Grand acteur-clown de l’opéra du Sichuan, Qiu Fu n’est plus. L’artiste quitte à contrecœur la vie terrestre pour le monde souterrain, où il est accueilli par Tête de Bœuf et Visage de Cheval, les deux gardiens du lieu. Alors qu’il revit une dernière fois ses souvenirs avant d’entrer dans l’Au-delà, cinquante années d’art, de lutte et d’amour défilent sur fond d’histoire tumultueuse de la Chine du XXe siècle… Inspiré par la vie de son grand-père, A New Old Play de Qiu Jiongjiong brasse de manière audacieuse et imaginative souvenirs familiaux et histoire nationale. Cette grande fresque digne d’Adieu ma concubine (Chen Kaige), qui embrasse cinq décennies de tourbillons historico-politiques chinois, transforme les nombreux tournants vécus dans le pays en un vaudeville éblouissant, et amène à une réflexion sur le passage du temps et le rôle de l’artiste, contraint de résister à la tempête de l’histoire. Cinéaste issu de l’art contemporain et du documentaire, Qiu Jiongjiong s’inspire ici de sa formation d’artiste visuel en adoptant un style pictural des plus originaux. A New Old Play est filmé sous forme de tableaux théâtraux, avec ses décors ouvertement artificiels et des séquences fantastiques surnaturelles dans l’Audelà. Le réalisateur rend ainsi hommage à la magie des pionniers du cinéma, Méliès en tête, mais aussi à l’esthétisme et au sens de la caricature d’un Fellini. Son recours à la comédie et au burlesque le rapproche quant à lui de l’univers de Chaplin ou de Tati. Loin du réalisme noir d’un Jia Zhangke (Les Éternels) ou d’un Diao Yinan (Black Coal), A New Old Play de Qiu Jiongjiong donne à voir un autre versant du cinéma chinois indépendant, tout aussi passionnant et ambitieux, à découvrir d’urgence sur grand écran !