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KNEECAP

Fiction / Hong Kong

Kneecap, groupe de rap irlandais et trio de Belfast devient la figure de proue improbable d’un mouvement de défense des droits civiques visant à sauver leur langue maternelle.

Année

2024

RÉALISATION

Rich PEPPIATT

SCENARIO

Rich PEPPIATT

AVEC

Móglaí BAP, Mo CHARA, DJ PRÓVAI

FICHE TECHNIQUE

1h45 - Couleur - Dolby Digital 5.1

DATE DE SORTIE

18 JUIN 2025

HORAIRES

A venir

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Rich Peppiatt est un cinéaste anglo-irlandais. Il fait ses débuts en tant que réalisateur avec le documentaire satirique One Rogue Reporter, une critique acerbe du journalisme tabloïd britannique, présenté dans plusieurs festivals internationaux. Il signe ensuite le scénario de la série parodique Supershoppers, diffusée à la télévision britannique. En 2024, il réalise Kneecap, son premier long-métrage de fiction, une comédie dramatique inspirée du groupe de rap irlandais éponyme. Le film est sélectionné au Festival du film de Sundance, où il remporte le NEXT Audience Award, devenant le premier long-métrage en langue irlandaise à y être présenté. Le film connaît aussi un succès important dans les festivals francophones comme le Festival International du Film Francophone de Namur, les Arcs Film Festival ou le Festival Premiers Plan d’Angers. Kneecap est nommé à plusieurs reprises aux BAFTA, notamment dans la catégorie du meilleur premier film britannique pour laquelle il est lauréat. Le film représente aussi l’Irlande pour les Oscars dans la catégorie meilleur film étranger pour laquelle il est shortlisté.

CONTEXTE HISTORIQUE

Les origines du conflit 

 

La colonisation de l’Irlande par l’Angleterre date de 1175. En 1366, la couronne fait voter « les statuts de Kilkenny » établissant une ségrégation entre les colons britanniques et les Irlandais. La colonisation s’accélère sous le règne des Tudors en 1556 lorsque les terres sont confisquées aux Irlandais pour créer des « Plantations » sous contrôle britannique. En 1921, après plusieurs années de conflit armé, la République d’Irlande prend son indépendance du Royaume-Uni mettant fin à des siècles de colonisations britanniques sur l’île. Néanmoins six comtés de la région d’Ulster, majoritairement peuplés par des anglais, décident de rester sous l’autorité de la couronne britannique créant l’Irlande du Nord et séparant le pays en deux. 

 

Les Troubles 

 

Le conflit en Irlande du Nord, connu sous le nom de « The Troubles », s’étend de 1968 à 1998. Il oppose les unionistes protestants, favorables au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, aux indépendantistes catholiques, qui souhaitent la réunification avec la République d’Irlande. Les deux camps s’affrontent à travers des organisations paramilitaires : l’IRA provisoire pour les indépendantistes et l’Ulster Volunteer Force pour les unionistes. L’un des événements marquants du conflit est le Bloody Sunday (Vendredi Sanglant), lorsque l’armée britannique tire sur une manifestation pacifique pour les droits civils des Irlandais provoquant la mort de 14 manifestants. 

 

Quelle est la situation actuelle en Irlande du Nord ? 

 

Depuis les accords du Vendredi Saint, les combats armés ont considérablement diminué. Cependant, la ségrégation entre les deux communautés persiste et s’accentue. Les « Murs de la Paix » séparent les quartiers protestants des quartiers catholiques et, bien que plus rares, les émeutes entre Irlandais et Britanniques continuent, notamment lors des parades orangistes. 

 

Quelle est la place de la langue irlandaise en Irlande du Nord ? 

 

Interdite pendant des siècles, l’irlandais est redevenue une des langues officielles de l’Irlande du Nord en 2022. Bien que pratiquée par 12,4% de la population nord irlandaise en 2021, le nombre de locuteurs est en constante augmentation depuis le début des années 2000. De nos jours, la réhabilitation de cette langue est l’un des principaux combats que mènent les indépendantistes, dont Kneecap. 

 

Qui sont les Republican Radical Against Drugs dans le film ? 

 

Ce sont une parodie des Republican Action Against Drugs (RAAD), apparu dans les années 1990. Après une décennie de pourparlers de paix, certains groupes paramilitaires ont refusé de rendre les armes et ont poursuivi les combats. Le RAAD mène une lutte armée contre le narcotrafic en Irlande du Nord, punissant les trafiquants par une balle dans le genou, « kneecap ». Depuis 2012, le RAAD a fusionné avec l’IRA véritable, un autre groupe paramilitaire indépendantiste. 

 

Pourquoi le personnage joué par Michael Fassbender est recherché par la police ? 

 

Michael Fassbender joue le rôle du père de Móglaí Bap, un paramilitaire indépendantiste, membre de l’IRA provisoire. Cette organisation, créée dans les années 1960 pour défendre la communauté irlandaise contre les violences des unionistes, a lutté pour l’indépendance de l’Irlande du Nord jusqu’en 2005. Les membres de l’IRA provisoire, dont le personnage de Fassbender, sont recherchés par la police britannique pour leur participation à la lutte armée. 

 

Qui est la fanfare orangiste à qui Mo Chara a volé le bâton ? 

 

Les associations orangistes organisent des marches annuelles entre avril et août, la plus importante étant celle du 12 juillet, célébrant la bataille de la Boyne, une victoire décisive du roi protestant Guillaume III d’Orange sur le roi catholique Jacques II d’Angleterre. Ces parades orangistes mobilisent la communauté unioniste et provoquent souvent des émeutes lorsqu’elles traversent des quartiers catholiques. Mo Chara, faisant partie de la communauté catholique, se retrouve alors en opposition avec la fanfare dans le film

ENTRETIEN AVEC RICH PEPPIATT

Comment vous est venue l’idée de réaliser ce film ? 

 

J’avais déménagé à Belfast deux semaines avant de rencontrer Kneecap – je suis tombé par hasard sur l’un de leurs concerts en ville et j’ai été époustouflé par leur énergie, le caractère unique de leur musique et leur « fuck you » attitude. Depuis quelques années, j’avais l’idée que le biopic musical avait besoin d’être réinventé. Plutôt que de regarder la carrière d’un groupe musical avec des lunettes roses, je me demandais s’il était possible de suivre l’ascension d’un groupe local presque en temps réel. Cette idée posait de nombreux problèmes, mais Kneecap semblait être la boîte de Petri idéale pour la mettre à exécution. De plus en tant qu’amateur de hip-hop old school, j’ai trouvé que la relation de Kneecap avec la langue irlandaise faisait écho à la controverse que les rappeurs afroaméricains avaient créé en réinventant la langue anglaise pour refléter leurs propre réalité sociale urbaine et opprimée.

 

Comment avez-vous rencontré les membres du groupe Kneecap et avez-vous eu des difficultés à les faire intégrer votre projet ? 

 

J’ai passé quelques mois à essayer en vain de convaincre Kneecap de me rencontrer, mais la chance m’a finalement souri : j’ai parlé à une fille qui s’est avérée être l’une de leurs ex-petites amies. Je lui ai demandé de les appeler et le soir même, nous étions dans un pub de Belfast. Ils avaient été approchés à de nombreuses reprises pour réaliser un documentaire, mais ils estimaient que c’était trop tôt dans leur carrière. Mais un long métrage les a intrigués – ils vous diront aujourd’hui que c’était surtout parce qu’ils étaient heureux que je continue de payer des pintes, ils n’ont jamais vraiment pensé que cela se produirait ! 

 

Kneecap sont des musiciens, comment ont-ils géré leurs rôles d’acteurs sur le tournage ?

 

J’ai toujours pensé qu’en tant qu’artistes, le passage à une discipline différente était moins difficile que s’ils n’avaient pas l’habitude de se mettre en scène de quelque façon que ce soit. Mais il est devenu évident, environ six mois avant le tournage, que nous devions les préparer à passer à l’écran. Jouer devant une caméra est très différent de jouer devant un public. Mais une fois qu’ils ont compris que le métier d’acteur est un métier qui consiste principalement à réagir, à écouter et à être présent, ils ont vite pris le pli.

 

Pourquoi avoir choisi Michael Fassbender dans le rôle du père et comment est-il arrivé sur le projet ? 

 

Michael est très apprécié en Irlande du Nord pour sa brillante interprétation de Bobby Sands dans le film Hunger de Steve McQueen. Lorsque nous avons eu besoin d’un acteur maîtrisant la langue irlandaise pour le rôle du père de Naoise, il a été le premier choix et nous avons eu la chance qu’il lise le scénario et écoute la musique de Kneecap et qu’il devienne immédiatement un fan des deux. C’était amusant sur le plateau parce que je pense qu’il était plus fan du groupe qu’ils ne l’étaient de lui ! 

 

En tant qu’anglais, pourquoi avoir choisi un sujet aussi clivant qu’est la langue irlandaise et plus globalement l’indépendance de l’Irlande du Nord ? 

 

Eh bien, j’étais anglais lorsque j’ai commencé ce projet, et je peux maintenant dire fièrement que je suis aussi irlandais – j’ai obtenu ma citoyenneté en février. Mais j’ai grandi à Londres et je pense que notre système éducatif est conçu pour donner une interprétation très généreuse de l’histoire britannique. La domination coloniale britannique en Irlande a été brutale et remonte à 800 ans, et lorsque j’ai déménagé en Irlande, j’ai voulu me rééduquer. Parfois aussi, il faut un étranger pour voir le potentiel d’une histoire au sein d’une communauté. Kneecap était à l’avant-garde d’un mouvement populaire visant à revigorer la langue irlandaise, ce qui contrastait fortement avec la stagnation au niveau politique. J’ai pensé qu’il s’agissait là d’un excellent point de départ pour un film. 

 

Pourquoi avoir choisi d’ajouter de la fiction à votre récit ? 

 

Très tôt, nous nous sommes posé la question de savoir si notre premier devoir était de dire la vérité ou de nous divertir. Vous pouvez probablement deviner quel côté nous avons choisi ! Le groupe a été très catégorique dès le départ sur le fait que personne ne pouvait être le personnage principal, ils avaient tous besoin d’un rôle égal. Mais un film à trois protagonistes en moins de deux heures est un véritable défi et il a parfois fallu prendre quelques libertés pour comprimer l’action. En fin de compte, nous voulions que le film représente l’esprit de Kneecap et de la communauté de Belfast Ouest, et c’était une ambition qui allait au-delà d’un simple récit historique. 

 

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de Kneecap ? 

 

Ne mélangez pas la cocaïne et la kétamine. 

 

Y a-t-il une scène du film qui vous tient particulièrement à cœur ?

 

 Mo Chara poursuivi sur le pont par une fanfare orangiste a été un véritable choc, car ce pont reliait l’endroit où j’habitais à Belfast à celui où vivait le groupe, et je l’empruntais donc pour me rendre à mes sessions d’écriture. L’idée de cette scène existait dès la première version du scénario et nous avons surmonté de nombreux obstacles de production pour la réaliser – mais c’est arrivé…

 

Le film a eu un succès retentissant en festival, comment l’avez-vous abordé ? 

 

Ce fut une année folle à partir de Sundance, et ce fut très gratifiant de faire voyager le film à travers le monde et de constater qu’une histoire si spécifique dans son contexte temporel et géographique pouvait toucher un public mondial. Je pense que c’est dû au fait que l’ombre du colonialisme plane sur tant de pays dans le monde, et que cette histoire très spécifique de l’Irlande touche beaucoup de monde. Quels sont vos projets après Kneecap ? J’ai quelques projets sur lesquels je travaille, mais je ne les dévoilerai pas pour l’instant – disons qu’ils sont tout aussi controversés que Kneecap…

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