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LA BELLA ESTATE

Fiction / Italie

1938, à Turin. Ginia a quitté avec son frère le foyer familial pour trouver du travail en ville. Elle se montre particulièrement créative pour la couture dans l’atelier où elle est employée tandis qu’elle est fascinée par sa rencontre avec une jeune femme modèle pour des artistes.

Année

2023

RÉALISATION

Laura LUCHETTI

SCENARIO

Laura LUCHETTI, d’après le roman de Cesare PAVESE

AVEC

Yile YARA VIANELLO, Deva CASSEL, Nicolas MAUPAS

FICHE TECHNIQUE

1h53 – Couleur – Dolby Digital 5.1

DATE DE SORTIE

27 Novembre 2024

HORAIRES DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2024

Vendredi, Lundi : 16h20

NOTE D'INTENTION

Cesare Pavese, en parlant de son roman La Bella Estate, le décrit comme l’histoire d’« une virginité qui se défend ». Dans le film, cette virginité devient peut-être celle « d’une transformation ».

C’est l’histoire du corps de Ginia, qui grandit, désire, veut être vu et aimé. L’histoire de toutes les femmes qui entrent dans l’âge adulte, peu importe l’époque ou le lieu.

Le regard « féminin » et délicat de Pavese sur le monde, sur les désirs, l’amour et les hommes, a été le point de départ de cette adaptation cinématographique. Un saut réalisé avec autant d’amour que de crainte.

Le roman de Pavese, écrit il y a près de quatre-vingt-cinq ans, m’a immédiatement touchée dès ma première lecture. Il m’a paru incroyablement universel, profondément moderne.

Ginia, jeune femme en quête d’elle-même, craignant de ne pas être à la hauteur et de ne pas pouvoir explorer sa sexualité, rencontre Amelia, une autre jeune femme qui la conduit dans un monde nouveau, plein de tentations, de faux rêves et de fragilité. Elle l’entraîne dans un univers bohème, libre, audacieux, sans préjugés : celui de l’art et de la représentation.

Car le film est aussi une réflexion sur le désir d’être vu à travers les yeux d’un autre, d’être peint, photographié, immortalisé, et donc d’exister. Ginia poursuit cette illusion dans les années 1930, tout comme une jeune fille d’aujourd’hui qui aspire à voir son image sur les réseaux sociaux, être admirée, validée, pour enfin devenir « quelqu’un ».

Le roman résonne tellement avec notre époque qu’en racontant l’histoire de Ginia, j’ai eu l’opportunité de voir le monde à travers ses yeux, ceux d’une jeune femme, comme tant d’autres, dans ce moment crucial où l’on se découvre, où l’on se confronte à sa sexualité, à la croissance et à la quête de liberté.

Les hommes, cette fois, restent dans l’ombre, pris entre leur rôle de prédateurs et leur propre fragilité, victimes de leur condition. Pavese porte sur eux un regard sévère, mais j’ai voulu atténuer cette dureté tout en restant fidèle à son récit.

Ginia, sous la pression de la société, de son éducation et de son environnement, cède à un homme, car c’est ce que font toutes ses amies. Pourtant, dans la douleur de cette trahison envers elle-même, elle découvre la vérité de ses sentiments et trouve le courage de se libérer.

Seul le personnage du frère, une petite liberté artistique que je me suis permise, apporte la douceur d’un frère moderne, un frère d’aujourd’hui, qui comprend le tourment de sa sœur. Il joue à être un père, mais contrairement aux autres, il ne la juge pas.

L’été de Ginia est l’été de toute jeune femme confrontée à un choix.

Le film raconte cet instant décisif et universel où l’on devient adulte, où l’on retient son souffle pour exercer la plus grande des libertés : celle de choisir comment aimer, sans peur.

ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE

Entre Pavese et ces enjeux, la réalisation de ce film peut sembler titanesque.


J’ai abordé son livre avec un mélange d’amour et de crainte. La force de Pavese est de traiter du problème universel du choix. À ma quatorzième relecture de ce court roman, j’ai commencé à imaginer ces jeunes habillés en salopette et t-shirt. Grâce à l’incroyable travail de recherche sur les costumes d’époque, on pourrait facilement croire qu’ils vivent en 2023. Ginia est une fille moderne, tiraillée entre le désir, son orientation sexuelle, ce que la société attend d’elle et ce qu’elle veut vraiment. Amelia est une femme forte, mais porte les failles d’un passé que l’on ne connaît pas, mais que l’on devine. Pavese parle de « l’histoire d’une virginité qui se défend », et c’est à partir de là que j’ai voulu explorer l’idée d’une virginité qui se cherche.

Et puis, il y a les hommes.
Dans le roman, ils sont dépeints de façon brutale, avec la sévérité du regard de Pavese. Mais dans l’adaptation cinématographique, j’ai voulu nuancer cette représentation. Les hommes ne sont pas seulement des figures brutales ou dominantes, ils sont aussi pris dans leurs propres contradictions, victimes de leurs attentes et des rôles qui leur sont imposés par la société. Cette approche me permettait de complexifier les personnages et d’aller au-delà de la simple opposition entre les sexes.

Le film se concentre sur Ginia, une jeune femme en pleine quête de soi, confrontée aux pressions sociales, à ses désirs et à son identité sexuelle. Le personnage d’Amelia, quant à elle, incarne une femme forte, libre, mais marquée par un passé mystérieux qui influence ses choix et sa relation avec Ginia. 

 

Et puis, il y a les hommes.

 

Dans le roman, ils sont dépeints de façon brutale, avec la sévérité des années 1930. Dans le film, Severino porte mon nom de famille : Severino Luchetti, car c’est mon frère, je l’admets volontiers. J’ai adouci son personnage, en en faisant un homme très moderne. J’ai pris l’intuition géniale de Pavese qui raconte une relation entre frère et sœur, et je l’ai approfondie : Severino est le premier à comprendre les tourments de Ginia. Cette dynamique fraternelle, plus intime et douce dans le film, contraste avec les autres hommes du récit, souvent plus distants ou rigides dans leurs rôles. Severino devient une figure d’écoute et de soutien pour Ginia, quelqu’un qui, sans jugement, l’aide à traverser les épreuves de sa jeunesse. Il incarne une forme d’amour fraternel moderne, loin des stéréotypes des hommes de l’époque.

 

Au cœur du film, dans l’atelier, devant le miroir, dans la maison, c’est le corps qui est central.


À cet âge-là, on n’est pas ce que l’on dit, on est là où le corps nous conduit. Celui de Ginia ne peut être contenu, il est trop grand pour le miroir ou pour la baignoire – ils sont trop petits pour elle. La Bella Estate devient alors un récit sur la représentation, et surtout sur l’envie d’être vu, le désir d’exister à travers le regard des autres. C’est Instagram, c’est TikTok. Je dis souvent à ma fille, et en filigrane à Ginia : « Ton corps est ta dernière arme politique. »

 

Comment était-ce de travailler avec des jeunes ?


Un défi dans le défi : Yle incarnait son premier grand rôle, Deva faisait ses débuts à l’écran. Et pourtant, qui mieux qu’un mannequin peut comprendre ce rapport à l’apparence, à la disparition, et à l’émotion que cela suscite ? J’avais déjà travaillé avec Nicolas, mais c’était son premier film, et Cosima venait tout juste de sortir de l’Académie. Puis il y avait Alessandro, Massimo, Anna et Andrea Bosca, qui est mon acteur préféré. Comment avons-nous fait ? Nous avons organisé un atelier en juillet, suivi de répétitions, en essayant de travailler autant que possible, car les semaines de tournage seraient courtes. Beaucoup de répétitions pour pouvoir ensuite aller vite. Leur complicité a été incroyable et a créé la magie : ils sont devenus un groupe d’amis, unis par ce film que nous aimions tant. Ils m’ont fait confiance, et j’ai essayé de les filmer à leur niveau. Pas de regard supérieur, pas de perspective « d’adulte ». Juste face à face.

CE QU'EN DIT LA PRESSE

FRANCEINFO CULTURE

Troisième film de Laura Luchetti, la maîtrise du cadre et de la lumière, de l’exigence de la reconstitution, des décors et des costumes, aspirent l’œil, et entraînent dans un récit où l’amour va avoir fort à faire face à un contexte idéologique moraliste et répressif, où les sentiments sont mis à mal par le pouvoir.

 

NICE-MATIN

Un film doux en apparence, élégant et d’une fraîcheur inouïe.

 

OUEST FRANCE

Un joli récit d’émancipation.

 

LE PARISIEN

Lumineuse, au moins aussi belle que sa mère à son âge (20 ans), la fille de Monica Bellucci et Vincent Cassel, qui s’illustre comme mannequin depuis qu’elle a 14 ans, irradie l’écran pour ses débuts dans un long-métrage. Un tout premier rôle qui donne envie de la revoir vite dans un film plus flamboyant.

 

PREMIÈRE

En insistant sur l’opposition entre le luxe des villes et la frugalité de la campagne et en esquissant une romance lesbienne, la mise en scène se fait plus universelle et atemporelle que tournée vers le passé. Et la modernité du regard posé sur les personnages et le casting – où apparaît notamment Deva Cassel, fille de Vincent Cassel et Monica Bellucci, dans le rôle d’une jeune femme modèle pour artistes – emporte au final l’adhésion.