Nous avons observé pendant plusieurs années le parcours de Guangdong et sa relation intime avec son fils, Zhaohang, de ses quatorze à ses dix-huit ans. Nous avons suivi le point de vue de Guangdong, car il s’est investi corps et âme dans l’éducation musicale de son fils. Cependant, derrière son rôle d’éducateur strict, Guangdong nourrit une autre ambition : permettre à son fils de quitter la Chine, pour qu’il puisse être libre.
Cinq ans après notre première rencontre, Zhaohang a grandi et a été admis au conservatoire de musique clasique de Tallinn, en Estonie. Pour la première fois, il se retrouve livré à lui-même, devant apprendre l’anglais et tout recommencer. L’influence et l’omniprésence de son père durant son éducation nous interroge : comment Guangdond parvient-il à se réinventer après temps d’années consacrées à l’éducation se son fils unique ?
Comment Guangdong et Baoyan peuvent-ils vivre non seulement en tant que père et mère, mais aussi en tant qu’homme et femme ?
En couple, mais aussi individuellement ? Maintenant que Zhaohang n’est plus là pour réaliser les rêves de son père, Guangdong doit se confronter à ses propres désirs. C’est le vide laissé par Zhaohang qui permet à Guangdong de se révéler à lui-même et de découvrir ses désirs les plus profonds.
D’un autre côté, comment un enfant peut-il s’émanciper et construire sa propre identité lorsque son père si exigeant a organisé sa vie pour lui pendant 17 ans ? Le défi est également pour les spectateurs de comprendre, sans interviews, à travers la mise en scène, les enjeux forts qui se cachent derrière une vie quotidienne strictement régulée. Le rythme de chaque plan doit laisser le temps aux mots d’émerger et à l’intimité de se révéler, des éléments qui ne deviennent visibles qu’avec le temps. Des fissures apparaissent progressivement dans leur mode de vie rigoureux. Nos images racontent le fossé grandissant entre deux vies dont les chemins se sont séparés à l’aéroport, le jour où Zhaohang est parti.