Fiction / Irlande

THE QUIET GIRL

Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre chez des parents éloignés le temps d’un été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l’affection, Cáit découvre une vérité douloureuse.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2022

Colm BAIRÉAD

Carrie CROWLEY, Andrew BENNETT, Catherine CLINCH, Michael PATRIC…

1h35 – Couleur – Dolby Digital 5.1

12 Avril 2023

PROPOS DU RÉALISATEUR

« The Quiet Girl » (« An Cailín Ciúin ») est l’adaptation en langue irlandaise du récit « Foster », écrit par Claire Keegan. Publié pour la première fois dans le New Yorker qui l’a déclaré « Best of the Year », le livre a été édité chez Faber & Faber en 2010. Il a été publié en France, sous le titre « Les Trois Lumières » chez Sabine Wespieser Editeur.

 

Le scénariste et réalisateur Colm Bairéad a lu pour la première fois Foster à l’été 2018, et a immédiatement été séduit par l’idée de l’adapter en film. « Il touche à tant de domaines qui me passionnent, de choses qui sont présentes dans mon travail – les liens familiaux complexes, la croissance émotionnelle et psychologique et surtout le deuil et sa capacité à nous façonner ».

 

« D’un point de vue formel, le récit lui-même était convaincant – raconté à la première personne, à travers les yeux d’une jeune fille. C’était totalement immersif, empathique et visuel – tout ce que cette fille voit et ressent à chaque instant. La tension narrative de l’histoire provient entièrement de l’expérience de la fillette, plutôt que d’une trop grande dépendance à l’intrigue. C’était un dé. intéressant du point de vue de la création filmique. Mais c’était aussi la « petitesse » de l’histoire à laquelle je croyais.

 

Il y a une citation de Mark Cousins (réalisateur et critique de cinéma anglais) qui dit en substance que l’art nous montre encore et encore que si nous regardons de près et sans oeillères une petite chose, nous pouvons y voir beaucoup d’autres choses. »

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Le réalisateur irlandais Colm Bairéad présente son nouveau long-métrage, « The Quiet Girl », montré dans la section Génération du festival de Berlin en 2022. Nous avons interrogé le réalisateur sur la nouvelle dont le film s’inspire et sur la manière dont il l’a adaptée pour le grand écran.

 

Cineuropa : Comment êtes-vous tombé sur la nouvelle de Claire Keegan ?

 

Colm Bairéad : C’était en 2018, je cherchais de la matière pour un film et c’est alors que j’ai vu, dans The Irish Times, un article qui mentionnait les dix meilleurs travaux irlandais écrits par des femmes. Le récit « Foster » de Claire Keegan en faisait partie. Je l’ai lu et il m’a beaucoup ému. Dès les premières pages, le livre a commencé à prendre forme dans ma tête comme un film. J’ai aimé la nature détachée et pourtant pleine de compassion du texte, et j’ai été très touché par cette jeune héroïne. Mais comme la nouvelle était parue en 2010, je craignais que les droits ne soient plus disponibles. J’ai été content d’apprendre que ce n’était pas le cas.

 

Quelles ont été les plus gros challenges qui se sont présentés en adaptant l’histoire pour en faire un film ?

 

L’histoire est assez courte et faisait l’effet d’être un peu mince pour un film : en gros, l’intrigue même tient en peu de mots. J’ai donc inventé un chapitre supplémentaire, qui est le premier chapitre du film. Je l’ai composé à partir des souvenirs de l’héroïne, qui sont mentionnés dans le livre. Cela dit, le plus important pour moi était l’atmosphère et le point de vue, le récit à la première personne. Il me semblait important de trouver une manière de rendre ce point de vue. Pour le souligner, j’ai décidé que la caméra ne devrait jamais quitter l’héroïne. Je voulais aussi montrer que si n’importe quel moment de la vie de ces personnages peut paraître banal, à première vue, en y regardant de plus près on peut en extraire quelque chose de beau.

 

Quels étaient pour vous les éléments les plus importants à transmettre ?

 

C’est une histoire qui parle d’amour, et des relations établies pendant la tendre enfance qui nous forment, nous forgent et nous aident à subsister.
L’idée de subsistance est très importante : c’est une question de croissance émotionnelle et physique. Dans ce contexte, je voulais me concentrer sur la nourriture, mettre cet élément en évidence, pour qu’il fonctionne comme une métaphore de cette croissance. Quand elle arrive chez ses parents éloignés, qui font office de famille d’accueil, elle a soudain beaucoup à manger, ce qui n’était pas le cas précédemment. De plus, en irlandais, « foster » (qui signifie « d’adoption » en anglais, ndlt.) signifie nourriture, nutrition. La triste vérité, hélas, est que ce n’est pas toujours auprès de sa famille biologique qu’on trouve le bonheur.

 

Avez-vous mené des recherches spécifiques pour ce film ?

 

Comme l’histoire se passe en 1981, je voulais intégrer ce contexte historique. Au début, nous avions tourné une scène directement liée à l’époque et à la grève de la fin de ces années. Finalement, nous y avons seulement fait allusion. Nous avons fait des recherches sur les costumes et les lieux. Après, en matière de mauvais traitements des enfants, hélas, l’Irlande a une histoire honteuse, et qui a été très documentée. Je pense aux orphelins ou aux enfants considérés difficiles. La plupart de ces choses se sont produites avec l’assentiment de l’État ou de l’Église. Nous voulions que le film soit une manifestation d’empathie par rapport à ces enfants.

 

Pourquoi est-il important pour vous de tourner en gaélique irlandais ?

 

J’ai grandi à Dublin dans une famille bilingue parlant anglais et irlandais. Ma femme et moi élevons aussi nos enfants dans un environnement bilingue. Le gaélique est très cher à mon coeur. C’est une langue minoritaire surtout parlée dans l’Irlande rurale, mais ces dernières années, il y a eu quelques tentatives pour le rétablir. Certaines écoles l’enseignent à nouveau. Ce qui est remarquable, c’est qu’en deux ou trois ans, le nombre de films tournés en irlandais a doublé, alors qu’avant j’étais une des rares personnes à le faire.

 

La langue parlée est aussi très importante pour cette histoire, car la langue maternelle de Cáit est l’irlandais, mais son père parle anglais, ce qui crée une distance. Était-ce bien l’intention ?

 

Ce choix a plusieurs significations. D’abord, je ne voulais certainement pas suggérer que les mauvaises gens parlent anglais : je voulais juste souligner que le phénomène des familles bilingues existe vraiment.
Cela dit, c’est aussi une manière de montrer que la communication entre cet homme et cette enfant n’est pas seulement difficile : elle est non-existante. Il y a une barrière linguistique du point de vue du père.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’approche visuelle que vous avez adoptée pour ce film ?

 

Quand la petite arrive chez les Kinsella, nous nous sommes dit qu’il serait bon de sentir s’ouvrir l’espace, qui représente les possibilités qui s’ouvrent à elle. Elle a enfin de la place et du temps pour penser. Le public devait à ce stade s’éloigner un peu de l’héroïne. Sinon, de manière générale, je voulais que tout ait l’air aussi naturel que possible, aussi vrai que possible, pas artificiel. J’ai aimé aussi le symbole des seuils de portes comme métaphore du sentiment de la fillette qu’elle est dans une phase intermédiaire, en chemin vers une meilleure compréhension des choses.

 

Teresa Vena pour Cineuropa

À PROPOS DU RÉALISATEUR

Colm est né à Dublin en 1981, et a grandi dans une famille bilingue où on parlait l’irlandais et l’anglais. Il a développé une fascination pour le cinéma dès son plus jeune âge. Son père, par l’intermédiaire du magnétoscope familial, l’a initié au cinéma muet, aux premières comédies musicales d’Hollywood et aux films noirs des années 40. Colm a fait des études de cinéma à l’Institut de technologie de Dublin.

 

Son premier court métrage, réalisé après l’université a pour titre « Mac an Athar » ( « Le Fils de son père »), un film semi-autobiographique autour d’une famille irlandaise de Dublin. Il a obtenu du succès dans de nombreux festivals internationaux. En 2012, Colm a reçu une distinction de la Screen Directors’ Guild of Ireland pour son « travail exceptionnel en tant que réalisateur en langue irlandaise ». En 2022, il a reçu le Aer Lingus Discovery Award et le Screen Ireland- IFTA Rising Star Award. « The Quiet Girl » (« An Cailín Ciúin ») est son premier long métrage de fiction. Il s’agit du film en langue irlandaise le plus rentable de tous les temps, et l’un des plus appréciés par la critique. Il représente l’Irlande, dans la catégorie meilleur long métrage international, pour les Oscars 2023.

 

Les cinéastes préférés de Colm sont toutes des femmes : Kelly Reichardt, Andrea Arnold, Céline Sciamma et Lynn Ramsay. Le court métrage « Gasman » (1998) de Lynn Ramsay, qui a également pour personnage central un enfant , a servi de référence visuelle pour « The Quiet Girl » et son drame historique « Ratcatcher » (1999) a inspiré Bairéad pour capter la quintessence de la nouvelle de Claire Keegan « Les Trois Lumières ».

AU SUJET DU CASTING de Catherine Clinch

Le film repose sur la performance tout en nuances de la nouvelle venue Catherine Clinch, dont c’est la première expérience devant une caméra.

 

Avec la directrice de la photographie Kate McCullough (« Arracht », « Normal People »), et une distribution de comédiens confirmés comprenant Carrie Crowley (« Vikings »)

et Andrew Bennett (« The Stag »), Colm savait que le choix de « sa Cáit » était crucial pour le succès du projet. « Des auditions ont eu lieu à Munster, dans le sud du pays, puis le Covid est arrivé », a déclaré Bairéad. » Nous avons lancé des appels pour recevoir des auditions filmées . Nous avons reçu la cassette d’une jeune fille qui s’appelle Catherine Clinch. C’est Cleona qui l’a vue en premier. Elle m’a appelé et m’a dit: « Colm, tu dois regarder ça. Je pense que nous avons trouvé notre Cáit ».

 

« Elle avait cette immobilité, cette dignité et cette intelligence émotionnelle en tous points palpables. La façon dont elle était disposée à permettre à la caméra de la filmer était vraiment remarquable. Catherine est plus petite que son âge, ce qui la rend parfaite pour jouer le rôle de Cáit qui est sensée avoir neuf ans; et pourtant, la maturité et la sagesse se cachaient derrière ses yeux saphir. »

 

Le réalisateur ne tarit pas d’éloges sur l’actrice de onze ans, louant son intelligence émotionnelle et sa capacité à tirer son épingle du jeu dans les scènes avec Carrie Crowley et Andrew Bennett . « Même si c’était la première fois qu’elle jouait devant la caméra, elle avait cette merveilleuse capacité d’être et de se laisser filmer par la caméra sans être gênée ou sans ressentir le besoin d’en faire trop. » Dès la pré-production, Colm Bairéad révèle qu’il était évident « qu’elle avait cette compréhension extraordinaire du sous-entendu émotionnel des scènes » et qu’elle permettait « à toutes les émotions de son personnage d’être poussées vers l’intérieur » confiant dans le fait que la caméra « relèverait la subtilité de sa performance ».

CE QU'EN DIT LA PRESSE

BANDE À PART

The Quiet Girl a la force d’une toile de Vilhelm Hammershøi ou d’un poème de Keats. C’est une œuvre dotée d’une hypersensibilité rare. Un très beau film sur l’enfance et l’amour qu’elle requiert.

 

LES ECHOS

Colm Bairead impose dès son premier essai un ton et une sensibilité qui marquent durablement les esprits. La plus belle révélation du printemps.

 

FRANCEINFO CULTURE

Nommé aux Oscars 2023, « The Quiet Girl » augure le meilleur du réalisateur Colm Bairéad, par la beauté et la délicatesse de son portrait de jeune fille.

 

L’OBS

Ce film, tout en douceur et délicatesse, est de ceux qui impriment la mémoire.

 

LE FIGARO

Un premier film sobre, modeste, sans triche.

 

LE JOURNAL DU DIMANCHE

Dans les interstices de cette histoire a priori tout sauf extraordinaire, dialoguée en gaélique irlandais, Colm Bairéad injecte un suspense délicat mais finalement assez prenant.

 

LES FICHES DU CINÉMA

Premier long métrage de Colm Bairéad, le film émeut par la cruauté de son récit et l’excellence de ses acteurs.

 

PREMIÈRE

La délicatesse de la mise en scène épouse la beauté simple de la photographie (signée par la chef op’ de Normal people), l’interprétation fascinante de la débutante Catherine Clinch et un scénario porteur d’un secret dont le dévoilement restera fidèle à la tonalité d’un ensemble ne confondant jamais sensibilité et sensiblerie. Une merveille.

 

TÉLÉRAMA

Une évocation de l’enfance délicate et bouleversante, un personnage inoubliable.

 

AVOIR-ALIRE.COM

Très simple, très épuré et d’une douceur inouïe, The Quiet Girl est un hymne délicat à l’amour filial.

 

CAHIERS DU CINÉMA

De trouée lumineuse en volte‐face, Cáit, surtout filmée de dos ou de profil au début, passe de l’apathie, et même de l’enfouissement […] à une énergie physique apte à défier tout déterminisme social, et à changer une trajectoire pré‐dessinée.

 

CINEMA TEASER

The Quiet Girl brille par la justesse de son point de vue.

LISTE ARTISTIQUE

Carrie Crowley : Eibhlin
Andrew Bennett : Séan
Catherine Clinch : Cáit
Michael Patric : le père
Kate Nic Chonaonaigh : la mère

 

 

Réalisation et scénario : Colm Bairéad
D’après La Nouvelle « Les Trois Lumières » de Claire Keegan
Image : Kate Mccullough Isc
Montage : John Murphy
Décors : Emma Lowney
Costumes : Louise Stanton
Musique : Stephen Rennicks
Production : Inscéal
Producteurs Éxécutifs : Máire Ní Chonláin, Dearbhla

HORAIRES DU 7 AU 13 JUIN

Samedi, Mardi: 15h00