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UNE VIE ORDINAIRE

Documentaire / France, Suisse

À leur sortie du centre psychiatrique où elles avaient été injustement placées, Katia et Iulia, deux jeunes femmes russes, accèdent enfin à une vie indépendante. Gagnée de haute lutte, cette liberté nouvelle leur promet de voir s’exhausser enfin leurs rêves d’une nouvelle vie. Mais comment vivre libre dans la Russie d’aujourd’hui ?

Année

2024

RÉALISATION

Alexander KUZNETSOV

SCENARIO

Alexander KUZNETSOV

AVEC

Amador ARIAS, Benedicta SANCHEZ, Inazio ABRAO, Elena FERNANDEZ

FICHE TECHNIQUE

1h34 - Couleur - Dolby Digital 5.1

DATE DE SORTIE

29 Octobre 2025

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Alexander Kuznetsov est né en 1957 en Sibérie, dans la région de Krasnoïarsk. En 1979, il est diplômé de l’Université fédérale de Sibérie. De 1987 à 1990, il est champion d’URSS d’alpinisme et participe à l’ascension de l’Everest par un nouvel itinéraire en 1996. Après une carrière dans le photojournalisme, il se consacre à la réalisation de documentaire : Territoire de l’amour (2010) est son premier long métrage documentaire (Festivals: les États généraux du film documentaire de Lussas, Honfleur, Art Doc Fest…). En 2014, son deuxième film Territoire de la liberté est présenté en compétition à Visions du Réel et gagne le Prix du Documentaire sur Grand Écran au Festival d’Amiens, avant sa sortie en salles en 2015. Manuel de libération, réalisé en 2016 et produit par Petit à Petit Production, est son troisième long métrage. Il est sélectionné dans de nombreux festivals (Visions du Réel – Prix du Jury et Prix Interreligieux, le festival international de Camden – Prix John Marshall, le FIDBA, Argentine – Mention spéciale, Artdocfest – Grand Prix, Message to Man – Grand Prix, nommé EFA etc.). Il sort en salles en France en octobre 2016. Son nouveau long-métrage documentaire Une vie ordinaire a fait sa première à Visions du Réel 2024.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Une vie ordinaire est le troisième film que vous consacrez à Katia et Iulia, après Territoire de l’amour et Manuel de libération. Aviez-vous, dès le départ, l’idée et le désir de réaliser plusieurs films sur elles, sur une aussi longue période ? 

 

Après la première du film Territoire de l’amour en France à Lussas en août 2010, nous avons organisé une projection en Russie en octobre, sur le lieu même de l’internat de Tinsk. Tous les protagonistes du film ont vu le film dans le cinéma du village. C’est lors de cette projection que j’ai compris que je devais faire un nouveau film, pour suivre le chemin de Katia et Iulia vers leur libération et leur sortie de l’internat. Et nous en avons immédiatement convenu avec le directeur de l’internat. Après ce second film sur elles, Manuel de libération, j’ai de façon naturelle continué à les filmer alors qu’elles étaient sorties de l’internat et commençaient leur nouvelle vie. 

 

La guerre en Ukraine, déclenchée en 2022, est-elle un point de départ pour Une vie ordinaire ? 

 

Ou, au contraire, est-elle venue bouleverser un projet de film déjà amorcé ? Elle ne l’a pas bouleversé, mais l’a complété. Le film Une vie ordinaire était en cours depuis quelques mois, nous avions commencé le travail de dérushage. Nous avons décidé de nous interrompre pour filmer les événements survenus dans le pays. Ces événements ont renforcé le récit sur la vie de nos héroïnes.

 

Avez-vous toujours été frappé par la présence constante de la guerre dans la société russe ? Quelle place occupe-telle en Russie, même avant l’invasion de l’Ukraine ? Peut-on dire que le film cherche, d’une certaine manière, à en explorer les origines ? 

 

Depuis ma plus tendre enfance, ce thème était omniprésent – « notre guerre » pour « notre justice », pour que « la paix règne dans le monde entier ». Dans le film, je n’ai pu qu’en montrer une petite part, pour exprimer l’absurdité de ce flux quotidien de propagande. 

 

Vous avez été photoreporter pendant longtemps. Qu’est Ce qui vous a poussé vers le cinéma documentaire ? 

 

Au début des années 2000, le photojournalisme en Russie a cessé d’être pertinent et nécessaire. Il est devenu inutile. Le cinéma documentaire, grâce aux progrès technologiques, est devenu réalisable même chez soi, et même seul. Et surtout : entre 2009 et 2013, des documentaristes français sont venus en Sibérie pour animer des ateliers (Hélène Châtelain, Christophe Postic, Rebecca Houzel). En 2009, lors d’un de ces séminaires, j’ai écrit le projet de Territoire de l’amour. « Maintenant, tu vas le filmer toi- même », m’a dit Hélène. 

 

Avez-vous été influencé par d’autres approches du cinéma documentaire ou de fiction, par des réalisateurs russes ou étrangers ? 

 

Par des films, beaucoup de films. Ceux d’Andreï Tarkovski, d’Alexeï Guerman, d’Ingmar Bergman, de la Nouvelle Vague française, de l’avant-garde soviétique des années 1930… Mais aussi, de manière importante, par la littérature : Platonov et Boulgakov, Brodsky et Pasternak, Dostoïevski et Tolstoï, Kafka et Márquez… Comme Manuel de libération, Une vie ordinaire semble « suspendu » dans son dernier plan. 

 

Ce film en appelle-til un autre ? Envisagez-vous de continuer à filmer Katia et Iulia ? 

 

Je pense qu’il est temps maintenant de libérer Iulia et Katia de ma présence avec la caméra dans leur vie actuelle ! Mais, bien sûr, j’aimerais beaucoup filmer leurs enfants entrant dans l’adolescence, puis dans la vie adulte. J’aimerais pouvoir croire en un avenir lumineux…