Krishnamurti (1895-1986) est l’un des hommes remarquables du XXème siècle. Penseur inclassable, il ne relève d’aucune religion spécifique et n’appartient ni à l’Orient, ni à l’Occident. Né en Inde du Sud, et jusqu’à sa mort en Californie à l’âge de 91 ans, il rejettera le statut de gourou et s’adressera dans le monde entier à ses auditeurs, de personne à personne. La base de son enseignement est la conviction que les mutations fondamentales de la société ne peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de la conscience individuelle. Son message continue de marquer par sa profondeur et son intemporalité.
À notre époque difficile, remplie d’incertitudes et de confusions, la parole de Krishnamurti fait sens. Elle est d’une grande modernité. C’est une parole d’urgence, radicale, révolutionnaire. Quelques décennies au plus pour échapper à la violence des conséquences de notre cécité ! Les solutions auxquelles l’homme d’aujourd’hui a recours (le retour aux dérives nationalistes et identitaires, aux croyances sectaires, à la division, à la démagogie) se sont de tout temps avérées impuissantes… Chacun sent bien que quelque chose nous échappe de notre histoire commune. Un nouveau mode d’être au monde est indispensable. Un nouveau mode d’être au monde semble pourtant impensable.
« Est-il possible de susciter une révolution psychologique fondamentale ? Un changement profond, durable, irrévocable, une transformation ? »
Dans un entretien avec le physicien David Bohm, Krishnamurti dit aussi : « Ceci est la vraie méditation, vous devez le ressentir, pas seulement comme l’énoncé verbal, c’est une réalité. Je suis le gardien de mon frère. ».
En utilisant les documents d’archives filmés qui montrent Krishnamurti et nous permettent de l’entendre, le film veut retracer brièvement sa vie et nous aider à pénétrer l’une des pensées les plus fascinantes du XXème siècle. À partir de cette parole « splendidement insoumise »*, le film rend simplement le souffle de son propos. Un film qui n’enferme pas dans un sens, mais qui pourrait être une invitation au ravissement. Dès le début, nous avons voulu que le film soit distribué en salle, et il le sera.
C’est un film contemplatif mais aussi parcouru de plusieurs entretiens avec David Bohm (scientifique) et André Voisin (2 films pour l’ORTF, émission télévisée de 1970 « Les Conteurs »).
Il n’y a pas de mots pour dire l’espace méditatif. Tout juste peut-être des ponts, des passerelles, des croisements, entre plusieurs niveaux sonores et visuels. Un lien est tissé entre l’enseignement, les textes poétiques de Jiddu Krishnamurti, et les images filmées de la nature, des enfants et des hommes de ce monde. Ce film n’est pas l’apologie d’un homme, mais met en scène sa parole, en garde seulement la quintessence et permet d’entrer en familiarité avec elle.
Zéno Bianu, Krishnamurti ou l’insoumission de l’esprit