Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Durant nos études. Nous étions tous dans la même école mais c’est vraiment ce projet commun qui nous a rassemblés. Paul et Théophile se sont rencontrés au sein de l’association d’audiovisuel de l’école, que Julie a intégrée un an plus tard. En parallèle, Paul avait fait la connaissance d’Agathe via d’autres cercles d’amis.
Comment est né le projet ?
Ce projet, c’est vraiment la somme de nos visions complémentaires pour mener à DREAMLAND. Avant de rencontrer les futurs membres de l’équipe, Paul mûrissait déjà depuis quelques années l’idée de réaliser un documentaire humaniste capable de rassembler les gens et de montrer la richesse et la beauté de notre diversité. De son côté, Théophile cherchait un projet d’envergure dans lequel s’investir, quelque chose qui le passionnerait. En discutant de nos envies respectives, nous avons vu l’opportunité de lancer une collaboration : tous deux grands optimistes, nous ne retrouvions pas toujours cet optimisme chez nos amis. Le film serait ainsi un appel à l’action, une célébration du rêve chez les jeunes. Alors que le monde se refermait avec le Covid, nous en avons profité pour affiner notre vision et écrire la trame. Il nous semblait alors essentiel de donner une dimension globale au film, nous voulions inviter au voyage, à la rencontre et les frontières ne nous arrêteraient pas. C’est à ce moment que Julie et Agathe nous ont rejoints. Avec leur soutien, nous avons fait d’une petite idée, quelques années auparavant, un film concret.
Comment s’organise le processus d’écriture à 4 ?
L’écriture n’a pas été linéaire, elle a beaucoup évolué avec le groupe. En effet, Paul et Théophile ont d’abord travaillé sur une première version du film, ce qui allait constituer l’ossature de notre récit. Puis, alors que l’équipe s’est agrandie et que nous avons réalisé de premières interviews en France, nous avons retravaillé l’écriture du film, au gré des apprentissages de chacun, de nos sensibilités. C’était d’ailleurs une des volontés d’avoir une équipe de 4 à l’écriture : intégrer de la diversité au cœur même de l’écriture. Enfin, après un voyage de 4 mois à la recherche d’interviews à travers le monde, nous avons de nouveau fait évoluer le film, vers sa forme actuelle. Si nous sommes toujours restés proches de notre postulat de base – que la jeunesse actuelle est une jeunesse multicolore qui rêve et s’engage – nous avons dû y intégrer les expériences de nos voyages respectifs.
Qu’avez vous mis en place pour préparer ce tournage et quelles sont les difficultés auxquelles vous avez fait face ?
Pour parler des difficultés, il y en a eu plusieurs avant de partir en tournage : le financement, les compétences et les destinations. Pour ce qui est du financement, nous étions ambitieux pour le film mais nous n’avions pas les moyens de produire sur fonds propres. Nous avons tout de même décidé de nous auto-produire, en réalisant un crowdfunding et en cherchant des fonds auprès de nos villes, nos départements et nos régions. Nous avons la chance en France d’avoir un bel accompagnement pour les projets de jeunes. Pour les compétences, bien que nous soyons des passionnés d’audiovisuel, aucun de nous n’avait réalisé plus qu’un court-métrage de fiction. Sur place, nous ne serions que 2 par équipes, Julie et Paul d’un côté et Théophile et Agathe de l’autre, nous devions donc nous exercer à la fois à la réalisation et à l’art de l’interview. C’est pourquoi, nous avons réalisé une vingtaine d’interviews en France avant de partir. Enfin, pour les destinations, il y avait encore l’incertitude du Covid quand nous sommes partis alors nous avons décidé de ne planifier que l’essentiel : les trajets entre les différents pays. D’ailleurs, entre les pays initialement choisis et les pays où nous nous sommes rendus, il n’y a que la moitié en commun. Évidemment, cela impliquait une plus grande incertitude sur les rencontres que nous allions faire, mais c’était là aussi le but de notre projet : proposer quelque chose d’authentique.
Comment avez-vous rencontré les personnes témoignant dans votre film ?
Notre idée en partant était de faire des rencontres authentiques et nous étions persuadés qu’il existait partout des jeunes inspirants. Alors, pour trouver des témoignages, nous avons simplement cherché à faire des rencontres au gré de notre aventure. Nous passions en moyenne 2 semaines par pays et essayions de planifier notre prochaine destination une semaine en avance. Parmi les solutions qui ont fonctionné pour trouver des personnes, nous avons pu utiliser les réseaux sociaux et les réseaux d’associations. Parfois même, nous avons rencontré les interviewés directement dans la rue, nous avons pris un café et en découvrant leur histoire, nous avons choisi de filmer l’interaction.
Vous qualifiez DREAMLAND de film profondément poétique, humaniste et philosophique. Comment avez-vous transmis ces valeurs dans le documentaire ?
La poésie est partout dans le film, rien que dans le thème : le rêve. Mais elle est aussi présente dans notre approche puisque nous voulons faire de ce film une expérience de la jeunesse telle que nous la percevons, une expérience intellectuelle mais aussi sensible. Pour le caractère, nous avons fait le choix de placer les interviews au cœur du film, on y voit les jeunes d’aujourd’hui s’exprimer face caméra dans leur langue maternelle, on y voit l’humain derrière la différence. Enfin, c’est une expérience philosophique par les thèmes abordés, de la construction de l’identité à l’accomplissement de l’individu. Au travers du film, nous nous interrogeons sur ce qui fait l’essence des jeunes rêveurs. La philosophie désigne littéralement “l’amour de la sagesse”, ici nous témoignons de notre soif d’apprendre, d’apprendre ce qui fait de nous les personnes que nous sommes.
Quel témoignage vous a le plus surpris ou bouleversé parmi vos rencontres ?
C’est une question que l’on nous a souvent posée et il est assez compliqué d’y répondre puisque nous avons réalisé près de 120 interviews pour ce film. Ce qui nous a sûrement le plus marqué, c’est la similitude des témoignages sur certains thèmes. Par exemple, plus des 3/4 des jeunes interviewés ont répondu qu’ils percevaient la génération comme capable de réaliser les plus beaux accomplissements mais pourtant souvent perdue devant la multitude d’outils à disposition. Aux quatre coins du monde, des réponses similaires. Pouvoir avoir ce regard a posteriori sur notre expérience et voir se dessiner une unité au sein de la jeune génération, c’est quelque chose qui nous a tous marqués et que nous voulons retranscrire.
La musique a une place importante dans votre film. Comment avez-vous travaillé avec votre équipe musicale ?
Très tôt, dès les premiers échanges sur le projet, nous avons décidé que la musique aurait un rôle particulier dans celui-ci. Ainsi, dès que nous avons terminé la première version du film, nous avons cherché de jeunes artistes pour collaborer sur le projet, c’est comme ça que Mallet, DSDMT et Louis The 4th nous ont rejoint. “Collaborer” car ce n’étaient pas juste des prestataires, nous voulions inclure leur identité musicale dans la bande originale. Dans les mois qui ont précédé le départ, nous avons travaillé ensemble pour définir une identité sonore et explorer différentes émotions au travers de leur musique. Avant même d’avoir les premières images, nous avions une première expérience pour notre film. Ensuite, quand nous avons monté le film, nous avons de nouveau fait appel à eux pour faire fonctionner les images et les musiques ensemble, que les deux éléments se complètent.
Quels sont vos objectifs pour ce documentaire ? Les prochaines étapes ?
DREAMLAND, c’est un film qui n’a eu de cesse d’évoluer au-delà de nos attentes. D’abord, un projet à 2, c’est devenu une aventure à 4, et enfin un film dont nous sommes très fiers. Mais nous n’avons pas oublié l’objectif premier du documentaire : transmettre notre vision de la jeunesse d’aujourd’hui, celle qui rêve et s’engage, celle qui évolue dans le monde actuel et le transforme. Les prochaines étapes vont être la diffusion du film dans les cinémas qui veulent promouvoir notre message et d’aller à la rencontre de la jeunesse de notre monde. Nous avons très tôt eu dans l’idée de mettre en place des évènements afin de présenter notre film mais aussi de créer un échange avec ceux dont nous parlons : les jeunes. Ici en France et pourquoi pas à l’étranger, c’est un film qui peut dépasser les frontières