Cédric Gerbehaye est photographe documentaire. Pendant neuf ans, il a habité avenue de la Jonction, à Bruxelles, entouré par les prisons de Forest, de Saint-Gilles et de celle des femmes de Berkendael. À partir de 2014, entre chaque reportage à l’étranger, il décide de documenter le quotidien de ses “voisins”, dont il partage l’enveloppe sonore. Au fil du temps passé en prison, il noue des rapports privilégiés et devient un confident des emmurés après avoir duré en zones lointaines, dans différents contextes de conflits, au Moyen-Orient et en Afrique. En 2016, une autorisation historique de l’administration pénitentiaire, du cabinet du ministre de la Justice et de la direction de la prison lui est accordée. Il commence alors à filmer seul, en immersion. En libre observateur de la condition carcérale, Cédric Gerbehaye a ainsi pu travailler à tous moments et dans les moindres recoins de la prison : en cellule, au préau, dans tous les lieux collectifs ainsi qu’au cachot. Ce temps long intramuros sera également ponctué d’ateliers à destination des détenus. Pendant six ans, de 2016 à 2022, Cédric Gerbehaye filme au sein des trois prisons voisines et principalement à Forest. Le tournage commence juste après la longue grève des agents pénitentiaires, et se clôt le jour de la fermeture de Forest suite au déménagement vers la nouvelle méga-prison de Haren. La Peine montre comment des détenus, hommes et femmes (parfois enceintes puis jeunes mamans) attendent, se tiennent, se battent et se laissent abattre, travaillent, se sculptent, prient, dorment, aiment, espèrent et attendent encore. Le personnel pénitentiaire est filmé avec le même point de vue : des hommes et des femmes captifs eux aussi d’un bâtiment, et d’un système. Des individus en proie à leurs destins, tentant, chacun à leur manière, de s’en accommoder ou d’y échapper.