Séance spéciale « Rupestres » à 20h15 suivie d’un débat en présence de Marc Azema réalisateur du film et Edmond Baudoin et Emmanuel Guibert, dessinateurs.

En 2011, les éditions Futuropolis publient la BD “Rupestres !”, co-signée par 6 auteurs de BD : Etienne Davodeau, Emmanuel Guibert, Marc-Antoine Mathieu, David Prudhomme, Pascal Rabaté et Troubs. 

Ces artistes ont éprouvé le besoin de visiter plusieurs grottes ornées de la préhistoire pour tenter un dialogue avec leurs ancêtres artistes premiers. A cette occasion, ils me contactent après avoir pris connaissance de la publication de mon ouvrage “Préhistoire du cinéma” exposant la théorie de Marc Azéma sur les origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe. Dès lors, les rencontres se multiplient. Au Festival de BD de Colomiers, Marc filme une performance artistique : les dessinateurs de “Rupestres !” peignent les murs d’un parking de la ville dans une ambiance de grotte préhistorique, mêlant éclairages type lampes à graisse à des chants d’inspiration ethnique. Les années suivantes, il filme à plusieurs reprises d’autres performances : concert filmé de Troubs et Prudhomme au Parc de la Préhistoire de l’Ariège en 2013 et surtout “Repeindre Lascaux” en 2019. Lors de cette dernière installation artistique, Troubs et Prudhomme ont carrément investi le fac-similé de Lascaux 2 en Dordogne pour repeindre à leur manière, devant le public, les fresques de Lascaux via un système de rétroprojection. Un film a été monté à son issue : “Repeindre lascaux” : https://vimeo.com/518527089 / mot de passe : RL>2021.

En 2017, Marc Azéma poursuit pour Arte son envie d’un film autour de son ouvrage Préhistoire du cinéma : “Quand Homo Sapiens faisait son cinéma” : https://vimeo.com/524361816 / mot de passe : QHSFSC>2017 Une grande complicité installée avec les artistes, Régulièrement l’envie de passer à la vitesse supérieure revient : se mettre en immersion dans une grotte et dessiner avec les outils et techniques de ces artistes premiers qu’ils vénèrent. David Prudhomme a eu l’idée de lancer par voie de presse une annonce afin de trouver une grotte susceptible de les accueillir. En 2022, son appel est entendu par le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy. A deux pas de la célèbre grotte du Pech Merle, La Sagne, une petite cavité du Lot, vierge de tout vestige archéologique, peut remplir ce rôle. Dès lors, les choses vont très vite. Le groupe de la BD “Rupestres!” se reforme, complété de deux nouveaux (Baudoin, Cruchaudet). L’expérience “Résonances Rupestres” est déclenchée. Troubs et Prudhomme contactent Marc pour filmer, avec l’accord du Parc, l’expérience qui concrétise ces 11 années de collaboration.

Pour tous, c’est un moment de partage, d’envie, un besoin un film qui devient pressant. Un film qui constituera une véritable première : fin 2022, des artistes majeurs du neuvième art, dont certains sont membre de l’Académie des Beaux-Arts, cinéaste ou auteur de best-seller (“Droit du Sol”), ont en quelque sorte concrétisé le rêve des maîtres de l’art moderne et contemporain, Picasso, Soulages ou Barcelo, peindre dans une grotte comme les artistes d’il y a 30 000 ans et réaliser « la grotte préhistorique des temps modernes ». Questionner notre regard. 

Le film questionne le processus créatif. Qu’est-ce qui nous pousse à dessiner et à créer en général? Comment viennent les idées ? Quelle est la place de l’inspiration et de la filiation dans ce processus ? Comment ces sapiens d’aujourd’hui se rapprochent-ils de leurs ancêtres de la préhistoire, soucieux comme eux de laisser des traces de leur “passage” et raconter des histoires en images de leur temps sur des supports différents, pierre ou papier, mais avec un état d’esprit créatif fondamentalement humain. Les montrer s’exprimer librement sur le support rocheux restitue un acte social fort, à une époque où la création artistique subit le formatage et les assauts de l’intelligence artificielle… 

Comment le savoir-faire d’un groupe d’artiste d’aujourd’hui peut-nous offrir un regard nouveau sur un sujet habituellement réservé aux archéologues ? 

Le spectateur aura une place de choix dans cette aventure cinématographique. Que cela soit dans le cadre de la grotte et l’expérience collective ou dans les ateliers et leur quotidien plus intime, la caméra le placera aux côtés des artistes, pour être au plus proche de leur création, de leurs interrogations. Elle saura être mobile pour passer d’un point à l’autre de la grotte en plein chantier de décoration, capter les bons gestes, la bonne expression du visage, l’œuvre en train d’émerger de la roche ou d’être effacée au grès des hésitations et ces choix. Techniquement, le dispositif de tournage, léger mais qualitatif (tournage 4K), génère de belles images en basse lumière en fonction des éclairages individuels. L’objectif n’est pas de filmer les artistes comme s’ils étaient en studio, avec une lumière d’ambiance, mais de respecter au contraire le jeu d’ombres et de lumières qui façonne les reliefs de la paroi rocheuse et inspire la création en 2022 comme il y a des dizaines de milliers d’années. Je bénéficierai pour cela de ma longue expérience de tournage en grotte m’ayant conduit à réaliser de nombreux films documentaires sur l’art pariétal paléolithique pour la télévision ou les musées. 

Tout au long du film, le spectateur se trouve en immersion avec l’expérience “Résonances rupestres”. 

Marc Azéma