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PERSONNE N’Y COMPREND RIEN

Documentaire / France

Une démocratie et une dictature. Une campagne présidentielle et de l’argent noir. Une guerre et des morts. » Personne n’y comprend rien « , se rassure Nicolas Sarkozy au sujet de ses liens avec le colonel Kadhafi. Alors que s’ouvre le procès de l’affaire des financements libyens, voici le film qui va enfin vous permettre de tout comprendre à l’un des scandales les plus retentissants de la Ve République.

Année

2024

RÉALISATION

Yannick KERGOAT

SCENARIO

Fabrice ARFI, Michaël HAJDENBERG, Yannick KERGOAT, Karl LASKE

AVEC

Fabrice ARFI, Julia CAGÉ, Patrick HAIMZADEH

FICHE TECHNIQUE

1h43 - Couleur - Dolby Digital 5.1

SORTIE LE

8 Janvier 2025

HORAIRES DU 8 au 14 JANVIER 2025

Tous les jours : 12h05, 14h00, 16h10, 18h05, 20h00

HORAIRES DU 15 AU 21 JANVIER 2025

Tous les jours : 12h20, 14h15, 16h10, 18h05, 20h00 (sauf Lundi)

Mercredi 15 Janvier, Séance « Personne n’y comprend rien » à 14h15 suivie d’une intervention de Yannick Kergoat, réalisateur du film.

Mercredi 15 Janvier, Séance « Personne n’y comprend rien » à 16h10 précédée d’une présentation de Yannick Kergoat, réalisateur du film.

Vendredi 17 Janvier, Séance « Personne n’y comprend rien » à 20h00 suivie d’un débat en présence de Karl Laske, journaliste à Mediapart, intervenant dans le film, co-auteur du livre « Avec les compliments du guide, Sarkozy-Kadhafi, une histoire secrète ».

ENTRETIEN AVEC FABRICE ARFI, MICHAËL HAJDENBERG, YANNICK KERGOAT

POURQUOI AVOIR DÉCIDÉ DE FAIRE CE FILM MAINTENANT ?

 

Fabrice Arfi : D’une certaine manière, on dit « chiche » à Nicolas Sarkozy. Le titre du film est un clin d’œil malicieux à une phrase de l’ancien président de la République, qui avait déclaré un jour au sujet des affaires qui le visent que « personne n’y comprend rien ». On le prend donc au mot pour rendre le plus accessible possible ce que l’on appelle parfois entre nous « l’affaire des affaires » tant ce scandale mêle des questions d’ordres très divers : politique, diplomatique, financier, éthique, terroriste, militaire, judiciaire… En un mot : démocratique. 

 

Michaël Hajdenberg : Les premiers articles de Mediapart datent d’il y a 14 ans. Comme cela arrive parfois quand les affaires s’étendent sur une si longue période, les gens s’y perdent, voire renoncent à comprendre, persuadés que le coût d’entrée dans l’histoire est trop élevé pour eux. D’autant que les faits ont été pollués par une communication outrancière et abondamment relayée par certains médias. Avec le procès on arrive presque au bout de l’histoire. Il était temps d’en revenir aux faits et de donner de la lisibilité à cette histoire extraordinaire, certainement la plus folle qu’ait connu  la Ve  République. 

 

COMMENT LA RENCONTRE ENTRE MEDIAPART ET VOUS, YANNICK, S’EST￾ELLE FAITE ?

 

Yannick Kergoat : Nous nous étions rencon￾trés avec Fabrice lors de projections-débats de mon film précédent LA (TRÈS) GRANDE ÉVASION. Edwy Plenel avec lequel je travaillais sur un tout autre projet a fait le lien. Ensuite, les choses se sont passées très simplement. Michaël, Karl et Fabrice m’ont fait confiance tout en restant très disponibles et impliqués à chaque étape de la réalisation du film.

 

COMMENT ÉCRIT-ON UN FILM PAREIL – SI DENSE ET AVEC AUTANT DE FAITS ? QUELS CHOIX AVEZ-VOUS DÛ OPÉRER ?

 

YK : Le livre que Fabrice et Karl ont écrit sur l’affaire fait plus de 400 pages (Avec les compliments du Guide – Sarkozy-Kadhafi, l’histoire secrète, Fayard, 2017). Il était donc évident dès le départ que dans le cadre d’un film d’une heure trente, nous ne pourrions pas évoquer toutes les dimensions de cette histoire et tous les faits révélés par l’enquête. D’autant plus que nous souhaitions avoir le temps d’aborder l’aspect du coût démocratique d’une telle affaire. Le choix s’est fait dès l’écriture du scénario,  d’une certaine manière par soustraction, de ne  garder que les événements et les personnages  les plus éclairants et les plus utiles au récit  de l’enquête. 

 

COMMENT S’EST PASSÉ LE MONTAGE ENTRE LES ARCHIVES, LE COMMENTAIRE ET LES ENTRETIENS ? POURQUOI LA DÉCISION DE METTRE CERTAINES  ARCHIVES PLUS À DISTANCE ?

 

YK : Il faut savoir que dans un film comme celui-là, le montage est l’étape de réalisation la plus importante (et la plus longue). C’est là que véritablement vous « écrivez » le film. C’est durant le montage que prend forme le récit, alternant entretiens, archives et commentaire. Les critères qui président à ce travail sont nombreux, mais les deux principaux enjeux sont la compréhension et la fluidité du montage. Sans prétendre vouloir révolutionner l’histoire  du cinéma documentaire, il est important de se donner des enjeux formels. L’histoire de l’affaire Sarkozy/Kadhafi est une histoire passée et « au passé » quand on la raconte (même si le dernier chapitre va s’écrire au tribunal). Je voulais trouver une manière d’incarner un présent du film, celui du récit de l’enquête. D’où l’idée d’espaces différents, mais dans un lieu unique, car au cinéma d’une certaine manière, l’espace c’est le temps. Ensuite, il y a les hasards du repérage et des contraintes de production qui nous ont fait choisir cet appartement.Les images d’archives montrées dans le film sont presque exclusivement des images de télévision (du début des années 1990, jusqu’à aujourd’hui). Or, la dimension médiatique de l’affaire est importante, notamment à la fin du film. Il fallait donc pouvoir rendre compte d’un effet « télévision » quand c’était nécessaire, mais pas tout le temps. D’où l’idée d’avoir des dispositifs variés de mise en scène des archives qui offrent aux spectateurs et aux spectatrices un rapport différencié à ces images. 

 

À QUEL MOMENT AVEZ-VOUS PENSÉ À FLORENCE LOIRET CAILLE POUR LA VOIX OFF ET POURQUOI ?

 

YK  : Nous avions envie d’un timbre particulier, d’une scansion à la fois neutre, mais qui pouvait moduler, bref il nous fallait le travail d’un.e acteur.ice ! Assez naturellement, notre choix s’est porté sur Florence Loiret Caille que nous admirons tous beaucoup. Il se trouve que ses engagements sont connus, nous lui avons donc proposé et elle a immédiatement accepté. 

 

POURQUOI AVOIR DÉCIDÉ DE FAIRE COÏNCIDER LA SORTIE DU FILM AVEC LE DÉBUT DU PROCÈS ?

 

FA : Le procès de l’affaire Sarkozy-Kadhafi s’ouvre le 6 janvier, et nous sommes en salles le 8. On s’est dit que c’était le moment idoine pour capter une partie de la curiosité que le procès va inévitablement susciter. Tout va être mis sur la table lors des audiences. De notre côté, nous jouons cartes sur table avec ce film. Mais PERSONNE N’Y COMPREND RIEN n’a pas vocation à faire le procès à la place du procès, surtout pas, mais à raconter l’histoire de l’enquête de Mediapart débutée en 2011 ! En quinze ans, on en a vu et vécu des choses… Et à côté de cela de réfléchir à ce que cette affaire nous raconte au-delà d’elle-même.

 

QU’ATTENDEZ-VOUS DE LA SORTIE DU FILM ?

 

FA : Il y a quelque chose de paradoxal avec l’affaire libyenne. Sa gravité, telle que décrite par exemple par les juges et les policiers qui ont enquêté dessus, est inversement proportionnelle à sa médiatisation et à sa place dans le débat public. Nous voulons, avec les moyens qui sont les nôtres, essayer de donner les principales clés au public pour que, désormais, il comprenne tout de cette histoire unique en son genre. On parle quand même d’une intrigue qui porte sur une démocratie, la nôtre, soupçonnée d’avoir été corrompue par une dictature, la Libye de Kadhafi, à laquelle on va finir par faire la guerre. 

 

MH : Cette histoire est sombre. Et désastreuse à bien des égards, notamment pour l’image de la France. Mais à travers ce film, nous voulions aussi dire en creux qu’il y a du positif à tirer de toute cette histoire. Deux journalistes, puis des juges d’instructions qui se sont succédés, et quelques rares policiers, cela fait peu pour enquêter sur une affaire internationale de cette ampleur. Mais leur travail montre que rien n’est impossible. Que des contre-pouvoirs fonctionnent encore dans notre démocratie. Et qu’à force de travail, d’obstination, de persévérance, la vérité des faits peut émerger, même quand certains ont tout fait pour la dissimuler. 

 

YK : La stratégie de Nicolas Sarkozy dans cette affaire (comme dans d’autres) a toujours été de se donner le rôle du persécuté – que ce soit par la justice ou par ses ennemis politiques – et d’en appeler à l’opinion publique. Faire un film, investir l’espace public, c’est donc aller sur le terrain de Nicolas Sarkozy et l’occuper avec une autre voix, raconter une autre histoire. 

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Yannick Kergoat est réalisateur, scénariste et monteur. Il a collaboré notamment avec Mathieu Kassovitz, Erick Zonca, Cédric Klapisch, Costa-Gavras et Dominik Moll, avec lequel il remporte un César du meilleur montage en 2000 pour HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN. Il a réalisé plusieurs documentaires pour la télévision, dont la série LE SIÈCLE DE COSTA-GAVRAS en sélection officielle à Cannes en 2024. Co-réalisé avec Gilles Balbastre, son film LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE a été nommé pour le César du Meilleur Film Documentaire en 2012. Son dernier documentaire LA (TRÈS) GRANDE ÉVASION, sélectionné au Festival de San Sebastian, est sorti en 2022. Yannick Kergoat est aussi le créateur des Éditions Adespote, et un membre fondateur d’ACRIMED.

LISTE TECHNIQUE

Réalisateur Yannick Kergoat

Auteurs Fabrice Arfi

Michaël Hajdenberg

Yannick Kergoat

Karl Laske

Musique originale Éric Neveux

Directeur de la photographie Étienne Mommessin

Ingénieur du son Clément Maléo

Graphisme et motion design Lola Duval

Félix Farjas

Monteuse Pauline Casalis

Monteurs son Jules Laurin

CE QU'EN DIT LA PRESSE

DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE

Personne n’y comprend rien fait songer à ces films d’enquête hollywoodiens, comme Spotlight de Tom McCarthy, Oscar du meilleur film et du meilleur scénario en 2016, qui traitent le journalisme d’investigation avec respect et lui donne le poids qu’il mérite.

 

LES FICHES DU CINÉMA

Ce film relate avec clarté et force documents la vaste enquête qui mena Fabrice Arfi et Karl Laske à dévoiler les sordides dessous du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. On reste interdit devant ces révélations qui dépassent l’entendement.

 

SUD OUEST

Habilement titré à partir d’une citation de Nicolas Sarkozy lui-même répondant à une question à ce sujet sur un plateau de télévision, « Personne n’y comprend rien » réussit le pari de résumer une affaire extrêmement complexe sans mise en scène particulière mais grâce à un montage mettant en avant l’un après l’autre les personnages clés, décryptant les liens entre chacun et leurs interventions respectives.

 

ABUS DE CINÉ

Le résultat consolide de bout en bout sa force d’action, peaufine jusqu’au bout sa quête de vérité, et s’impose in fine comme un solide document d’utilité publique.

 

L’OBS

N’ayez crainte : non seulement le film relève son défi de clarté, mais il se savoure comme un bon thriller d’espionnage, bourré de détails qui tuent, d’archives accablantes et de personnages hauts en couleur, au premier rang desquels l’ancien président, infatigable cabot se débattant dans le déni. Dommage que Yannick Kergoat s’en tienne au format d’un long-métrage.

 

LE MONDE

Une gageure, alors même que ses multiples ramifications, dénégations, palinodies et rebondissements auraient tendance à brouiller l’entendement. A cet égard, en dépit d’une mise en scène plus illustrative que créative, le film remporte son pari.

 

LES INROCKUPTIBLES

Un docu passionnant pour suivre le procès de l’affaire des financements libyens en cours et prendre la mesure de ce qui pourrait être l’une des plus graves affaires d’État de notre histoire contemporaine.

 

LIBÉRATION

Le résultat, en salles mercredi, est d’une confiante limpidité, accablant déroulé des faits avec une pointe de grotesque – la défense cartoonesque de Sarkozy, les images absurdes de Kadhafi, chapka sur la tête, visitant Versailles.

 

PREMIÈRE

Quand on connaît les relations houleuses entre Nicolas Sarkozy et Mediapart, cette attitude pourrait avoir tendance à entraîner le documentaire vers un pur règlement de comptes ou un procès à charge anti- sarkozyste, ce dont il se défend dès les premières minutes. Mais heureusement le travail de Kergoat et la sidération qu’on éprouve devant les ramifications de ce qui pourrait être l’un des plus grands scandales de la Vème République l’en empêchent.

 

TÉLÉRAMA

Ce documentaire sobre et efficace, qui ravira aussi les amateurs de polar, retrace fidèlement leur solide enquête.

 

aVoir-aLire.com

Si les spectateurs veulent reprendre confiance en leurs élus politiques, surtout ne pas aller voir ce film. Pour le reste, les révélations des deux journalistes sont édifiantes.