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Fiction, Comédie Vampirique / Canada

VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT

Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie. Ce qui devait être un échange de bons procédés se transforme alors en épopée nocturne durant laquelle les deux nouveaux amis chercheront à réaliser les dernières volontés de Paul avant le lever du soleil.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2023

Ariane LOUIS-SEIZE

Ariane LOUIS-SEIZE, Christine DOYON

Sara MONTPETIT, Félix-Antoine BÉNARD, Steve LAPLANTE

1h31 – Couleur – Dolby Digital 5.1

20 mars 2024

BIOGRAPHIE DE LA RÉALISATRICE

Ariane Louis-Seize est une cinéaste basée à Montréal. Elle marque ses débuts comme réalisatrice avec son court métrage LA PEAU SAUVAGE, un drame fantastique ayant voyagé dans plus de cinquante festivals à travers le monde et lauréat de nombreux prix et nominations, dont celles du meilleur court métrage de fiction au Gala Québec Cinéma et aux Prix Écrans Canadiens. Elle tourne ensuite LES PETITES VAGUES, sélectionné à la Berlinale et au Canada’s Top Ten du TIFF. En 2018, Ariane écrit et réalise LES PROFONDEURS, suivi de COMME UNE COMÈTE en 2019, tous les deux présentés en première mondiale au TIFF et en première québécoise au Festival du Nouveau Cinéma. Avec COMME UNE COMÈTE, Ariane remporte une dizaine de prix un peu partout dans le monde, en plus d’être à nouveau nominée pour l’Iris du meilleur court métrage de fiction au Gala Québec Cinéma. VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT est son premier long métrage.

ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE

Ariane, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est ton premier long métrage, après plusieurs années où tu as mis en scène des courts métrages qui se sont démarqués tant ici qu’à l’étranger. Comment est né le projet?

 

Ariane Louis-Seize — Le désir de faire un long métrage m’habitait déjà à l’époque de mon premier court (La peau sauvage, 2016). Je développais une idée que j’ai finalement laissée de côté, mais cette première expérience d’écriture m’a permis de mieux me connaître comme créatrice. Les courts métrages se sont succédé au rythme d’idées que j’étais impatiente de mettre à l’écran. Ces impulsions créatrices étaient d’une grande force. Puis après cinq courts, l’envie de passer au long est devenue très importante. Spontanément, cette idée de film de vampires m’est venue en tête, se situant au carrefour de multiples inspirations, comme les récits d’apprentissage indépendants et le cinéma d’auteur de genre, qui me touchent profondément. Je pense à des films comme A Girl Walks Home Alone at Night, Only Lovers Left Alive et Under the Skin. Le geste d’écriture est parfois ardu et solitaire. J’avais besoin pour ce projet de m’amuser, d’aller dans quelque chose de plus fou, de généreux et de libre. D’où l’envie d’écrire le scénario avec Christine Doyon, une amie partageant le même humour que moi. La coécriture allait m’encourager à changer mon mode d’écriture, qui est généralement plus instinctif.

 

Il s’agissait donc d’une première pour toi, cette collaboration avec une scénariste? Au-delà de l’amitié qui vous unit, qu’est-ce qui t’attirait dans la façon d’écrire de Christine?

 

J’ai scénarisé mes courts seule, donc oui, c’était ma première collaboration plus aboutie. Il est important de trouver des collaborateurs qui, au lieu de restreindre son imaginaire, vont le nourrir, l’aider à se développer. Une intuition m’habitait quant à Christine, et j’ai eu raison de la suivre, car nous avons eu tellement de plaisir à travailler ensemble! Elle est une excellente dialoguiste et son humour me rejoint. Habituellement, mes films sont habités par des personnages observateurs, j’y travaille des ambiances et une certaine étrangeté. Cette étrangeté, ce côté plus poétique, j’y tenais pour ce film, mais tout en explorant la comédie, en mettant de l’avant des dialogues et des personnages colorés.

 

Comme tu l’as évoqué, Vampire humaniste… mélange le film de vampires, la comédie et le récit d’apprentissage. Comment définirais-tu avant tout ton film?

 

Le point de départ serait le récit d’apprentissage. Ce qui me touche avant tout, c’est la quête identitaire des personnages. Cette période de l’adolescence est riche dans nos vies, c’est celle où l’on teste nos limites et celles des autres, où l’on s’interroge énormément. Après, confronter les genres me plaît. Mes courts métrages n’entrent dans aucune case. Je laisse l’univers du film me guider, je suis mon instinct et si en cours de route je rencontre un élément drôle ou déstabilisant, je suis ce filon de création sans me limiter.

 

Sasha est très près des représentations sombres et romantiques des vampires en littérature et au cinéma. Pourtant, les membres de sa famille, bien que pittoresques, mènent une vie très concrète, voire banale.

 

Ce parallèle m’intéressait. D’imaginer que les vampires ont aussi des problèmes quotidiens, que les femmes doivent gérer une charge mentale importante, que les enfants refusent parfois de quitter le nid familial et restent accrochés à leur confort. Ces dynamiques devaient trouver écho dans le monde des vampires. Je me suis amusée à créer une ambiance mélancolique associée au genre, mais il fallait que les spectateurs puissent se reconnaître dans ces personnages. Sara Montpetit est parfaite dans le rôle de Sasha, c’est à croire que le rôle a été écrit pour elle.

 

Comment l’as-tu choisie?

 

Je n’avais personne en tête lors de l’écriture du film. Lorsqu’est venu le temps de faire des auditions pour le rôle de Sasha, Sara venait de gagner l’Iris de la révélation de l’année au gala Québec Cinéma pour Maria Chapdelaine de Sébastien Pilote. Au-delà de la carrière flamboyante qui l’attend, je sentais avant tout qu’elle possédait quelque chose de vampirique, en ce sens qu’elle peut incarner une jeune fille âgée de 68 ans! Elle possède une profondeur très touchante et c’est au moment où je l’ai vue interagir avec Félix-Antoine Bénard, qui interprète Paul, que j’ai su que j’avais trouvé mes deux rôles principaux. Ils possèdent chacun à leur manière une étrangeté. Ils étaient fascinés par l’autre, ce qui collait avec cette rencontre entre deux êtres marginalisés qui ne se comprennent pas, mais qui partagent les mêmes combats intérieurs.

 

Tu as également choisi des comédiens avec qui tu avais déjà travaillé sur tes courts métrages…

 

J’adore cette étape de la distribution. Même les personnages secondaires devaient avoir quelque chose en plus, une folie. Il est important pour moi d’entretenir sur le long terme des relations avec les comédiens. Les comédiens ont été faciles à convaincre, ils avaient envie d’explorer cet univers peuplé de vampires et j’avais envie de personnages sans demi-mesures. Aussi, au moment d’écrire et de réaliser un film, je pense avant tout aux personnages, ils sont mon point d’ancrage. L’enjeu est de construire les personnages les plus vrais et profonds possible. Quand je relis mon scénario, je le fais à travers les yeux de chaque personnage, à aucun moment je ne laisse leur réaction au hasard. C’est pour cette raison qu’à ma dernière version de scénario je sais exactement comment diriger les acteurs dans toutes les scènes. Cette préparation nous permet d’aller plus loin dans notre exploration. Elle me permet d’être ouverte aux propositions des comédiens. Je communique ma vision à tous les créateurs et collaborateurs artistiques sur le projet, puis je leur fais confiance parce que j’aime leurs goûts et j’admire leur talent. Ensuite, il y a cette volonté de garder le cap sur ma vision, mais sans être rigide, afin que l’œuvre grandisse avec eux.

 

Tu travailles avec le directeur photo Shawn Pavlin depuis ton premier court métrage. Comment avez-vous abordé l’aspect visuel du film?

 

Plusieurs scènes ont dû être tournées la nuit et, dans une certaine mesure, vous deviez jouer avec l’esthétisme du film d’horreur. Shawn et moi avons développé nos styles simultanément. C’est quelqu’un qui est à l’écoute de ma vision et comprend que j’aime créer des mondes envoûtants, qui attirent et enveloppent le spectateur, plutôt que de proposer quelque chose d’hermétique. Nous avons fait beaucoup de recherche visuelle, et écouté beaucoup de films de vampires, non pas pour calquer, mais pour faire de petits clins d’œil. Cette noirceur typique du genre, nous l’avons embrassée, mais en n’oubliant jamais la lumière et les couleurs, qui ont leur rôle narratif. Nous nous sommes beaucoup amusés en travaillant les contrastes. J’ai pensé à l’expressionnisme allemand en visionnant le film, la direction photo, l’éclairage venant parfois représenter les états d’âme de Sasha, la confusion qui l’habite… Oui, le clignotement des lumières autour d’elle est un exemple. Dans ces moments, c’est la vampire en elle qui s’éveille. Le combat intérieur de Sasha est là, dans son grand humanisme qui entre en conflit avec son identité de vampire. À partir du moment où ses dents pointues émergent pour la première fois, des instincts et des pulsions la travaillent. La lumière a permis d’exprimer ce tourment. L’expressionnisme allemand et les films de vampires nous ont certainement inspirés, mais également les films d’ados de la fin des années 90 et du début des années 2000. Nous voulions explorer la texture de l’image et de l’éclairage typiques de ces films. Ces deux influences ont créé notre univers visuel et je considère que ces références amènent un côté nostalgique, qui participe à cette mélancolie qui traverse le film.

 

Cet équilibre entre différents registres se construit en grande partie au montage. Ici, c’est le cinéaste Stéphane Lafleur qui a monté ton film, qui est justement connu pour des œuvres où le rire n’est jamais bien loin d’une sorte de mélancolie. Est-ce que ses sensibilités de créateur vous ont permis de trouver le bon ton?

 

J’aime beaucoup l’univers cinématographique de Stéphane, où l’humour pince-sans rire côtoie la mélancolie. Nous jouons dans les mêmes zones et c’est pour cette raison que j’avais envie de travailler avec lui. Le film a été monté comme il a été écrit, soit de manière très naturelle. À aucun moment, nous n’avons divergé dans nos façons de concevoir le ton du film. Il avait compris le projet dès le départ, dès la lecture. Le montage a commencé avant que le film ne soit terminé, les échos de Stéphane ont donc été précieux pour la suite du tournage. Deux semaines après la fin du tournage, un premier assemblage était déjà complété.

 

Le cinéma de genre au Québec se libère depuis quelques années des marges pour atteindre un public toujours plus grand. Les spectateurs sont aujourd’hui friands de propositions originales, hybrides, qui sortent des sentiers battus. Comment envisages-tu la sortie de ton film?

 

Est-ce que l’on réfléchit, au moment de réaliser son film, à la réception du public? Est-ce que Vampire humaniste… est plus un film de salle ou de festival? Je ne sais pas. J’ai l’ambition qu’il soit présenté dans des festivals à l’international; qu’il puisse parler à des gens de partout dans le monde; qu’il voyage, mais tout en parlant aux Québécois. J’espère que les spectateurs feront l’expérience d’une œuvre que j’aimerais moi-même découvrir et apprécier. Je suis convaincue que le film a le potentiel de rejoindre à la fois les jeunes et les cinéphiles, mais l’avenir seul nous le dira

NOTES DE RÉALISATION

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est né du besoin d’apprivoiser mes propres angoisses et vertiges par rapport à la mort. Jumelé à mon ambition de faire un film de vampire depuis plusieurs années, l’idée d’aborder cette thématique universellement terrifiante par la figure du vampire s’est rapidement imposée. Créature condamnée à tuer pour survivre, le vampire porte la mort en lui. Mais qu’arrive-t-il s’il commence à trop réfléchir à la valeur des vies qu’il arrache en comparaison à la sienne? C’est en se posant cette question à la fois éthique, philosophique et au potentiel tragi-comique qu’est né le personnage de Sasha, une jeune vampire humaniste prête à se laisser mourir pour épargner autrui. La mort est aussi ancrée dans le personnage de Paul, un adolescent aux comportements dépressifs chroniques qui ne trouve pas sa place dans un monde qu’il ne décode pas et qui lui est hostile. Les drames intérieurs de Sasha et de Paul sont certes tragiques, mais je voulais que de leur rencontre émerge de la lumière, de l’espoir. Donc si la première partie du récit aborde leur relation à la mort, le film est aussi une ode à la vie dans laquelle une palette de personnages plus colorés les uns que les autres leur font vivre un tourbillon de péripéties. Dès le début de mon processus de création, je me donne toujours la liberté de puiser instinctivement dans plusieurs genres cinématographiques qui m’habitent et m’inspirent. J’aime m’amuser avec les divers codes et langages, je m’en sers comme de précieux outils narratifs pour déjouer les attentes – les miennes et celle des spectateurs. Cette approche me permet aussi de façonner mon propre univers que je souhaite généreux et décomplexé, en évitant de le restreindre à une seule catégorie. Élaboré dans cette volonté de liberté de forme et de création, l’univers de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant navigue entre le film de genre, le récit initiatique et la comédie noire. J’ai aussi abordé la réalisation du film dans un esprit de continuité de démarche artistique, à travers laquelle je cherche à créer une expérience cinématographique enivrante et toujours centrée sur les personnages. Mon univers visuel est luxuriant, texturé, précis, et ma mise en scène est intimiste. L’ambiance est sulfureuse, les cadrages sont posés et la caméra est économe de mouvements pour que l’élan du geste appartienne le plus souvent à mes protagonistes. Mon intention est que la forme soit mise à leur service, qu’elle les accompagne. Tantôt pour exacerber leur sentiment d’étouffement et leur décalage avec le monde qui les entoure, ou bien encore pour offrir aux spectateurs une fenêtre sur un passé qu’on peut leur deviner. C’est aussi dans cette démarche de proximité avec les personnages que j’ai parsemé mon film de petits moments magiques me permettant de donner un accès privilégié à leur intériorité. Tant à l’étape de l’écriture qu’à celle de la mise en scène, j’ai accordé une attention aussi grande aux silences remplis de non-dits, qu’aux moments de tension, aux dialogues très colorés et aux enchaînements plus dynamiques où se bousculent les rebondissements. L’amalgame de tous ces éléments étaient essentiels à l’ADN de mon film.

LISTE TECHNIQUE

Réalisation : Ariane LOUIS-SEIZE
Scénario : Ariane LOUIS-SEIZE, Christine DOYON
Production : Jeanne-Marie POULAIN, Line SANDER EGEDE
Production associée : Irène BESSONE, Anaelle BEGLET
Image : Shawn PAVLIN
Conception artistique : Ludovic DUFRESNE
Montage : Stéphane LAFLEUR
Prise de son : Thierry BOURGAULT D’AMICO
Conception sonore : Marie-Pierre GRENIER, SimonGERVAIS
Mixage : Luc BOUDRIAS
Musique : Pierre-Philippe CÔT

LISTE ARTISTIQUE

Sara Montpetit
Félix-Antoine Bénard
Steve Laplante
Sophie Cadieux
Noémie O’farrell
Marie Brassard
Madeleine Péloquin
Marc Beaupré
Patrick Hivon
Micheline Bernard
Ariane Castellanos

CE QU'EN DIT LA PRESSE

OUEST FRANCE

Une variation singulière et emballante autour de la découverte de la sexualité à l’adolescence.

 

ECRAN LARGE

En comparant les troubles identitaires de l’adolescence à une vampire qui rejette sa nature, le film d’Ariane Louis-Seize charme par la seule malice de son écriture pince-sans-rire. Mais « Vampire humaniste cherche suicidaire consentant » est aussi le portrait de toute une génération délaissée, joliment esquissée par sa symbolique fantastique, sa douce mélancolie et le brio de ses acteurs.

 

L’HUMANITÉ

Jouant sur cette analogie, Ariane Louis-Seize accouche d’un récit à la densité surprenante, où l’on parle de sexualité (les dents qui ne sortent pas, métaphore d’un désir en décalage), de pression sociale, du mal-être adolescent, du rapport à la mort et de féminisme. Le tout, en une heure et demie qui file au rythme de dialogues endiablés.

 

L’OBS

Ce qui séduit chez Ariane Louis-Seize, c’est la beauté d’une mise en scène qui, entre une photographie nocturne et étrange tout en clair-obscur ou néons envoûtants et un travail élaboré sur le cadre, se fait le reflet des emprises subies par son dissonant duo amoureux.

 

LA VOIX DU NORD

On adore ce film à la fois modeste et délicieux, drôle, tendre et finalement tellement représentatif des affres de l’adolescence. Avec ou sans canines protubérantes.

 

LES FICHES DU CINÉMA

A. Louis-Seize livre un premier long métrage maîtrisé et à l’humour grinçant. Barry Sonnenfeld a trouvé une héritière.

 

LE FIGARO

Drôle et mélancolique, ce film renouvelle le genre.