il faut briser.

 

LE MONDE

Dans des plans fixes, épurés, qui racontent en creux les destins (un mariage, une pendaison), et quelques moments libérateurs (les danses entre les femmes), le réalisateur algérien filme la chorégraphie du village qui peu à peu s’enraye par la force de quelques « cailloux » sauvages.

LISTE TECHNIQUE

Réalisé et écrit par : Omar Belkacemi
Produit par : Ahmed Aggoune et Chérif Aggoune
Image : Yann Seweryn
Montage : Caroline Beuret
Musique : Taos Amrouche