« La pureté dans l’art est en fait un mélange oublié », nous rappelle Jorge Pardo dans une séquence de Transe. Ces propos résument la pensée de cet extraordinaire musicien qui a exploré les liens entre deux univers a priori si éloignés, le flamenco et le jazz, aux côtés des géants tels que le guitariste flamenco Paco de Lucía ou le jazzman Chick Corea. Son rôle dans l’évolution du flamenco contemporain est à cet égard décisif. Maestro musical, il est également un maestro de la vie. Il vit comme il joue, et joue comme il vit: toujours dans l’instant présent, éloigné des chants des sirènes du show-business. Il a placé, au coeur de sa vie et de sa musique, le partage et l’émotion. C‘est cette vision de l’art et du monde, de la culture en définitive, qui m’a séduit. Notre rencontre, fin 2017, a déclenché l’aventure de ce film. Le défi de « Transe » a été de réaliser un film dont l’élan viendrait de l’intérieur de la culture flamenca, celle qui a bercé mon enfance. Je rêvais d’un longmétrage qui invite le spectateur à participer, et non pas à regarder. Avec la générosité de Jorge Pardo, ce pari était possible. Le tournage de « Transe » pendant deux ans a été une expérience bouleversante. Nous avons voulu que le film, grâce à l’engagement d’une équipe technique exceptionnelle, soit abouti esthétiquement, tant à travers l’image que le son. Un film intime où Jorge Pardo dévoile également ses contradictions et ses difficultés. J’espère que « Transe » traversera le temps, comme la musique flamenco l’a fait jusqu’à nous, rappelant ainsi que le sens de l’expérience musicale se trouve toujours dans l’émotion.
Note du réalisateur Emilio Belmonte.