Fiction / Etats-Unis

SOUS L'AILE DES ANGES

Ce film nous raconte la jeunesse de l’un des plus grands hommes de l’Amérique, Abraham Lincoln. Il se déroule sur près de trois années, dans une partie reculée de l’Indiana, et raconte les épreuves qui l’ont formé, la tragédie qui l’a marqué à jamais et les deux femmes qui l’ont guidé vers l’immortalité.

 

Quittant le Kentucky, Tom Lincoln emmène sa femme et ses enfants, Sally et Abe, dans le nouvel État de l’Indiana. Abe, dix ans, est un garçon calme, doux et intelligent. Il mène une existence heureuse jusqu’au jour où sa mère meurt, à la suite d’une maladie mystérieuse. Sally, Abe et leur cousin Dennis seront alors élevés par Tom, un homme aux principes d’éducation inflexibles.

 

Tom part chercher une nouvelle épouse et les enfants sont livrés à eux-mêmes, pendant un hiver rigoureux. Abe doit protéger les deux autres des bêtes sauvages, du froid et de la faim. Les semaines passent avant que Tom revienne avec sa nouvelle épouse, Sarah. Abe, ayant juré de n’aimer que sa mère défunte, résiste à Sarah qui essaie de faire sa conquête.

 

Devant l’appétit insatiable d’Abe pour l’étude, Sarah relève le défi consistant à l’instruire et à l’élever comme son propre fils. Elle s’avère déterminée dans sa tendresse, son amour et son dévouement envers Abe et sa famille. Il apprend à l’accepter, conscient d’avoir retrouvé en elle sa mère disparue et une personne aimante qui l’inspirera pour toujours. Cette découverte lui permet de poursuivre son voyage vers le destin qui l’attend. Plus tard, il l’appellera « mon ange, ma mère.».

64e Berlinale
Festival de Deauville 2014
Festival du film de Sundance

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2014

A.J. EDWARDS

A.J. EDWARDS

Jason CLARKE, Diane KRUGER, Braydon DENNEY, Brit MARLING, Wes BENTLEY

1h34 – Noir et Blanc – Scope – Dolby Digital 5.1

13 Avril 2022

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Quelle a été la participation de Mr Malick à cette entreprise et en quoi l’a-t-elle influencée ?

 

Tout a commencé par une conversation entre Mr Malick et moi au cours de la postproduction de « The Tree of Life ». Avant même qu’il existe un synopsis ou un scenario, nous nous étions entendus sur les éléments de base nécessaires à la production d’un film et sur la façon d’y parvenir ; au plan de la distribution, du tournage, des décors, tout ce genre de questions fondamentales sur lesquelles il avait, à l’évidence, beaucoup plus d’expérience que moi et dont il continue à s’occuper. Il n’a pas pu collaborer directement à la production ayant lui-même deux films en chantier la même année, dont : outre « The Knight of Cups », Malick a tourné un film sur la scène musicale de Austin, avec Rooney Mara et Michael Fassbender.

 

Quelle influence « Le Nouveau Monde » a-t-il eu sur ce film?

 

Il paraît que c’est ce film que les gens ont cité après avoir vu « Sous l’aile des anges ». Quand on parle des films de Malick, c’est la comparaison qui vient à l’esprit, rythmiquement parlant. « Le Nouveau Monde » a été très important pour moi parce que c’est le premier long métrage sur lequel j’ai travaillé, en 2005, et qui m’a permis de rencontrer Terry. Cela a été mon apprentissage du cinéma, pour ainsi dire. Je trouve que c’est un chef-d’oeuvre et, avec le temps, il apparaît encore plus beau.

 

Est-ce par hasard ou la suite d’une démarche personnelle que vous avez travaillé avec Malick?

 

Je dirais que c’était le hasard parce qu’à cette époque, je vivais en Virginie où le tournage avait lieu. C’est alors que j’ai été engagé pour travailler dans la production grâce à Sarah Green que j’avais connue par un ami commun.

 

D’un point de vue stylistique « Sous l’aile des anges » donne presque l’impression, au début, qu’on nous lit une histoire.

 

C’est en effet une très belle façon de le définir. On doit avoir l’impression d’assister à une conversation au coin du feu, dans le sens où ce vieux narrateur, étant le cousin de Lincoln, est à même de fournir un témoignage de première main sur la vie intime de cette famille, ainsi que des anecdotes que lui seul pouvait connaître. Par ailleurs, il n’est pas un narrateur très objectif en cela qu’il introduit de la malice et de l’humour dans le choix de ce dont il décide de parler ou non. Tout est basé sur l’entretien réalisé au tournant du XXe siècle par Eleanor Atkinson avec Dennis Hanks, le cousin de Lincoln, au cours duquel celui-ci avait longuement parlé de sa vie et, en particulier, de sa jeunesse dans l’Indiana*.

*Souvenirs du cousin et camarade de jeu de Lincoln’ ont été publiés par la journaliste en 1908 sous le titre Lincoln’s Boyhood, Dennis Hanks.

 

Pourquoi avez-vous été tellement captivé? À cause de l’entretien ou de l’époque?

 

L’époque, incontestablement, mais cet entretien, on peut le lire. On rit tout haut en le lisant. On a l’impression de lire « Huckleberry Finn » ou « True Grit », des histoires où le narrateur a une voix vraiment particulière et parle de façon très rythmée. Il y a également un côté doux amer dans son « Appalachian attitude » ; il considère une chose avec humour et l’instant d’après, il se met à pleurer au souvenir de ce qu’il a perdu. Il passe d’un extrême à l’autre au plan des sentiments.

 

Est-ce que cela correspond à votre vision du monde?

 

Ah oui, j’aimerais bien. Selon moi, il faut s’efforcer de regarder le monde de cette manière, de trouver de l’humour dans le désespoir et la souffrance.

 

Ce film a été tourné parmi une multitude d’arbres et pourtant il est en noir et blanc.

 

Vous trouvez que les arbres auraient dû être en couleur? Moi, j’estime que le noir et blanc représentait l’austérité. C’est une sorte d’époque idyllique quand on songe à la vie des pionniers. Effacer le romanesque et créer une esthétique plus sévère a contribué à produire une immédiateté, et le noir et blanc engendre de l’abstraction où les choses paraissent plus iconiques, plus rudes, on supprime toute activité, tout bruit, on peut regarder les choses telles qu’elles sont dans leur essence. Donc, assurément, rater un automne new-yorkais a été douloureux mais je ne changerais ça pour rien au monde parce que j’adore l’immédiateté que lui donne la palette monochrome.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir tourner en forêt? Quelque chose en lien avec votre éducation?

 

Je ne dirais pas ça. Je ne suis pas ce qu’on appelle une personne de plein air. Je crois que l’histoire l’exigeait et aussi l’iconographie typique de ces contrées reculées, avec ces arbres imposants, ces hautes canopées, ces alignements de feuillus. Pour moi, quand on fait un film, l’objectif final est de découvrir en quoi consistent votre imagerie, vos icônes, comment elles peuvent raconter une histoire, plutôt que les dialogues. Il me semble que cette forêt intacte et le fait que le jeune Lincoln paraisse si petit en comparaison engendre une superbe histoire visuelle, dans ce film.

 

Je suppose que l’idée était d’évoquer la naissance de l’Amérique: vous montrez le drapeau, le comportement des enfants, etc. Etant donné la façon dont vous avez écrit ce film, est-ce ainsi que vous avez orienté le récit?

 

Oui. Il y a quelque chose d’intéressant dans le fait de dire que « Le Nouveau Monde » parle de la naissance de l’Amérique parce qu’il y a une citation que j’aime bien et qui m’est restée dans la tête : « La Révolution américaine est la conception et la guerre de Sécession est la naissance. » C’est là que l’Amérique, après les effets de la guerre civile, atteint son objectif initial, à savoir que tous les hommes étant nés égaux, ils sont dotés par notre Créateur de droits inaliénables. La Révolution, aussi importante et merveilleuse qu’elle ait été, n’a pas réalisé ces objectifs. Elle a laissé le serpent de l’esclavage tapi sous la table sur laquelle a été signée la Déclaration d’Indépendance. La guerre de Sécession a été l’accomplissement de tout ce qui aurait dû se produire après la Révolution. « Le Nouveau Monde » se passe deux cents ans environ avant les évènements de mon film, mais le seul fait de parler de la naissance de l’Amérique est important.

 

On dit que Malick réécrit ses films jusque dans la salle de montage. Avez-vous procédé de cette façon concernant la narration?

 

Je pense qu’il y a toujours des changements et il faut être souple et malléable. Le film a été tourné de façon à ce qu’on ne se retrouve pas au pied du mur dans la salle de montage. Sans couverture de presse, nous nous sentions plus libres au niveau du montage. Je ne dirais pas qu’on a réécrit certaines choses mais on a laissé le film prendre sa propre forme, comme un enfant, en faire à sa tête et grandir comme il le jugeait bon, suivre un processus plus naturel.

 

En grandissant, on est davantage porté à aller voir des films de genre. Comment en êtes-vous arrivé à préférer le style de cinéma de Malick?

 

Je ne dirais pas que, plus jeune, le style des films que j’allais voir était si différent de celui de ce film, parce que j’ai toujours aimé les films uniques. La Nouvelle Vague française… Après tout, les jump cut n’ont pas commencé avec « Le Nouveau Monde », mais dans les années 1960, avec Godard. La profondeur de champ (deep focus) était là avec Welles et Kubrick, et la focalisation sur la nature dans Pather Panchali ou dans les films de Mizoguchi. Toutes ces choses que nous croyons devoir à Malick existaient auparavant. En grandissant j’ai été influencé par tant de films. L’austérité dans le noir et blanc, c’est Bresson.

 

Interview d’A.J. Edwards par Kaleem Aftab.
Remerciements à Filmmaker Magazine.

À PROPOS DE A.J. EDWARDS

A.J. Edwards est né à Walnut Creek en Californie et a grandi à San Antonio au Texas. En 2004, il est co-monteur du film « Le Nouveau Monde » de Terrence Malick (The New World), ainsi que le co-directeur du documentaire « Making ‘The New World’ ». Edwards a depuis travaillé avec Malick en tant que directeur de la 2e unité et co-éditeur sur plusieurs autres longs métrages, dont le gagnant de la Palme d’Or « The Tree of Life », avec Brad Pitt et Sean Penn, « À la merveille » avec Ben Affleck, Rachel McAdams et Javier Bardem et « Knight of Cups » avec Christian Bale, Cate Blanchett et Natalie Portman. Sur le tournage de « The Tree of Life » Edwards a également fait partie intégrante du développement du projet, aidant au casting des principaux acteurs à savoir les trois jeunes garçons, réalisé grâce à une recherche exhaustive à l’échelle nationale qui a abouti à un énorme succès. Le naturel des garçons, inconnus, a apporté une grande authenticité et crédibilité au drame historique.

 

En 2013, Edwards a écrit et réalisé son premier film, « Sous l’aile des anges » (« The Better Angels »), sur l’enfance d’Abraham Lincoln, avec Diane Kruger, Jason Clarke, Brit Marling et Wes Bentley. Le film a été présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance en 2014 et au Festival international du film de Berlin. Le deuxième long métrage d’Edwards en tant qu’auteur et réalisateur a été le drame policier « Age Out » avec Tye Sheridan, Imogen Poots, Caleb Landry Jones et Jeffrey Wright. La première de ce film a eu lieu au South By Southwest Film Festival 2018 avant de concourir au Festival international du film de Shanghai et au Festival du film américain de Deauville. Edwards vit actuellement à New York.

LISTE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE

Liste artistique

 

Tom Lincoln : Jason CLARKE
Sarah Lincoln : Diane KRUGER
Abe (Abraham) Lincoln : Braydon DENNEY
Nancy Lincoln : Brit MARLING
M. Crawford : Wes BENTLEY

 

 

Liste technique

 

Réalisateur et scénariste : A.J. EDWARDS
Directeur de la photographie : Matthew J. LLOYD CSC
Chef décorateur : Caroline HANANIA
Costumière : Lisa TOMCZESZYN
Directrice de casting : Margery SIMKIN
Compositeur : Hanan TOWNSEND
Producteurs : Terrence MALICK, Nicolas GONDA, Charley BEIL, Jake DEVITO
Producteurs exécutifs : Jason KRIGSFELD, Joseph KRIGSFELD, Suzanne DEAL BOOTH, Antoine DOUAIHY
Co-producteurs exécutifs : Claudia KOWALSKI, Kevin KOWALSKI, Michael KOWALSKI, Stefan SONNENFELD

CE QU'EN DIT LA PRESSE

POSITIF

Rendre sensible l’ineffable, préfigurer l’histoire par l’amuïssement de ses causalités, donner corps à l’invisible et à tout ce qui excède la représentation : « Sous l’aile des anges » est un film sur le sublime.

 

BANDE À PART

Un premier film influencé par l’univers de Terrence Malick, mais néanmoins très singulier dans son traitement de l’enfance d’Abraham Lincoln. Un joyau honteusement écarté des écrans français depuis 2014.

 

LES FICHES DU CINÉMA

À l’aune de Terrence Malick, un noir et blanc sublime pour une élégie édifiante sur l’édification d’un Président réputé bon et juste.

 

SUD OUEST

« Sous l’aile des anges » se déploie doucement, semblable à une longue réminiscence révélée par cette voix off qui est de l’ordre du conte et du souvenir. Tout, ici, paraît en suspension, comme échappé d’un rêve. C’est celui d’une enfance ordinaire qui a pourtant façonné, sans que ce ne soit jamais dit, un personnage historique ».

 

TRANSFUGE

Difficile de dire avec ce film pastoral, lyrique et inspiré si Edwards est d’ores et déjà un grand cinéaste. C’est en tout cas le plus doué des cinéastes malickiens actuels.

 

TÉLÉRAMA

Ne pas s’arrêter à la mièvrerie du titre : Sous l’aile des anges fait le récit, âpre et beau, d’une enfance américaine au début du XIXe siècle, un peu comme si Mark Twain rencontrait Terrence Malick.

 

LE FIGARO

Quête initiatique, long poème filmique cherchant à susciter chez le spectateur l’expérience sensorielle la plus immersive, Sous l’aile des anges s’avère une tentative cinématographique sincère et convaincante, dont on ressort troublé.