Fiction / Italie

AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS

Un bidonville de Rome, dans les années 60. Giacinto règne en tyran sur sa famille : sa femme, ses dix enfants, les conjoints, les amants et la grand-mère, tous logés sous le même toit, dans un taudis pouilleux. Tous acceptent son autorité et sa mauvaise humeur, car le patriarche acariâtre possède un magot d’un million de lires – reçues en dédommagement après avoir perdu un œil – que chacun espère lui voler. Tandis que Giacinto passe ses journées à se saouler ou à violenter les femmes autour de lui, que la fille tapine dans les rues de Rome, que le fils se travestit en femme, que la grand-mère apprend l’anglais à la télé, que la belle-fille trompe son mari avec le frère de ce dernier, que le petit-fils chasse les rats morts, on prépare en cachette l’assassinat de Giacinto…

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE REPRISE

1976

Ettore SCOLA

Ettore SCOLA & Ruggero MACCARI

Nino MANFREDI, Maria Luisa SANTELLA, Francesco ANNIBALLI

1h55 – Couleur – Dolby Digital 5.1

9 Octobre 2024

À PROPOS DU FILM

Portrait acide et déformé du sous-prolétariat romain des années 60, pourri par les rapports d’argent qui régissent toute la société italienne, Affreux, sales et méchants est un curieux mélange de naturalisme et d’humour noir. Conçu au départ pour être un documentaire sur les borgate, ces baraques insalubres de Rome qui abritaient plus de 800 000 habitants dans les années 60, le film reprend à son compte, en les rendant burlesques et en les grossissant, des éléments dérivés du néo-réalisme italien de l’après-guerre. Scola n’a pas filmé dans les vrais bidonvilles de la capitale italienne, mais il les a reconstitués à proximité du dôme de Saint-Pierre, accusant ainsi la collusion du cléricalisme romain et de la droite politique.

 

Au milieu d’un casting remarquable mélangeant professionnels et amateurs, Nino Manfredi est inoubliable en patriarche despotique. Très controversé à sa sortie, jugé « décadent » par une partie des critiques en raison de son caractère politiquement incorrect, Affreux, sales et méchants est aujourd’hui considéré comme l’un des grands classiques de la comédie noire à l’italienne. À l’instar de La Grande bouffe de Ferreri, il fait partie de ce que l’Italie a produit de plus critique, de plus dérangeant et de plus fort.

 

« De Paris, je ferais un portrait sans doute oléographique, beau, plein d’admiration, mais sans haine. Pour Rome, il y a aussi la haine ; je crois qu’il faut aussi ce sentiment pour faire un bon portrait. »