Loading...

CHUNGKING EXPRESS

Fiction / Hong Kong

Deux flics sont lâchés par leur petite amie. L’un se promet de tomber amoureux de la première femme qui entrera dans un bar a Chungking House, où il noie son chagrin. L’autre, passe chaque soir au Midnight Express, un fast-food du quartier acheter à la jolie serveuse Faye une « Chef Salad » qu’il destine à son amour idyllique, une hôtesse de l’air.

Année

1994

RÉALISATION

Wong KAR-WAI

SCENARIO

Wong KAR-WAI

AVEC

Brigitte LIN CHING HSIA, Tony LEUNG CHIU WAI, Faye WONG, Takeshi KANESHIRO

FICHE TECHNIQUE

1h42 - Couleur - Dolby Digital 5.1

DATE DE SORTIE

13 AOÛT 2025

HORAIRES DU 13 AU 19 AOÛT 2025

SAM 16 : 20h10
MAR 19 : 14h00

WONG KAR WAI, BIOGRAPHIE

Né à Shanghaï, Wong Kar Wai suit sa famille qui s’installe à Hong￾Kong en 1963. Diplômé en Arts graphiques après des études à l’École polytechnique de Hong-Kong, il entre comme assistant de production à la télévision où il devient rapidement assistant producteur puis scénariste de téléfilms et de séries télévisées. Il intègre alors le « team créatif » de Barry Wong, le meilleur et le plus prolifique scénariste de Hong Kong et commence à travailler dans le milieu du cinéma. Scénariste, il collabore notamment à The Final Victory de Patrick Tam. Ce dernier produira le premier long métrage de Wong Kar Waï.

 

En 1988, Wong Kar Wai réalise son premier film, As Tears go by, d’après l’un de ses scénarios. Le film est présenté à la Semaine de la Critique à Cannes mais jugé trop violent par les critiques occidentaux.

 

En 1990, le cinéaste réunit tous les jeunes acteurs les plus populaires – notamment Maggie Cheung et Leslie Cheung – pour son second opus Nos années sauvages, chassé-croisé amoureux dans le Hong Kong des années 60: le film est un échec commercial et sa seconde partie ne sera d’ailleurs jamais montée.

 

Pour Les Cendres du temps, grande fresque historique, Wong Kar Wai tourne pendant deux ans. Usant de chorégraphies et scènes de combats d’une grande précision, le film s’inscrit dans la grande tradition du cinéma hinois et affiche un casting prestigieux : Brigitte Lin, Tony Leung, Jacky Cheung, Maggie Cheung et Leslie Cheung. Le film est présenté à Venise où il obtient le prix de la Meilleure photo et laisse le réalisateur épuisé physiquement et mentalement par le tournage en plein désert.

 

Pendant la post-production des Cendres du Temps, Wong Kar Wai décide de revenir à l’essence du cinéma et de filmer simplement des personnages dans le Hong Kong contemporain : la nuit, il tourne fiévreusement sans aucune autorisation et caméra à l’épaule dans le quartier de son enfance, Tsim Sha Tsui. Le résultat: Chungking Express, son plus gros succès public, qui le révèle au niveau international et lui vaut le surnom de Quentin Tarantino chinois. Avec Happy Together, tourné en Argentine, Wong Kar Wai remporte le Prix de la mise en scène à Cannes et offre en 2000 le Prix d’interprétation masculine du Festival à Tony Leung pour In the Mood for Love.

WONG KAR WAI, BIOGRAPHIE

1994 : en ces temps pré-numériques, la mondialisation de l’actualité cinématographique est très balbutiante. En août, Chungking Express est présenté en compétition au Festival de Locarno, et il en repart bredouille, allez comprendre… S’il continue sa carrière extra-asiatique via les festivals de Toronto et de New York, la réputation de Wong Kar wai reste encore confidentielle. Malgré la présentation de As Tears Go By au Festival de Cannes 1989 et de Nos Années sauvages au Festival des Trois Continents de Nantes, à l’automne 1991, aucun des deux films n’a encore connu en France d’exploitation commerciale. 

 

C’est pourquoi, pour beaucoup, la découverte de Chungking Express a des airs de déflagration. Dès les premières images, qui montrent Brigitte Lin, en imper et perruque, recruter ses passeurs de drogue dans la communauté indienne de Hong Kong, quelque chose d’inédit s’affiche: Wong Kar wai peaufine ses effets visuels déjà testés à moindre échelle dans les scènes d’action d’As Tears go by, qui impriment littéralement le mouvement sur l’écran et donnent à l’image un aspect tachiste, puissamment coloré. La musique lancinante, presque répétitive, ajoute à l’étrangeté. Les plans de ciel nuageux qui occupent tout à coup l’écran lui donnent une dimension poétique inattendue. Le film semble jaillir de nulle part, il constitue une expérience de visionnage ultra-singulière et semble même ouvrir la voie à une nouvelle esthétique. 

 

Ce qui est vrai pour les journalistes français invités aux projections qui précèdent sa sortie, en janvier 1995, l’est quasiment pour tous ceux qui se laissent happer par la narration éclatée, le kaléidoscope d’images et le romantisme du film… Ainsi, dans la revue universitaire Film Quarterly, le très sérieux « scholar » Richard Armstrong, dont le principal fait d’armes est un livre non moins sérieux sur le réalisme au cinéma, a du mal à cacher son enthousiasme : « Je n’étais pas préparé aux pensées et aux sentiments qui allaient m’assaillir quand a débuté Chungking Express. Cinétique, chaotique, lyrique, sérieux, fantaisiste, ironique, discipliné, anarchique et libre – ce film m’a déconcerté, effaré et bouleversé. Je ne savais pas ce qui se passait. Comme l’a écrit Larry Gross dans Sight and Sound l’année suivante : « Quand j’ai fni de regarder un flm de Wong Kar wai, je découvre que je suis étourdiment et irrationnellement heureux. » Dans le tumulte de ma réaction, j’étais certain d’une chose : Chungking Express était la direction que prenait le cinéma dans les derniers moments de son premier siècle. » 

 

Pour beaucoup de spectateurs, il y a un avant et un après Chungking Express: c’est une œuvre qui, une fois qu’on en est tombé amoureux, ne cesse de fasciner, de hanter, d’émerveiller. Sa puissance plastique et l’absolue beauté de ses interprètes (Faye Wong filmée comme une héroïne de Godard, façon Jean Seberg ou Anna Karina) enchantent pour toujours, tandis que ses choix musicaux en gardent vivace le souvenir dans la mémoire. Il fait partie de ces films où l’on aimerait vivre. Comme le dit le fic au matricule 223, dans la première partie du film, soucieux de ne pas perdre le souvenir de la fille qu’il a aimée: « Si on met la mémoire en boîte pour qu’elle ne se périme pas, comme date de validité, je mettrai 10 000 années. » Un DCP, un DVD, même un fichier mp4 de Chungking Express sont autant de boîtes enfermant un souvenir dont la date de péremption s’approche de l’infini.