Documentaire / Brésil, France

MARIN DES MONTAGNES

Accompagné du souvenir de sa mère décédée et de sa caméra, le réalisateur Karim Aïnouz entreprend un voyage intime dans le pays natal de son père, l’Algérie, pour la première fois. Un journal filmé qui explore les thèmes de la famille, de l’amour et de la révolution, un récit à la fois personnel et politique.

ANNÉE
RÉALISATION
SCENARIO
AVEC
FICHE TECHNIQUE
DATE DE SORTIE

2021

Karim AÏNOUZ

Karim AÏNOUZ

Karim AÏNOUZ

1h35 – Couleur – Dolby Digital 5.1

17 avril 2024

BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Né en 1966 à Fortaleza, Karim Aïnouz étudie l’architecture à Brasília et le cinéma à l’Université de New York. Son premier long-métrage Madame Satã (2002) est sélectionné au Festival de Cannes à Un Certain Regard et reçoit de multiples récompenses à travers le monde. Le Ciel de Suely (2006) ainsi que Je voyage parce que je dois le faire, je reviens parce que je t’aime, co-réalisé avec Marcelo Gomes (2009), sont invités à la section Orizzonti du Festival de Venise et remportent des prix internationaux. La falaise argentée (2011) est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Son long-métrage, Praia do Futuro (2014), est sélectionné en compétition officielle à la Berlinale en 2014 ainsi que son court métrage Cathedrals of Culture réalisé en partenariat avec Wim Wenders. En 2019, Karim Aïnouz reçoit à Cannes le Prix Un Certain Regard pour son long-métrage La vie invisible d’Euridice Gusmão. Il présente à Berlin en section Panorama Nardjes A en 2020. Son film Le Jeu de la reine est sélectionné en compétition officielle à Cannes en 2023. Ses installations artistiques sont exposées dans différentes manifestations comme la Biennale du Whitney Museum of American Art (1997), la Biennale d’Art de São Paulo (2004) et la Biennale de Sharjah (2011).

NOTES DU RÉALISATEUR

Durant plus de 50 ans, j’ai vécu dans une entre deux, dans l’interstice, oscillant entre un sentiment indéterminé d’appartenance et de non-appartenance. Brésilien de naissance et de lignée maternelle, algérien par mon nom et par les circonstances de la vie, j’ai toujours vécu dans une zone entre ces cultures, ni ici ni là, mais en quelque sorte partout. Marin des montagnes est un carnet de voyage épistolaire dans un pays où mon père est né, mais que je n’ai jamais vu. C’est aussi une lettre d’amour à ma mère, qui m’a élevé seule, abandonnée par l’homme dont elle était tombée amoureuse avant ma naissance, sans jamais faire elle même le voyage dont nous avons parlé tant de fois. Bien qu’elle ne soit plus là, j’ai fait ce voyage et ce film pour elle, pour moi et pour vous. La forme du film est essayiste et intuitive, créant un espace pour les pensées et les observations du public. Il tire parti de la spontanéité et de l’imprévisibilité qu’offre le documentaire, ne suivant aucun itinéraire précis, sans carte ni plan, laissant le même destin que celui qui a tiré ma caméra vers lui, d’un côté et de l’autre. En même temps, ce film jette un pont entre de multiples cultures, qui font toutes partie de moi et qui, dans une certaine mesure, me sont également étrangères. Il tend la main vers l’extérieur tout en regardant vers l’intérieur, établissant des liens qui existent depuis longtemps, même s’ils ont été longtemps occultés. À ce moment de l’histoire, où les frontières sont violemment fermées et les allégeances oubliées, j’espère que ce film nous permettra d’établir des liens et de réaliser que, par dessein ou par hasard, nous sommes tous inévitablement liés. Ma motivation est une enquête personnelle et poétique qui part d’une histoire d’amour et s’élève jusqu’aux destins entrelacés de deux sociétés – algérienne et brésilienne – qui ont un jour tenu des promesses utopiques de souveraineté, de progrès, de richesse, et qui ont finalement toutes deux trahi ces chères promesses en l’espace de quelques décennies – littéralement en l’espace de ma vie.

 

Le Brésil et l’Algérie n’ont pas des destins parallèles, mais leurs histoires récentes, qui mènent au moment présent, ont des motifs en résonance. Ces deux pays ont été et sont encore, de manière très similaire, des laboratoires de l’amour, de la révolution et de l’échec. Alger était autrefois connue comme la Mecque de la révolution et l’Algérie était une lueur d’espoir dans les luttes anticoloniales, tandis que les efforts anticoloniaux brésiliens sont légendaires et que les événements plus récents d’une prise de pouvoir par la droite après une période d’espoir résonnent profondément non seulement en Algérie, avec ses propres déceptions désastreuses, mais aussi dans le monde entier. Je crois que ce journal intime peut nous aider à rêver à nouveau – ici et là-bas, ou n’importe où – d’un avenir : de rage, de joie, de liberté et de justice sociale. D’autant plus que dans le contexte actuel, avec la menace grandissante que fait peser sur demain l’expansion des mouvements d’extrême droite sur la scène politique mondiale, nous avons besoin de films qui suivent un chemin différent, moins prévisible, qui nous montrent une alternative aux circonstances désastreuses d’aujourd’hui. Pour Marin des Montagnes, j’ai voulu prendre les risques que la maturité et l’expérience m’autorisent – avant tout un risque artistique en me distançant de ce que je connais, en ouvrant le projet à l’inattendu, en laissant le hasard, qui est après tout mon droit de naissance, m’amener à découvrir des choses que je n’aurais pas pu savoir au début de mon voyage. Ce film nous invite à tendre la main, à croire en l’inattendu, à nous souvenir d’avoir l’espoir et la foi en nos compatriotes qui vivent sur la planète. Peu importe la distance ou la différence que nous pensons avoir, nous sommes tous, en fait, intimement liés.

 

LISTE TECHNIQUE

Assistante réalisation Viviane LETAYF

Image Juan SARMIENTO G.ADFC, BVK, Karim AÏNOUZ

Montage Ricardo SARAIVA

Étalonnage Dirk MEIER BVK, CSI

Musique originale Benedikt SCHIEFER

Mixage son  Björn WIESE, Laure ARTO

Producteurs Walter SALLES, João MOREIRA SALLES, Maria CARLOTA BRUNO, Marie-Pierre MACIA, Claire GADÉA, Jihan EL-TAHRI, Jennifer SABBAH-IMMAGINE

Producteurs associés Caio GULLANE, Fabiano GULLANE, Christopher ZITTERBART, Karim AÏNOUZ

CE QU'EN DIT LA PRESSE

CRITIKAT.COM

Le documentaire, d’abord ancré dans une trajectoire très intime, élargit sa portée et nous renvoie à une conception presque primitive du cinéma comme pouvoir absolu des images, capable non seulement d’enregistrer des souvenirs, mais aussi de transporter des corps, des histoires et même un pays tout entier aux quatre coins du monde.

 

LA SEPTIÈME OBSESSION

MARIN DES MONTAGNES est d’abord un beau film d’initiation à la première personne, celui d’un cinéaste, d’un fils et d’un étranger, tentant de revenir aux origines, d’écouter et de regarder l’inconnu, de l’effleurer, à défaut de le comprendre.

 

LES FICHES DU CINÉMA

Mêlant voyages intérieur et géographique, Karim Aïnouz s’immerge dans son passé familial en Algérie, terre natale d’un père qu’il n’a jamais connu. Ce récit autofictionnel, remarquablement construit, se métamorphose en un mélodrame bouleversant.

 

LES INROCKUPTIBLES

Dans ce journal de bord attachant, fragile, Karim Aïnouz entrelace librement une évocation originale de l’Algérie et une lettre d’amour à sa mère.

 

OUEST FRANCE

Puissant et bouleversant.

 

PREMIÈRE

Une œuvre puissamment élégiaque et romanesque, sur laquelle plane à chaque instant l’ombre aimante et aimée de sa mère disparue. Un bijou.

 

TÉLÉRAMA

La peur d’être happé et retenu dans les hauteurs brumeuses de Kabylie, Karim Aïnouz, « marin des montagnes », l’a ressentie. Ce qui donne encore plus de poids à cette autofiction mélancolique et lumineuse.