J’ai entendu cette histoire par un ami qui habite une petite ville près de Kiev. Lui aussi appartient au milieu artistique, avec un parcours similaire. Résidant moi-même dans la banlieue de Kiev, j’aurais facilement pu me retrouver à sa place. Seulement deux villages séparaient la zone occupée. Pour une raison inconnue,je ressens un poids étrange,une culpabilité de ne pas avoir traversé cette épreuve terrible, de ne pas partager de moment crucial et éprouvant de la vie mon ami. Je crois que je souhaitais me rapprocher de lui ressentir qu’il a ressenti,au moins sous la forme artistique.Le Cinéma est devenu pour moi un moyen de renouer avec cette nouvelle réalité et,je l’espère, un point de départ vers un processus de guérison.
C’est pourquoi j’ai interviewé des personnes ayant vécu l’occupationrusse afin de recueillir leurs souvenirs récents des événements.J’ai ressenti le besoin d’adapter cette histoire à ma propre expérience de la guerre—aux défis auxquels ma génération fait face aujourd’hui,aux choix que nous sommes contraints de faire,et à la manière dont nous évaluons notre cadre de valeurs traditionnel.
Finalement, il était essentiel pour toute l’équipe de sortir l’Ukraine du cadre stéréotypé des reportages d’actualité.À travers cette histoire d’amour intime et minimaliste,nous rapprochons le spectateur occidental du drame lié notre conflit et à notre résistance, qui se déroulent ici et maintenant.
Le récit suit deux individus confrontés à un danger mortel— ils sont pleins d’espoirs pour l’avenir, mais enfermés dans l’horreur du présent. C’est une exploration de leur lien sous différents aspects: l’amour dans toutes ses dimensions, les rôles de genre, l’intimité, le sexe, la confiance en soi, la peur et la panique, la tendresse et,au bout du compte, une confiancetotale.