Documentaire / France

UN MUR DANS MA TÊTE

Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome, disait Albert Einstein. Décoloniser les esprits est un préalable pour mettre fin au colonialisme que le gouvernement israélien fait régner dans les territoires occupés de Palestine. Ce documentaire propose d’explorer la complexité du conflit pour mieux comprendre les étapes qui pourraient conduire à un partage équitable et pacifique de cette terre tant convoitée.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2022

Hervé MAGNIN

Hervé MAGNIN

Daniel BAR – TAL, Nurit PELED-ELHANAN, Nada AWAD

1h00 – Couleur – Dolby Digital 5.1

29 mai 2024

NOTE D'INTENTION DU REALISATEUR

La résilience des individus est l’objectif ultime des psychothérapeutes et de leurs patients. Je m’y suis consacré pendant une vingtaine d’années. A ce titre, je m’étais naturellement intéressé aux murs abstraits qui cloisonnent nos pensées, nos regards sur soi et sur le monde.

Lors du tournage d’un film en 2013 Arménie, l’idée de la résilience des peuples s’est imposée telle une lumineuse révélation. En fait, l’idée avait germé quelques jours auparavant au sommet du mont Ararat et je savais déjà au fond de moi qu’après «Arménie,terre de résilience» il y aurait un film qui évoquerait la possible résilience des Juifs des Palestiniens. Ce changement d’échelle imposait une approche plus systémique qui mettrait en lumière les interactions entre la psychologie, la sociologie,la politique,l’histoire mais bien d’autres domaines encore… La psychologie politique était alors une discrète approche du décloisonnement des sciences.

En observant les comportements humains à l’échelle de quelques millénaires,on peut être saisi par l’impression que l’Histoire se répète. D’anciens esclaves noirs persécutés aux États-Unis ont persécuté à leur tour, ont réduit en esclavage les natifs du Liberia. Les juifs persécutés pendant des siècles ont aspiré légitimement à vivre en paix dans un pays où ils ne subiraient aucune discrimination puis, ils ont fondé un État où la discrimination règne envers les natifs de Palestine. Comment comprendre cette inversion de rôle dans les schémas certes un peu simpliste de victime et bourreau ? Notons qu’à l’échelle individuelle, on observe que les enfants abusés par leurs parents ont une plus grande probabilité de devenir des parents abuseurs avec leurs enfants.

En Israël, en Palestine, pas moins qu’ailleurs, psychologie, sociologie, religion sont intimement intriquées. Elles s’imbriquent avec des enjeux culturels, économiques, politiques, environnementaux et d’autres encore… Les échelles individuelles, familiales, claniques, nationales, internationales, régionales, mondiales donnent des perspectives qui ajoutent davantage encore de complexité au conflit israélo-palestinien dont on pourrait être tenté de croire qu’il n’aura pas fin.

Ce film propose d’y voir plus clair dans cet enchevêtrement complexe. Il est basé sur le fait que la connaissance,la compréhension sont des préalables à la résolution des conflits. Il a été tourné en 2018. D’un côté du mur, la colère des 70 ans de la Nakba. A quelques mètres à peine,de l’autre côté du mur,on fêtait dans la joie le 70ème anniversaire de la création d’un État. Au même moment, l’administration Trump mettait de l’huile sur le feu en installant une ambassade US à Jérusalem en dépit des lois internationales. Dans le même temps, la marche du retour faisait 195 morts à Gaza. L’épuration ethnique pouvait sembler discrète aux ignorants. 55 ans plus tard,il est troublant de constater à quel point les intervenants de ce film ont tenu des propos prémonitoires. En 5 Ans,pas plus qu’en 75 ans,le projet colonialiste n’a jamais été entravé. Au contraire,il n’a jamais cessé de se propager sous le regard complaisant des grandes puissances.

Face aux propagandes, sur un fil étroit, ce film relève encore le défi de la lucidité. Il repose principalement sur les témoignages d’Israéliens et de Palestiniens qui œuvrent pour une paix juste et durable.