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Fiction / France

ASSEMBLAGE

Ce soir est la dernière chance pour Alex de changer son destin. Il met en œuvre un plan complexe mais les personnages louches et les rebondissements le mettent en péril.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2024

Sofiene MAMDI

Sofiene MAMDI

Julien ROMANO, Luke STRATTE – MCCLURE, Catalina CUEVAS

1h32 – Couleur – Dolby Digital 5.1

29 mai 2024

ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR

Comment est née l’idée d’ASSEMBLAGE ?

 

L’idée de la prémisse du film m’est venue lors d’un séjour à New York en Novembre 2022. Pendant deux semaines, j’ai parcouru à pied la ville et ses rues de jour comme de nuit. L’énergie de la ville et ma passion pour certains films tournés dans cette ville ont été mes moteurs pour initier l’écriture du film dès mon retour à Paris.

 

Vous montrez des noctambules parisiens ou étrangers dans un bar de nuit. Parlez-nous de vos personnages.

 

Être dans le réel est mon leitmotiv dans mon travail de réalisateur. Certains personnages du film ressemblent à des personnes que j’ai justement connues dans des bars de nuit. Ces lieux permettent la rencontre de divers types de personnes qui ne se fréquenteraient pas dans leur vie de tous les jours. D’ailleurs beaucoup d’entre eux y sortent pour oublier, cacher ou fuir des souvenirs, des pensées, des émotions… Mes personnages ont ce point commun de fuir ou de cacher quelque chose.

 

D’où vient votre personnage principal d’Alex, tenancier de bar douteux, petite frappe ?

 

Alex est inspiré d’un type rare de criminels. Des personnes qui pratiquent ces activités par besoin d’affirmation de soi et vivre en marge de la société par choix. Alex n’avait pas ce besoin pécuniaire pour passer par l’illégalité pour s’en sortir. Il a suivi des études supérieures prestigieuses et était prédestiné à une vie toute tracée pour établir une situation stable et conventionnelle. Lui en a décidé autrement. Il a caché son passé et s’est créé une autre personnalité pour réussir dans ce milieu criminel parisien.

 

On a le sentiment qu’ils ont un vécu mais pourquoi dites-vous d’Alex que c’est sa dernière chance ?

 

Pour ne pas spoiler le film je ne pourrai pas révéler totalement pourquoi c’est sa dernière chance de changer de destin. Au début du film, Alex est arrivé à un point de déséquilibre entier ayant fait face à la vacuité de sa vie. Il est également piégé par ses addictions et ses vices. Pour se sauver, il met en place un plan complexe qui se révèle de manière progressive au cours du film. Il décide de parier, de tout risquer et de faire un dernier coup pour changer de vie. Mais en est-il vraiment capable ?

 

Dans ce climat de polar urbain. Quelles sont vos références ? Quel goût portez-vous au thriller ?

 

Mes références sont diverses et inspirées directement du réel, les lectures ou les visionnages de documentaires parlant du milieu criminel. Également dans mes références se trouvent des films, des séries ou des morceaux de musique ayant su rendre compte de la réalité de ce monde. Mes goûts cinématographiques sont variés mais j’ai une fascination pour les thrillers psychologiques dans lesquels on peut explorer les états mentaux des personnages avec un fil de narration bien tenu.

 

Comment s’est déroulée la phase d’écriture ?  Aviez-vous déjà l’objectif du pari cinématographique accompli ?

 

Dès le début, je me suis lancé dans l’écriture d’un film en un plan séquence unique sans filets. La prémisse était qu’un couple d’américains d’apparence classique se retrouve piégé dans l’underground parisien. D’abord j’ai imaginé le lieu du bar de nuit tenu par des criminels, ce décor est le personnage principal du film qui offre l’opportunité d’influer le tempo de l’histoire. Puis j’ai développé une dizaine de personnages qui vont s’interconnecter à travers le tenancier du bar. Le pari cinématographique était enfin une contrainte libératrice car m’ayant permis de me concentrer sur l’essentiel. Avec du recul je pense que c’est grâce à cela que j’ai finalisé l’écriture de la première version du scénario en moins d’un mois.

 

Comment avez-vous choisi vos acteurs ? Avaient-ils des expériences théâtrales ?

 

Pour les acteurs, il y en avait trois avec qui j’ai déjà travaillé et que je connaissais assez pour leur proposer un rôle qu’il pouvait aisément tenir. Ensuite pour les autres acteurs je les ai choisis en me basant bien sûr, sur leur capacité mais aussi leurs énergies, via un casting ou suite seulement à une rencontre. Mon choix s’est porté sur des bons acteurs capables d’improviser qui devaient avoir des caractéristiques personnels proches des personnages. La majorité des acteurs avaient effectivement des expériences théâtrales. Ce qui a permis de tenir le plan séquence d’1 heure 30 et porter le rythme pour les autres acteurs qui pour certains n’avaient aucune expérience de jeu.

 

Comment ont-ils réagi face à la singularité du dispositif ?

 

Justement… j’ai choisi aussi les acteurs qui n’avaient pas peur du dispositif et qui devaient être excités par l’idée de tourner le film ainsi. C’est jouissif pour eux car ils ne seraient pas coupés au milieu d’une  scène, d’une émotion, d’un texte… Ils peuvent jouer aussi dans l’ordre chronologique de l’histoire et évoluer avec le personnage sur tout le film.

 

Le pari technique du film est rarissime et d’une audace caractérisée. Etiez-vous conscient de la prise de risque et comment s’est déclenché ce parti-pris de mise en scène ?

 

Je voulais créer une expérience immersive pour le spectateur et le plan séquence unique permet cela, car de manière quasi inconsciente on peut oublier que c’est une fiction, et être plongé vers une expérience réaliste. L’immersion était également réalisée via le jeu naturaliste des acteurs et le travail de design sonore du film. Concernant la prise de risque j’en étais conscient dès le début et j’ai tout de même décidé de ne pas avoir de plan B, car je considérais qu’en avoir un, risquait de mettre en péril le plan séquence. Mon travail était de transmettre à chacun ma croyance en la réussite du pari cinématographique. J’ai constitué une équipe de jeunes personnes passionnées et motivées par le challenge. Il était primordial d’accorder une attention méticuleuse à la préparation et à chaque détail technique et artistique.

 

Comment s’est déroulé votre collaboration avec le cadreur / opérateur ?

 

Il s’agit de mon deuxième long métrage avec Adonis, le chef opérateur du film, et on est également des amis proches donc la collaboration est fluide et très constructive. On a énormément préparé le film, pour évaluer les différentes possibilités techniques, pour réussir le plan séquence sans entraver le jeu d’acteurs. Il fallait penser à comment placer la caméra mais aussi les lumières qui devaient être ‘cachés’ dans le décor pour pouvoir tourner à 360° et laisser un maximum de liberté aux acteurs. Il était intégré très tôt aussi dans les répétitions avec les acteurs, le faisant répéter ses mouvements tout en lui laissant une liberté dans le cadrage. Il était important de ne pas tomber dans une chorégraphie mécanique, pour bien suivre et cadrer les acteurs de manière viscérale lors du tournage.

 

Pourriez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

 

J’ai suivi des cours d’acteur à l’atelier international de théâtre – Blanche Salant, qui propose un enseignement basé sur la méthode Stanislavski. Très vite j’ai commencé à jouer dans des films et pendant quatre ans j’étais acteur. Mais petit à petit je commençais à ressentir le besoin d’écrire et de réaliser. Toutes les expériences professionnelles m’ont permis d’avoir aujourd’hui une approche collaborative dans ma direction d’acteurs. Je comprends le processus interne de construction de personnage ou de jeu. Ainsi être capable d’orienter mes acteurs tout en leur laissant une liberté d’interprétation. En 2021 je réalise mon premier long métrage SPIRAL, dans lequel je tenais le rôle principal. Cette expérience m’a convaincu de mon désir profond de m’orienter uniquement vers la réalisation. ASSEMBLAGE est mon deuxième long métrage