Fiction / France

AVANT QUE LES FLAMMES NE S’ÉTEIGNENT

Suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation de police, Malika se lance dans un combat judiciaire afin qu’un procès ait lieu. Mais sa quête de vérité met en péril l’équilibre de sa famille.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2023

Mehdi FIKRI

Mehdi FIKRI

Camélia JORDANA, Sofiane ZERMANI, Sofian KHAMMES

1h34 – Couleur – Dolby Digital 5.1

1er mai 2024

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Mehdi a travaillé comme journaliste pendant plusieurs années au cours desquelles il a réalisé des enquêtes sur les violences policières, les quartiers populaires ou encore les mouvements sociaux… En 2012, il a réalisé un webdocumentaire pour Mediapart intitulé « Chronique d’une (r)évolution manquée », première incursion dans le monde de l’audiovisuel. Il a ensuite travaillé comme scénariste sur plusieurs séries (HIPPOCRATE de Thomas Lilti et MISKINA de Melha Bedia), et a réalisé deux courts-métrages, dont DESCENTE, présenté à la Mostra de Venise en 2021. AVANT QUE LES FLAMMES NE S’ÉTEIGNENT est son premier long-métrage.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Quel est votre parcours ?

 

J’ai 43 ans, je suis issu des quartiers populaires. Je suis né, j’ai grandi et j’habite toujours dans le 93, je suis un enfant de cette banlieue. J’ai été militant politique et j’observe la question des violences policières depuis toujours. AVANT QUE LES FLAMMES NE S’ÉTEIGNENT est mon premier long-métrage, mais j’ai déjà réalisé deux courts et travaillé sur des séries, j’ai notamment coécrit la saison 2 d’HIPPOCRATE. Le cinéma, c’est une deuxième vie pour moi car j’ai d’abord été journaliste pendant dix ans, après une école de journalisme. Pour L’Humanité, j’ai écrit sur les conflits sociaux et les luttes des quartiers populaires. Mon désir de parler de la culture politique telle qu’elle se transmet en banlieue vient aussi de là

 

Pour votre premier film, vous n’avez pas peur de vous attaquer à un sujet pour le moins inflammable ? 

 

J’ai écrit sur ce que je connais. Les films sur les cités sont souvent des tragédies, au sens antique du terme : avec des personnages impuissants qui finissent brisés par un environnement plus fort qu’eux. Avec ce film, j’ai voulu montrer le parcours d’émancipation d’une femme qui prend le contrôle de son environnement. Malika apprend à nommer le drame qui lui arrive, elle en fait quelque chose, et c’est ça la politique. Et pour répondre à votre question, non, je n’avais pas peur. La vraie difficulté était plutôt d’écrire sur une famille nombreuse, où chaque personnage doit avoir sa petite arche narrative.

 

Le film résonne incroyablement avec ce qu’il se passe actuellement en France : la mort de Nahel, le passage à tabac d’Hedi…

 

Les violences policières sont devenues le cœur battant de la vie politique française. Cette question regroupe tout : le déni du malaise post-colonial, la gestion sécuritaire des quartiers, le refus du dialogue social en période de crise économique – et la violence qui découle de tout cela. J’ai voulu en parler mais depuis l’intérieur, depuis l’intimité d’une famille française.

 

Pourtant, votre film est une œuvre de réconciliation.

 

Le film évoque la possibilité d’une construction collective, souffrante, difficile, mais positive. Il raconte l’émergence d’une voix exigeant la justice et suit des personnages qui réparent leur malheur en lui donnant un sens social. En cela, c’est optimiste, oui. Et universel, j’espère.

 

Vous montrez une famille d’origine arabe qui sort des représentations habituelles du cinéma français.

 

Les mondes sociaux sont en réalité poreux. Je voulais montrer au sein d’une famille arabe une personne comme Malika qui a un business, son frère et sa compagne qui sont éduc spé, le jeune frère qui dealait. C’est la réalité de nos familles : des personnes à la rue et d’autres qui s’en sortent mieux. J’avais aussi à cœur de montrer un couple arabe heureux, loin des clichés : Malika est une femme « normale », qui a un mari qui est fou d’elle et un gamin de deux ans et demi.

 

Comment s’est déroulé le tournage ?

 

Nous avons tourné six semaines dans la banlieue de Strasbourg. Le film raconte une bataille et ça a été aussi une bataille de le mener à bien. Pour la scène finale, j’avais besoin d’une centaine de jeunes manifestant dans un tribunal de la République… ça ne s’est pas fait comme ça ! Mais j’ai adoré chaque minute de cette expérience.

 

Comment avez-vous pu réunir ce casting prestigieux?

 

Grâce au scénario. Sur le tournage, tout le monde savait pourquoi il était là. On était tous portés par l’évidence et l’urgence du sujet. Chacun était très motivé, même si le fait de tourner en hiver, à Strasbourg, par des températures négatives, était parfois difficile.

 

La mise en scène est millimétrée, très maîtrisée, il y a même un split screen, plusieurs plans séquences…

 

J’ai l’impression que la représentation de la banlieue et des personnages racisés appelle un certain lyrisme de la mise en scène, quelque chose de flamboyant. J’avais envie de cela en tout cas. Quant au dispositif du plan-séquence, il m’intéressait aussi dans la mesure où il crée une tension entre immersion naturaliste et distanciation stylistique.

 

Lors du générique final, on découvre des images d’actu montrant les luttes contre les violences policières depuis les années 90, avec de nombreuses familles de victimes. 

 

J’ai fait le choix de mettre en scène une famille fictive pour aller au fond des choses et parler des aspects sombres de mes personnages, sans crainte de heurter personne. Mais comme je me suis clairement inspiré de faits réels pour mon scénario, il était extrêmement important de rendre un hommage direct aux familles qui mènent ces combats. Et puis, j’adore les images d’archive ! Spike Lee l’a fait dans BLACKKKLANSMAN ou MALCOLM X. Les archives me bouleversent à chaque fois.

 

Est-ce que le cinéma peut changer les choses ou au moins notre point de vue ?

 

Le cinéma transmet des émotions, des idées, des affects : toute l’expérience d’un rapport donné au monde. En cela, il peut apporter des enseignements puissants. Mais est-ce qu’il peut faire changer les choses ? Je ne sais pas. Je l’espère. Je suis très curieux de voir qui va s’emparer du film, ce que les gens vont en dire.

 

LISTE TECHNIQUE

Image: Romain Carcanade

Son : Cédric Berger

Script : Mehdi Fikri

Producteurs : Michael Gentile, Bastien Daret, Arthur Goisset et Robin Robles

Sociétés de production : Topshot Films et The Films

LISTE ARTISTIQUE

Malika Camélia Jordana

Driss Sofiane Zermani

Adel Sofian Khammes

Nour Sonia Faidi

Estelle Louise Coldefy

Harchi Makita Samba

Mohamed Hammou Graia

Slim Samir Guesmi