Fiction / Islande, Slovaquie, France

LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT

Gunnar, un vieil agriculteur, est exproprié de sa ferme. Il laisse tout derrière lui et part s’installer en ville où il va se lier d’affection avec un livreur de journaux de 10 ans, quelque peu délaissé par ses parents. Cette rencontre bouleversera à jamais leurs vies.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2023

Ninna PÁLMADÓTTIR

Rúnar RÚNARSSON

Þhröstur Leó GUNNARSSON, Hermann SAMÚELSSON, Anna GUNNDÍS GUÐMUNDSDÓTTIR

1h15 – Couleur – Dolby Digital 5.1

3 avril 2024

BIOGRAPHIE DE LA RÉALISATRICE

Originaire d’Islande, Ninna Pálmadóttir est une cinéaste déjà auréolée de nombreux prix. Elle est titulaire d’un master en réalisation et écriture de scénario de la Tisch School of Arts de l’université de New York, décroché en 2019, et d’une licence en études cinématographiques et littéraires de l’université d’Islande. Elle a grandi dans une petite ville au nord de l’île, au milieu d’une nature aussi belle que sauvage qui a façonné son style et sa personnalité artistiques

ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE

LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT est votre premier long métrage : comment le projet est-il arrivé entre vos mains ? Connaissiez-vous le cinéaste Rúnar Rúnarsson, qui a écrit le scénario ?

 

Ça va paraître cliché, mais on était voués à travailler ensemble. À 17 ans, dans ma ville natale du nord de l’Islande, j’ai vu SPARROWS, le court métrage de Rúnar, qui m’a beaucoup émue. J’ai toujours trouvé son travail fantastique. Cette fois, il avait écrit un scénario qu’il voulait confier à un autre réalisateur. Il a vu mon court métrage PAPERBOY et dit à sa productrice Lilja Ósk Snorradóttir que je connaissais : « J’ai trouvé la réalisatrice qu’il faut ! ». J’ai adoré l’histoire. J’y retrouvais l’univers de mes films précédents : c’était comme si on avait condensé deux de mes courts métrages en un seul scénario. PAPERBOY suivait aussi un jeune livreur de journaux ! Le personnage de Rúnar était différent bien sûr mais ses deux protagonistes avaient tous les deux cette empathie et cette curiosité du monde et des gens qui les entourent. Nos histoires partageaient la même sensibilité je crois. D’ailleurs, dans un autre court métrage, ALL DOGS DIE, j’avais mis en scène une personne âgée solitaire à la campagne.

 

Quand vous avez décidé de réaliser le film, comment s’est passée la collaboration entre Rúnar et vous ?

 

On a commencé par discuter du scénario en profondeur. Je voulais comprendre ce qui l’avait poussé à écrire cette histoire et je lui ai expliqué ce qui se trouvait au cœur du film à mes yeux. On s’est mis d’accord sur de petits changements. Rúnar m’a laissée entièrement libre de m’approprier le projet. La veille du début du tournage, il m’a dit : « Je suis là si tu as besoin de moi, mais c’est ton film ». C’était très appréciable et je lui en suis reconnaissante.

 

Le premier film d’un·e cinéaste annonce le type d’histoire qu’il ou elle veut raconter. Pourquoi avoir choisi de filmer celle-ci ?

 

Les relations pures – surtout quand elles ne sont pas interfamiliales – m’ont toujours fascinée. Je les trouve émouvantes et j’avais  exploré ces liens dans mon court métrage PAPERBOY. J’aime la magie du quotidien : je regarde souvent le ballet des passants dans la rue et je note dans un carnet ces instants d’échange et de merveilleuse banalité entre les gens. Le film est un récit d’apprentissage pour les deux protagonistes : Ari, dont les parents sont séparés et qui doit mûrir très vite ; Gunnar, qui repart à zéro, car il doit réapprendre à vivre après avoir quitté la ferme familiale.

 

Comment avez-vous choisi Þröstur Leó Gunnarsson (Gunnar) et Hermann Samúelsson (Ari) ? Comment avez-vous provoqué cette alchimie entre eux ?

 

J’admirais Þröstur depuis toujours et l’avais vu au théâtre quand j’étais jeune. Aujourd’hui, il brille régulièrement dans des premiers rôles. Il fait partie de mes acteurs fétiches et quand j’ai commencé à réfléchir au casting, j’ai pensé : « Lui et moi, il faut qu’on se rencontre. » Deux cafés plus tard, il n’y avait plus aucun doute. Maintenant, j’ai l’impression que l’on se connaît depuis toujours. Pour le personnage d’Ari, on a auditionné beaucoup de jeunes garçons. Il me fallait une présence devant la caméra, quelqu’un qui puisse se fondre dans l’instant présent. C’était ça que je recherchais. Hermann irradiait de vitalité. Pendant les répétitions, je lui disais : « Je veux que tu sois toi-même ». Je n’avais pas envie qu’il se mette à trop réfléchir au personnage, simplement qu’il soit là. Avec Þröstur et Hermann, on s’est beaucoup retrouvé tous les trois pour des goûters où on apprenait à se connaître sans avoir l’impression de « travailler ». Puis sont venues les répétitions et j’ai pris conscience de leur importance pour les acteurs. Chacun y gagnait en profondeur.

 

Gunnar est un homme de peu de paroles : comment vouliez-vous que le public perçoive le personnage ?

 

C’est quelque chose qui s’est décidé au fur et à mesure qu’on explorait son personnage. L’idée n’était pas d’en faire quelqu’un d’une timidité maladive, ou d’idiot. Il respire l’empathie, tout simplement. C’est quelqu’un qui n’a pas une once de méchanceté en lui.

 

D’où vous est venu le langage visuel du film ?

 

Dans mes deux courts-métrages, j’avais essayé des compositions fixes, comme des natures mortes. Cette fois-ci, je voulais que mon long métrage soit plus fluide. Avec mon directeur de la photographie, Dušan [Husár], on a privilégié un style caméra à l’épaule pour rendre la caméra plus agile. Ça donne un contraste intéressant avec le rythme tranquille de l’histoire, je crois que ça le dynamise un peu. Il ne fallait pas que tout devienne déprimant à l’instant où le protagoniste s’installe en ville. On cherchait des couleurs franches, un cadre souple, un jeu sur les sons. C’était un tournage très intuitif

 

La bande-son du film est superbe : que vient-elle ajouter au récit pour vous ?

 

J’ai collaboré avec Pétur Þór Benediktsson, un compositeur islandais qui a travaillé sur tous mes courts-métrages. C’est un artiste de talent dont j’adore la musique. Il y avait plusieurs moments cruciaux que sa musique pouvait rendre particulièrement poignants, mais on ne voulait pas non plus que la bande-son impose un ressenti au public. C’est un équilibre délicat à obtenir, surtout dans un drame. La musique est dépouillée, centrée sur le piano. Je suis moi-même pianiste, comme ma mère, et j’avais le sentiment que Gunnar apprécierait le calme qui se dégage de ces mélodies au piano.

 

Vous avez grandi en Islande et fait vos études à l’université de New York. Quelles sont vos influences en matière de cinéma ? 

 

Je tire mon inspiration d’un peu partout. J’aime particulièrement les films de Lynne Ramsay, Sofia Coppola, Joachim Trier, Chloé Zhao, Jennifer Kent et Mike Mills.

 

En Islande, vous avez fait partie des équipes de tournage de productions à gros budget, comme OBLIVION ou GAME OF THRONES. Ces expériences vous ont-elles aidée pour vos propres films ou les tournages d’Hollywood sont-ils un univers à part ?

 

J’ai commencé à travailler sur les plateaux pendant mes études à l’université, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience avant d’entrer en école de cinéma. Sur ces grosses productions, les assistants travaillent sous pression ; l’avantage, c’est qu’il en faut beaucoup maintenant pour me déstabiliser ! J’ai appris à gérer le stress. Il me semble très bénéfique pour un·e réalisateur·rice d’avoir une certaine connaissance des différents postes de son équipe. Quand on connaît leurs difficultés respectives, on comprend mieux ce qu’on exige des gens. Cela fait de vous un meilleur collaborateur.

 

À l’avenir, avez-vous envie d’écrire vos propres scénarios ou plutôt de mettre à nouveau en scène les histoires de quelqu’un d’autre ?

 

Les deux. Je voudrais écrire et réaliser mon prochain film – je pense être prête grâce à l’expérience acquise sur LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT. Sur ce film, j’ai aimé travailler sur l’histoire de quelqu’un d’autre et y apporter ma touche personnelle. Quand on me demande quels genres m’intéressent, je réponds que c’est avant tout une question d’histoire. Mes films de science-fiction ou d’horreur préférés cachent toujours un sous-texte plus profond. Alors raconter toutes sortes de récits : pourquoi pas ?

LISTE TECHNIQUE

Scénario Rúnar Rúnarsson

Directeur de la photographie Dušan Husár

Son Tihomir Vrbanec

Chef décorateur Gus Ólafsson

Musique Pétur Þór Benediktsson

Montage Ivor Šonje

Costumes Arndís Ey

Maquillage Andrea Štrbová

Effects spéciaux Jón Már Gunnarsson

Directeur de production Einar Orri Pétursson

Casting Vigfús Þormar Gunnarsson

Production Lilja Ósk Snorradóttir

Hlín Jóhannesdóttir

Elli Cassata

Rúnar Rúnarsson

Production associée Snorri Þórisson

Co-production Jakub Viktorín

Sarah Chazelle

Etienne Ollagnier

Production Pegasus Pictures

Halibut

Co-production nutprodukcia

Jour2fête

LISTE ARTISTIQUE

Gunnar Þhröstur Leó Gunnarsson

Ari Hermann Samúelsson

Unnur Anna Gunndís Guðmundsdóttir

Orr Hjörtur Jóhann Jónsson

Entrepreneur Jóel Sæmundsson

CE QU'EN DIT LA PRESSE

LES FICHES DU CINÉMA

La première réalisation de Ninna Pálmadóttir traite de la solitude avec pudeur et distance, conjuguant économie de la forme et universalité du propos.

 

aVoir-aLire.com

Un joli film sans esbroufe.

 

L’OBS

A bas bruit et presque sans aspérités (sauf une, à ne pas dévoiler), ce premier film un peu lent tient de la miniature en peinture. Un portrait d’homme désespérément bon qui repose les yeux.

 

LA VOIX DU NORD

Jolie fable contemporaine où le personnage principal échappe aux archétypes.

 

LE JOURNAL DU DIMANCHE

Une fable empathique sans être naïve, tendre et triste à la fois.