Fiction / France, Maroc

HLM PUSSY

Amina, Djeneba et Zineb, trois adolescentes inséparables, postent sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en cause l’agresseur de l’une d’entre elles. Elles devront choisir entre sauver leur amitié ou céder face aux pressions.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2023

Nora EL HOURCH

Nora EL HOURCH

Léah AUBERT, Médina DIARRA, Salma TAKALINE…

1h40 – Couleur – Dolby Digital 5.1

6 mars 2024

BIOGRAPHIE DE LA RÉALISATRICE

Nora El Hourch écrit depuis son plus jeune âge sans penser qu’un jour quelqu’un la lirait. Après quelques années d’hésitation dans son parcours scolaire et professionnel, elle a finalement décidé de franchir le pas. Sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes en 2015, elle y présente son premier court métrage Quelques Secondes sur des jeunes filles placées en centre d’hébergement. Elle a également réalisé le clip Anvers et revers, à l’occasion de la soirée ciné-débat Sexisme et Violences organisée par le FIT, l’association Une femme, un toit, en décembre 2014. En 2016, elle participe au projet Dans Mon Hall, où elle réalise 2 courts métrages avec la collaboration des habitants du quartier de la Rose des vents et de la Cité de l’Europe à Aulnay-Sous-Bois. En 2018 elle est sélectionnée pour représenter la France dans la Residence Sunday in the country (EFA) à

Vienne. De 2020 à 2023, elle est sélectionnée par les Talents en court au Comedy Club pour participer à la tournée Filme l’avenir. Ce sont plus de 300 jeunes, qui, grâce au dispositif encadré notamment par Nora, ont pu s’exercer à l’écriture et à la réalisation de 60 films dans toute la France y compris en Outre-Mer. Dans ses films, Nora représente des personnages issus des minorités et de la diversité et aborde des thèmes tels que l’inégalité de classe, l’injustice et le rôle des femmes dans la société. HLM PUSSY est son premier long métrage.

ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE

Dans votre court métrage Quelques secondes, présenté en 2015 à la Quinzaine des cinéastes, vous évoquiez déjà les thèmes de la sororité et des violences faites aux femmes. Est-ce le point de départ de HLM Pussy ?

 

Pour être totalement honnête, j’ai fait ce court métrage pour exorciser le viol que j’ai subi à l’âge de 20 ans. Je n’avais aucune expérience dans le cinéma et j’ai appris à tourner sur le tas. Si l’on part du début, j’ai toujours écrit des petites histoires mais après mon agression, du jour au lendemain, sans m’en apercevoir, j’ai cessé d’écrire. J’ai connu des années hyper difficiles. Ma mère m’a encouragée à reprendre l’écriture, en pensant que cela pourrait peut-être me sauver. Et donc je me suis mise à écrire sur ce sujet-là, afin de toucher d’autres personnes qui auraient subi le même traumatisme. Dans la même période, une amie voulait monter sa boîte de production et c’est ainsi que nous avons tourné Quelques secondes en trois jours seulement. Quand on m’a appelée pour me dire que le film était sélectionné à la Quinzaine, j’ai demandé : « c’est quoi la Quinzaine ? ».

Je ne connaissais personne dans le milieu. Le film a fait une soixantaine de festivals. Je me suis retrouvée face à plein de filles qui sont venues me voir à la fin des séances, pour me dire qu’elles avaient elles aussi été victimes de viols. C’est là que j’ai pris conscience du pouvoir d’un film, ce qui m’a donné envie de poursuivre dans cette voie. J’avais été repérée par différents producteurs et j’en ai choisi un. Mon nouveau projet devait parler de la double culture, qui est une vraie problématique personnelle et une source de mal-être chez moi. Mais dès que je me suis remise à écrire, j’exposais mes personnages à des agressions.

J’ai donc décidé d’assumer le fait que j’avais encore besoin de parler de ce sujet-là. Sauf que j’ai mis presque 9 ans à l’écrire. Entre temps, la société a changé, j’ai mûri et le mouvement #MeToo a marqué un tournant. Naïvement, j’ai pensé que c’était la fin du combat, qu’on arriverait après la bataille quand le film sortirait. Je tenais absolument à écrire un film qui parle du thème du consentement, tout en revenant à mon intention première qui était la double culture.

 

Pouvez-vous commenter le titre HLM Pussy ?

 

Le titre m’est venu au moment de la polémique déclenchée par Donald Trump. Il avait tenu des propos obscènes sur les femmes en 2005 et la vidéo était réapparue en 2016, au moment de son élection : « women, grab them by the pussy » (« les femmes, attrape-les par la chatte »). À la suite de ces déclarations, plein de mouvements féministes avaient repris le mot « pussy » et je me suis dit que ça allait être le nom de gang de mes personnages. Un nom de sororité, militant et non vulgaire. Quant à « HLM », cela représente tout ce qu’Amina n’est pas. Elle rêve de vivre dans la cité. C’était donc le parfait nom de gang pour raconter l’histoire et comprendre un peu l’ambiguïté d’Amina.

 

Le trio formé par vos jeunes actrices est l’épine dorsale du film. Comment les avez-vous réunies ?

 

J’ai toujours voulu représenter un trio car plus jeune, je faisais partie de l’un d’entre eux. C’est un chiffre un peu bâtard. Dans une amitié, il y a toujours des disputes. Dans cette configuration, on voit souvent deux filles qui se liguent contre la troisième. C’était le meilleur moyen pour moi, d’isoler le personnage d’Amina, tout en jouant avec cette frontière sociale et géographique qui existe entre les filles. À sa manière maladroite et qu’on pourrait penser égoïste, Amina agit en fait par amour. Elle veut se faire aimer en retour, aider ses amies et prouver qu’elle est une pièce maîtresse dans le monde. Elle veut se fondre dans la masse avec elles. Du coup, le côté « gang de filles à trois » était une évidence pour pouvoir parler de cette histoire.

Avec la directrice de casting Sophie Martin, nous avons posté des annonces sur les réseaux sociaux et reçu 900 vidéos. Cette étape de casting, que j’avais rêvée car j’allais enfin être décisionnaire, a été plus compliquée que prévu car il fallait dire non à des filles qui se donnaient à fond. J’attendais le coup de cœur. Médina Diarra, qui joue Djeneba, a commencé par me poser un lapin. Elle avait peur de s’attacher au personnage qu’elle aimait énormément et d’essuyer un refus à l’arrivée. Et donc le jour J, elle n’est pas venue. La fille que je voulais ! On l’appelle et elle dit qu’elle a raté le rendez-vous car elle était malade. Plus tard, elle m’a avoué que c’était un mytho. On lui donne rendez-vous le lendemain et elle arrive en retard. J’ai cru qu’elle ne se présenterait pas de nouveau. Mais quand elle est arrivée avec sa tchatche, j’ai su que c’était elle. En ce qui concerne le personnage d’Amina, nous avons remis la main sur une vidéo qui, on ne sait pas pourquoi, s’était perdue. Et quand j’ai vu Leah Aubert, j’ai pleuré derrière mon ordinateur, tellement l’évidence était là. Enfin, j’ai rencontré Salma Takaline, qui joue Zineb, à l’occasion d’un atelier que j’anime. J’apprends à des jeunes, issus de milieux défavorisés, à faire des films. Salma vient de Strasbourg. Je l’ai vue traverser la pièce, dans son tee-shirt hyper large et son short. Elle n’avait dit bonjour à personne, ni prononcé un mot et je n’arrivais pas à détacher mes yeux d’elle. Là encore, coup de foudre.

 

Quelle a été votre méthode de travail pour que cette bande de filles devienne fusionnelle ?

 

J’ai d’abord organisé un appel à trois pour voir si ça matchait. Et là, j’ai vu que l’alchimie était au rendez-vous. On a eu un mois de préparation pour le film, pendant lequel on allait prendre des brunchs, se faire les ongles. On a été chez moi en mode « pyjama party ». J’ai insisté pour qu’on se parle beaucoup. On s’est fait ce qu’on appelait « des matins de confidences ». J’ai parlé la première pour dire ce qui m’était arrivé. J’ai expliqué le sens de ce film, où j’en étais dans mon existence. Chacune s’est confiée sur sa vie, ses traumas. Certaines sont allées plus ou moins loin dans la confidence. C’était vraiment des moments très doux et bienveillants. L’amitié est née spontanément, qui s’est consolidée avec le temps. Aujourd’hui, les trois sont vraiment amies. Comme Leah Aubert et Salma Takaline débutaient, elles collaient aux dialogues. Médina Diarra, qui elle avait déjà un bagage, modelait ce que j’avais écrit et le faisait à sa sauce.

 

Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir votre film par une scène d’altercation entre vos héroïnes et des garçons qui les agressent ?

 

J’ai voulu rentrer dans le film avec deux mecs qui ont une conversation hyper clichée. L’un parle de bagarre, l’autre de bouffe et ils ne s’écoutent pas entre eux. On entend les filles hors champ. Je voulais qu’on se dise que ça allait être un énième film de mecs. Ils auraient les rôles principaux et les filles, très vite, se tairaient. Mais cette ouverture pose les bases de tout le reste du film. Amina les interpelle et leur dit que ce qu’ils font s’appelle du harcèlement. Djeneba prend la défense de ses copines et Zineb se tait. Dans la scène suivante, Djeneba prend son téléphone qui sera leur arme par la suite. Je suis encore sur les mecs qui les insultent et les coursent. Sauf qu’après, je pars avec les filles et je ne les quitte plus jamais.

 

Vos héroïnes incarnent chacune une problématique identitaire, liée à leur culture, à leur milieu social ou familial. Souhaitiez-vous en montrer toute la complexité ?

 

Toutes les trois représentent des aspects de ma personnalité. Amina, c’est complètement moi, en termes d’éducation et de milieu socio-culturel. J’ai aussi ce côté hyper naïf et ce profil de la victime parfaite de Zineb. Enfin, tout comme Djeneba, l’injustice me tord le bide.

15 ans, c’est un âge charnière où l’on bascule de l’enfance à l’âge adulte, d’une manière un peu violente. Zineb, pour moi, incarne ce passage. Elle se découvre femme à travers les yeux de Zakaria. Il la connaît depuis qu’elle est née. C’est un frère pour elle. Elle prend conscience du fait qu’elle peut être attirante, jusqu’au drame. Djeneba, quant à elle, a une vision réaliste de la vie. Elle a presque une longueur d’avance sur leur amitié. Elle sait qu’elles ne vont pas être amies toute leur vie. Elle vit dans un quartier où elle va devoir se battre dix fois plus, faire ses armes, utiliser sa tchatche et son activité d’influenceuse pour se sortir de là. D’un autre côté, Amina découvre qu’elle est être trop blanche pour certains, trop arabe pour d’autres. Elle est dans cette dualité culturelle et en plein dans cette quête identitaire, au sens de lutte des classes. Amina fait le pont entre deux milieux qui ne se côtoient pas géographiquement et qui pourraient ne jamais se croiser.

 

Amina vient d’un milieu privilégié par rapport à ses deux amies. Est-elle, de fait, plus armée pour dénoncer les agressions et lancer l’alerte ?

 

Oui, dans le sens où elle a grandi dedans depuis qu’elle est toute petite. Elle est née avec des mots. D’ailleurs, les filles lui demandent d’arrêter avec ses grandes phrases. Mais

Amina sait que ce n’est pas normal. C’est vraiment la lanceuse d’alerte, sauf qu’elle n’a pas pris conscience que ses amies ne sont pas capables de gérer ce combat-là avec la même vitesse, la même priorité. Amina a certaines armes, ses amies en ont d’autres. Il faut comprendre les différences des autres pour pouvoir s’unir dans une lutte commune. Anne dit à Amina qu’il n’y a pas de révolution sans victime. Elle la conforte dans l’idée que son combat est légitime. Elle la comprend immédiatement parce qu’elles ont les mêmes codes.

 

Comment avez-vous choisi Bérénice Bejo dans le rôle de la mère avocate ?

 

En fait, je voulais une actrice qui fasse « maman » et qu’on puisse imaginer dans le rôle d’une femme forte, qui monte au créneau pour défendre les femmes. J’aimais bien aussi le fait que Bérénice ait deux nationalités. Je me suis dit qu’elle pourrait se sentir proche du personnage et du sujet. J’avais préparé un argumentaire de dingue pour la convaincre de faire le film. J’avais même demandé aux filles de faire une vidéo à trois pour la lui montrer. Et je me suis retrouvée face à quelqu’un qui avait eu un coup de cœur pour le scénario ! Elle voulait être dans un film qui prend à bras le corps ce type de combat.

 

Pourquoi avez-vous intégré les réseaux sociaux à votre mise en scène ?

 

Parlant de cette génération, je ne pouvais évidemment pas occulter la place des réseaux sociaux et du téléphone dans son quotidien. J’ai toujours détesté les films ou les séries où les messages sont incrustés à l’image. Je ne trouve pas cela organique. Avec mon chef-opérateur et un ami qui fait du motion design, nous avons trouvé l’entre-deux parfait, pour que le portable soit comme un quatrième personnage, commun aux filles. Et nous l’avons filmé tel quel, à hauteur de personnage.

 

Vous optez pour un style naturaliste et filmez au plus près des personnages. Qu’est-ce qui vous séduit dans cette approche ?

 

J’adore les films qui filment le vrai. Mes références sont Cantet, Maiwenn, Sciamma. Je ne recherche pas de fioritures, en matière de lumière, mais je veux que l’on soit au plus proche et au plus vrai. Je souhaite qu’on soit avec mes héroïnes, dans leur tête, assis autour de la table avec elles, près de leurs petits visages de bébés. Je les filme donc de très près pour qu’on lise en elles. J’ai aussi filmé leurs mains car elles ont encore des mains d’enfants, ce qui est très émouvant. Dans cette volonté de coller au plus près, j’ai travaillé le son de manière organique. Pour moi, le son, c’est 50% d’un film. Je voulais qu’on soit, par exemple, à l’intérieur du corps de Zineb lors de son agression. On entend, en fond sonore, des bruits de bouche. Je recherchais cette sensorialité et cette authenticité dans ma mise en scène.

 

Pourquoi avez-vous choisi de représenter l’agression de Zineb de manière presque abstraite?

 

Au moment de tourner cette scène où Zak devait l’embrasser, Salma m’a fait part de son inconfort. Le mot d’ordre étant la bienveillance, il était hors de question d’aller à l’encontre de son ressenti. Donc au montage, nous avons trouvé une manière de faire comprendre ce qui se passe dans la tête de Zineb et à quel point ce qu’elle est en train de vivre est horrible. C’est un blackout, où l’on a un sentiment de dissociation. Je voulais montrer ce trou noir, ses yeux. J’ai utilisé ces phrases, extraites d’un proverbe arabe : « Dans la nuit noire, une pierre noire… » qu’elle dit en voix off et répète comme un mantra, tout au long du film. Ce proverbe montre sa solitude extrême. Elle est cette pierre noire dans la nuit noire et elle espère qu’on va la voir. À la fin, c’est « on va nous voir ». Pour la scène finale, j’ai demandé qu’il y ait un minimum de personnes sur le plateau, pour qu’elle se sente plus à l’aise. Il n’y a jamais eu de version où Zineb est violée et se laisse faire. Le sujet de mon film était justement de montrer qu’il y a eu des graines plantées dans sa tête au fur et à mesure et qu’elle a désormais les armes pour se défendre.

 

Vous montrez la proximité de l’agresseur avec sa victime, qui est amenée à le côtoyer au quotidien. Est-ce que vous cherchiez à restituer la réalité d’une emprise ?

 

Je ne voulais pas que ce soit un agresseur qui vienne de nulle part. Je souhaitais montrer un agresseur qui, sincèrement, ne se décrirait pas comme tel. Mais il n’y a pas de débat : c’est une agression. Zakaria aime sincèrement Zineb et il ne comprend pas pourquoi elle lui résiste. Il n’a ni l’éducation, ni les codes. De son côté, Zineb a cette ambiguïté, liée au fait qu’elle le connaît depuis qu’elle est toute petite. Elle l’aime bien au fond et ne veut pas qu’il lui arrive quelque chose. Quand elle lui dit : « je ne t’oublierai pas », il y a de la tendresse. J’ai voulu montrer qu’on est tous pleins de contradictions et que parfois, nous sommes perdus. Quand Amina balance à Zineb qu’elle a subi une agression sexuelle, son monde s’écroule. Je voulais dépasser le duo victime-agresseur, pour montrer quelque chose de plus réaliste. Zakaria est tout le temps dans la maison de Zineb, tout comme un agresseur est tout le temps dans la tête de sa victime. Zak a une emprise sur les filles. Il envahit leurs vies. J’ai joué un peu avec les codes du thriller pour montrer qu’il est partout. Où que soit Zineb, il apparaît. En fait, c’est un peu comme un monde fantôme. Quand j’ai subi mon agression, je pouvais éprouver physiquement une sensation qui me ramenait au fait que mon agresseur était peut-être là. Il est en toi. Le gars fait sa vie, mais toi, tu portes sa marque pour toujours.

 

Djeneba se voit arracher sa perruque, lors de la mise à sac de son appartement. En quoi cet accessoire dont on la dépossède est symbolique ?

 

Ils lui ont pris tout ce qu’elle avait créé, pour se cacher derrière un personnage. On le voit, elle a une perruque différente tous les jours. Il fallait l’attaquer là-dessus. Comment être le plus horrible avec Djeneba ? En lui enlevant ce pour quoi elle vit et se lève tous les matins et qui est aussi son symbole de féminité.

 

Vous donnez au personnage de Zak une réelle ambivalence. Pourquoi cette approche ?

 

Ce n’était pas évident pour moi de décrire le personnage de Zak, parce que je ne voulais pas tomber dans le cliché de la victime qui dépeint un personnage tout noir. Pour autant, je n’ai pas envie qu’on aime un agresseur. À travers mon expérience, j’ai compris qu’il y a toujours différentes strates au problème, qu’on est tous plein d’ambiguïtés, de contradictions et que tout n’est pas tout noir ou tout blanc.

 

La scène où le père d’Amina s’effondre laisse voir une vulnérabilité à laquelle on ne s’attend pas. Comment avez-vous imaginé cette scène de réconciliation familiale ?

 

Je l’ai vécue tout simplement. Mot pour mot, geste pour geste. En fait, toutes les scènes de famille sont des scènes que j’ai vécues pratiquement au mot près, y compris quand Bérénice Bejo chante du Patrick Bruel. Je ne comprenais pas pourquoi mon père était obsédé par le fait que je devais être la meilleure. Cela m’énervait qu’il ait renié ses origines arabes et qu’il me demande de faire pareil. Dans le film, on sent que le père est toujours à côté, qu’il ne sait jamais qui sont les personnes dont on parle. Mais on sent l’amour à travers les non-dits. Il était important que cette relation père-fille trouve un dénouement à la fin.

 

Pouvez-vous revenir sur la fin du film ? Pourquoi est-elle libératrice ?

 

Juste avant que je filme son poing serré, Zineb a un bandeau noir sur les yeux, fait d’ombre, et qui rappelle les bandeaux noirs que portent les Chiliennes dans la vidéo que j’ai intégrée à mon film. Pour moi, c’est une façon de montrer que, comme les Chiliennes, elle a cette force en elle. Et ça y est, elle s’est sauvée. Elle a réussi à dire non. Pourquoi n’en parle-t-elle pas aux filles à la fin ? Parce qu’elle n’en a pas besoin. C’est derrière elle. Je veux qu’on le comprenne et qu’on le ressente, en trouvant justement une manière d’être à l’intérieur de la peau de Zineb. En fait, je voulais vraiment ce message d’espoir avec, à la fin, ces petits bouts de femmes qui ne viennent pas du tout des mêmes milieux, n’ont rien en commun, mais qui sont enfin unies dans un même combat.

LISTE TECHNIQUE

Réalisatrice et scénariste : Nora El Hourch
Producteur : Philippe Gompel
Co-Productrice : Lamia Chraïbi
Directeur de la photographie : Maxence Lemonnier
Première assistante réalisatrice  : Christelle Lahaye
Décors : Louise Mekylla Bachir
Montage : Quentin Jourde d’Arzac
Casting : Sophie Martin
Costumes : Maud Dupuy
Maquillage/Coiffure : Emmanuelle Fèvre, Alexandra Bredin
Son : Rémi Chanaud, Benjamin Lecuyer
Musique originale : Clément Tery
Productrice associée : Christine Gicquel
Producteur exécutif : Mathieu Tonetti
Directeur de production : Aimeric Bonello
Distribution : Paname Distribution

LISTE ARTISTIQUE

Amina : Léah Aubert
Djeneba : Médina Diarra
Zineb : Salma Takaline
Zakaria : Oscar Al Hafiane
Chantal : Bérénice Bejo
Ahmed : Mounir Margoum

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LE FIGARO

Un premier film réussi en forme d’ode à l’amitié.

 

LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ

Un récit fougueux farouchement féministe.

 

DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE

Médina Diarra, Leah Aubert et Salma Takaline sont épatantes, remuantes et drôles, dans ce récit fougueux farouchement féministe, sur le passage à l’âge adulte et la rage d’une liberté à conquérir. Leur colère, leur énergie brute et leur soif de vivre sont puissantes.

 

L’HUMANITÉ

Nora El Hourch étudie ce milieu sans a priori et retranscrit avec justesse le langage des banlieues : les échanges sont réalistes, le phrasé crédible. La dureté des propos surprend, quitte à choquer sciemment le spectateur. Les trois actrices, Leah Aubert, Médina Diarra et Salma Takaline, ont une complicité qui crève l’écran.